La levée partielle de l’interdiction du boeuf laisse encore les travailleurs en mauvaise posture

Publié: 15 août 2003

Toronto (Ontario), 13 août 2003 – La décision prise par les Etats-Unis et le Mexique de lever partiellement l’interdiction du boeuf canadien pourrait prendre des semaines pour se traduire en rappels au travail pour des milliers de travailleurs et de travailleuses de conserverie mis à pied au Canada.

« La levée partielle de l’interdiction n’est que la première étape, de dire Michael Fraser, directeur national des TUAC Canada. Le syndicat représente plus de 14 000 travailleurs et travailleuses dans le secteur des salaisons et du conditionnement des viandes du Canada. Des enquêtes exhaustives sur l’incident ont révélé que notre boeuf est sans danger, les Etats-Unis et le Mexique devraient donc passer à la prochaine étape et lever complètement l’embargo, » une position appuyée à l’unanimité par le Comité exécutif international des TUAC la semaine dernière à San Francisco.

Tant que l’interdiction n’est pas entièrement levée, les expéditions destinées à l’exportation seraient limitées au boeuf désossé à faible risque venant de troupeaux de moins de 30 mois. Les expéditions ne reprendront vraisemblablement pas avant la fin du mois d’août. « Là encore, ce sera pas tout à fait comme d’habitude », commente Albert Johnson, président du Local 1118 des TUAC Canada. Cette section locale représente 1 600 travailleurs et travailleuses chez Cargill Foods à High River, la plus grande conserverie de boeuf de l’Alberta.

« Le département de l’Agriculture des Etats-Unis doit encore procéder au traitement des demandes d’exportation, de dire Johnson. Le gouvernement fédéral doit donc maintenir la pression. Entre-temps, nous avons 400 travailleurs et travailleuses qui attendent pour voir s’ils peuvent retourner au travail. »

« Le gouvernement fédéral, explique Michael Fraser, doit aussi reconnaître que pour chaque grand éleveur de bovins ou exploitant de parc de fourrage qui a été victime, il y a 10 travailleurs ou travailleuses qui ne pourront jamais recouvrer l’argent qu’ils ont perdu en raison de l’inaction du gouvernement. »

Des milliers de travailleurs et de travailleuses membres des TUAC à travers le Canada ont été mis à pied à la suite de l’interdiction initiale des exportations du boeuf canadien imposée le 20 mai dernier. Alors que l’interdiction a créé une réelle urgence dans l’industrie, le gouvernement fédéral a refusé de supprimer la période d’attente de deux semaines exigée pour l’obtention des prestations d’assurance-emploi, comme il l’a fait pour les travailleurs et travailleuses mis en quarantaine en raison de la flambée du SRAS.

« Et ce n’est pas seulement les pertes de salaires temporaires, de dire Fraser. Qu’arrivera-t-il si la demande de boeuf canadien n’est jamais totalement rétablie? Certains travailleurs se retrouveraient sans emploi définitivement. Même dans le cas d’une reprise partielle des exportations, les gouvernements fédéral et provinciaux doivent se tenir prêts à investir dans la formation et à créer des programmes pour ces travailleurs et travailleuses. Les bovins pourront peut-être traverser la frontière bientôt et rapporter des dollars, mais pas nos travailleurs et travailleuses. »

Site(s) extérieur(s) cité(s) dans cet article :

Travailleurs unis de l’alimentation et du commerce (TUAC)
http://www.tuac-canada.ca/fr/

United States Department of Agriculture (USDA)
http://www.usda.gov/

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