Après le boum des exportations de viande de porc dans les dernières années, la tendance devrait se renverser et afficher un recul en 2023, rapportent les analystes du MAPAQ.
Yvon Boudreau, de la Direction des études et des perspectives économiques, arrive à ce constat à la suite d’estimations publiées par le gouvernement américain quant à la production porcine chinoise. La Chine, qui est le plus important producteur, consommateur et importateur de porc, a connu une grave crise qui a décimé son cheptel porcin, affecté par la peste porcine africaine. La production chinoise a chuté de 33% entre 2018 et 2020. Le pays a en réaction importé d’importantes quantités de viande porcine pour approvisionner son marché.
Les estimations publiées par le département américain de l’Agriculture (USDA) indiquent toutefois que les importations mondiales de viande porcine se seraient grandement résorbé l’an dernier et s’éloignent des sommets atteints à la fin de la dernière décennie.
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Selon l’USDA, le volume des importations chinoises s’établirait à 2,1 millions tonnes en 2023, tout comme l’an dernier. Ce serait 60 % de moins que le sommet enregistré en 2020.
Les prévisions américaines tablent sur une baisse des exportations canadiennes de 6 % en 2023, le même pourcentage qu’en 2022. Le recul est moins accentué que les diminutions prévues aux États-Unis et dans l’Union européenne, mais constitue une deuxième année de suite de baisse des exportations.
Si la tendance s’avère, elle pourrait avoir d’importantes répercussions sur le secteur porcin au Québec, surtout que toute la filière est secouée par une crise liée aux problèmes d’Olymel. La viande porcine est le produit alimentaire le plus important du point de vue des exportations. Les ventes se situent à 1,9 milliard de dollars en 2021, soit 18 % des exportations bioalimentaires internationales du Québec, rapporte le document du MAPAQ.
Le rapport indique que d’autres facteurs sont toutefois à prendre en considération, par exemple, le fait que des marchés se sont développés dans les dernières années, comme les Philippines, la Corée du Sud et le Mexique. La consommation de bœuf s’est également accrue de 28 %, de 2018 à 2021 en Chine, selon l’USDA. La Chine compte désormais pour le tiers des importations mondiales de viande bovine depuis 2021, comparativement à moins de 2 % il y a une dizaine d’années.
Des facteurs économiques pourraient bouleverser le marché en 2023, comme une récession mondiale ou une croissance économique ralentie en Chine. La hausse des coûts de production pourrait mener à une décroissance des cheptels dans les pays exportateurs. Il ne faut pas non plus écarter le spectre d’une nouvelle épidémie, telle que la peste porcine africaine, au sein de ces pays.