Ottawa (Ontario), 5 décembre 2002 – Les agriculteurs canadiens de l’Ouest ont connu l’une des pires saisons de production depuis 25 ans. Pour certains agriculteurs en Alberta et en Saskatchewan, la situation a été pire que dans les années 1930. Les intempéries, les maladies et les insectes ont réduit les rendements et diminué la qualité pour les producteurs qui ont eu la chance d’avoir quelque chose à récolter.
La production de céréales a beaucoup régressé par rapport à 2001, et ce, pour une troisième année consécutive. La production des six grandes cultures de l’Ouest du Canada a diminué de 44 % par rapport à 1999, de 41 % par rapport à 2000 et de 25 % par rapport à 2001. La production des grandes cultures spécialisées (lentilles, pois de grande culture, graines de moutarde, graines de l’alpiste des Canaries et graines de tournesol) a diminué de 39 % comparativement à 1999, de 49 % comparativement à 2000 et de 25 % comparativement à 2001.
À lire aussi

Le monde agricole déçu des engagements du gouvernement Legault
Les promesses agroenvironnementales et la tarification carbone ne sont pas à la hauteur des attentes de l’UPA et des Producteurs de grains du Québec. Entrevue.
En Alberta et en Saskatchewan, le sol est resté sec depuis l’automne 2001. Les régions du sud ont subi en 2001 une sécheresse qui a été atténuée par des pluies localisées durant le printemps 2002. Les zones habituellement productives du centre et du nord de l’Alberta et de la Saskatchewan ont commencé la saison avec des températures froides et avec peu de réserves d’humidité dans le sol. Il n’a presque pas plu pendant la saison de végétation et la température a été au-dessus de la normale. Les sauterelles ont envahi toutes les Prairies. Beaucoup de producteurs qui ont obtenu de maigres récoltes ont dit qu’ils ont utilisé leurs grandes cultures pour le pâturage, qu’ils ont moissonné les champs pour avoir du fourrage vert et de l’ensilage, ou qu’ils ont tout simplement abandonné leurs champs.
Estimation de novembre de la production | |||
---|---|---|---|
Culture | 2001 | 2002 | 2001 à 2002 |
en milliers de tonnes | |||
Total du blé | |||
Blé de printemps | |||
Orge | |||
Maïs-grain | |||
Canola | |||
Blé dur | |||
Avoine | |||
Pois de grande culture | |||
Soya | |||
Lin |
À la fin d’août et en septembre, la région des Prairies a été touchée par le gel et ensuite, par des précipitations plus importantes que la normale, qui ont diminué la qualité de la culture et retardé la récolte. À la fin d’octobre, il a neigé dans la plus grande partie des Prairies. Des agriculteurs ont dit qu’ils se demandent s’ils pourront récolter le reste de leurs cultures cette année ou s’ils devront attendre au printemps.
Au Manitoba, les conditions ont été semblables à celles observées en Alberta et en Saskatchewan, mais la saison a commencé avec de meilleures réserves d’humidité dans le sol, de sorte que les rendements ont été meilleurs. Dans l’ensemble, toutefois, l’année a été en deçà de la moyenne pour les producteurs de cette province.
Dans l’Est du Canada, par ailleurs, la saison de végétation a été normale, les précipitations étant suffisantes et les rendements, moyens. Les conditions d’humidité au printemps ont été bonnes, mais le temps chaud et sec pendant l’été a diminué quelque peu le rendement dans le secteur du sud-ouest de l’Ontario.
Note aux lecteurs
L’Enquête sur les cultures de novembre a été effectuée auprès de 33 400 exploitants agricoles au moyen d’interviews téléphoniques menées du 28 octobre au 19 novembre. On a demandé aux agriculteurs de faire état de leurs superficies ensemencées, de leurs superficies récoltées et de leurs rendements des principales céréales, des cultures spécialisées et des graines oléagineuses.
Étant donné la faible production dans l’Ouest du Canada en 2001 et en 2002, le coût des céréales a augmenté, ce qui se répercutera éventuellement sur le prix des aliments pour les consommateurs. L’industrie du bétail a été durement touchée et la pénurie causée par la faible production de céréales et de fourrage a forcé les utilisateurs à importer du maïs des États-Unis. De la quantité record de 3,9 millions de tonnes de maïs importées en 2001-2002, environ 2,0 millions de tonnes ont été expédiées dans l’Ouest du Canada. Les importations de maïs devraient encore s’accroître en 2002-2003.
Pour la première fois, en raison du prix intérieur élevé, le Canada a pu importer en Ontario du blé fourrager de l’Est de l’Europe. Le prix élevé du blé a aussi fait croître le prix de la farine pour l’industrie de la boulangerie au Canada, et cette augmentation se fera sentir auprès des consommateurs. La rareté d’autres cultures, comme l’orge de brasserie, l’avoine de mouture et la moutarde, feront augmenter le coût des aliments industriels.
Par ailleurs, Agriculture et Agroalimentaire Canada a entrepris la restructuration de son programme qui prévoyait des secours aux sinistrés et des paiements de soutien aux producteurs. Des précipitations sont tombées dans l’Ouest du Canada cet automne et, avec les averses de neige récentes, les réserves d’humidité du sol ont pu en partie se reconstituer. Les récoltes pourraient donc être meilleures l’an prochain.
La production de blé de printemps s’affaisse
La production de blé de printemps dans l’Ouest du Canada a fléchi pour se situer à 10,0 millions de tonnes, contre 15,7 millions de tonnes en 2001, et elle est bien en deçà de la moyenne décennale de 19,8 millions de tonnes. Étant donné la sécheresse pendant la saison de végétation et l’automne hâtif, les rendements ont été faibles, beaucoup de champs ont été abandonnés et de grandes superficies n’ont pas été récoltées. Les fermiers de l’Ouest du Canada ont ensemencé 18,8 millions d’acres, mais n’en ont récolté que 78 % ou 14,6 millions. En moyenne, environ 98 % de la superficie ensemencée dans l’Ouest du Canada est récoltée.
Les rendements du blé de printemps dans l’Ouest du Canada ont reculé à 25,1 boisseaux à l’acre, contre 29,0 boisseaux à l’acre en 2001, et bien en deçà du rendement décennal de 33,0 boisseaux à l’acre. Les rendements en Saskatchewan ont été particulièrement faibles, ayant atteint 20,1 boisseaux à l’acre, comparativement à la moyenne décennale de 30,1 boisseaux à l’acre.
La production de canola s’épuise
La production de canola a reculé pour se fixer à 3,6 millions de tonnes, contre 4,9 millions en 2001, et en deça de la moyenne décennale de 6,3 millions de tonnes. Au printemps 2002, les producteurs ont ensemencé une moins grande superficie de canola que prévue, en raison de la demande du marché, du temps froid et de la sécheresse du sol. Plus tard dans la saison, le temps chaud et sec, surtout en Saskatchewan et en Alberta, a forcé les agriculteurs à abandonner une quantité inégalée de terres en culture. Seulement 73 % des cultures ensemencées ont été récoltées. Or, la moyenne décennale de superficies récoltées par rapport aux superficies ensemencées est de 98 %. Malgré les faibles rendements de 20,6 boisseaux à l’acre en Alberta et de 18,5 boisseaux à l’acre en Saskatchewan, les rendements au-dessus de la moyenne de 28,8 boisseaux à l’acre au Manitoba n’ont finalement entraîné qu’une baisse modeste du rendement au Canada, soit 22,3 boisseaux à l’acre, la moyenne décennale étant de 24,4 boisseaux à l’acre.
Les réserves d’orge sont encore limitées
Malgré l’augmentation de 10 % de la superficie ensemencée d’orge par rapport à 2001, la superficie récoltée s’est repliée de 21 % en raison de la sécheresse et de l’automne hâtif. Les rendements de l’orge ont été d’aussi peu que 41,4 boisseaux à l’acre, contre 48,6 boisseaux à l’acre en 2001. La production de 7,3 millions de tonnes d’orge a fléchi de 43 % par rapport à la moyenne décennale de 12,8 millions de tonnes.
La production d’avoine est décevante
La production d’avoine a augmenté de 2 % pour atteindre 2,8 millions de tonnes. Bien que la superficie ensemencée ait crû de 26 % pour atteindre 5,9 millions d’acres, seulement 3,2 millions d’acres ont été récoltées. En raison du temps sec, de l’invasion des sauterelles et de l’automne hâtif, les champs ont été abandonnés ou ont été moissonnés pour produire du fourrage vert, et ce, dans une proportion de 46 %. Les rendements ont baissé pour une deuxième année consécutive, passant de 68,5 boisseaux à l’acre en 2000 à 57,0 boisseaux à l’acre en 2001 et à 55,6 boisseaux à l’acre en 2002.
La production de blé dur s’est accrue
La production de blé dur a représenté la seule note positive au cours de cette année sombre. Le blé dur est cultivé surtout dans le secteur sud des Prairies où, après une intense sécheresse en 2001, des pluies printanières sont tombées en 2002. La production a ainsi augmenté, bien que les rendements aient encore été en deçà de la normale.
Les superficies ensemencées ont atteint 6,2 millions d’acres, en hausse de 15 % par rapport à 2001. Beaucoup moins de champs servant à la culture du blé dur ont été abandonnés comparativement à d’autres cultures, et les producteurs ont été en mesure de moissonner 5,4 millions d’acres, en hausse de 7 % par rapport à 2001. Le rendement du blé dur a été de 25,3 boisseaux à l’acre, contre 21,8 boisseaux à l’acre en 2001, la moyenne décennale étant de 31,4 boisseaux à l’acre. La production de blé dur a atteint 3,7 millions de tonnes, en hausse de 24 % par rapport à 2001.
La production de pois de grande culture recule de façon marquée
Les agriculteurs ont ensemencé 3,2 millions d’acres de pois de grande culture en 2002. Il s’agit de la deuxième plus importante superficie jamais ensemencée. Étant donné le mauvais temps, seulement 2,6 millions d’acres ont été récoltées. Le rendement à l’acre a baissé pour se fixer à 19,3 boisseaux, contre un sommet de 40,1 boisseaux en 1999, la moyenne quinquennale se situant à 32,3 boisseaux.
La production est estimée à 1,4 million de tonnes, contre 2,0 millions de tonnes en 2001 et 2,9 millions de tonnes en 2000.
La production de pois chiches diminue des deux tiers
Comme il y a eu moins d’ensemencement et que plus de champs ont été abandonnés, la production de pois chiches a diminué de 66 % comparativement à 2001. Les superficies ensemencées sont passées de 1,2 million d’acres en 2001 à 545 000 acres en 2002. Les superficies récoltées ont chuté de 1,2 million d’acres à 380 000 acres. Les rendements ont augmenté légèrement pour se fixer à 908 livres à l’acre, mais ils ont été bien en deçà de la moyenne quinquennale de 1 157 livres à l’acre.
La production de maïs-grain s’accroît
Dans l’Est du Canada, les conditions ont été bien meilleures qu’en 2001. La production canadienne de maïs-grain a augmenté de 8 % pour atteindre 9,1 millions de tonnes, en raison de l’amélioration des rendements. Les rendements sont passés à 112,1 boisseaux à l’acre, contre 105,4 boisseaux à l’acre en 2001. La superficie ensemencée a été la même, soit 3,2 millions d’acres.
C’est en Ontario que les rendements du maïs se sont le plus améliorés, étant passés à 113,1 boisseaux à l’acre, soit 10,0 boisseaux à l’acre de plus qu’en 2001. Les rendements au Québec se sont également améliorés pour atteindre 113,5 boisseaux à l’acre, soit 2,9 boisseaux à l’acre de plus qu’en 2001.
En Ontario, la production de maïs-grain génétiquement modifié s’est située à 1,8 million de tonnes, en hausse par rapport aux 1, 5 million de tonnes obtenues en 2001. Les rendements du maïs-grain génétiquement modifié ont atteint 117,9 boisseaux à l’acre, contre 108,9 boisseaux à l’acre en 2001. Au Québec, la production de maïs-grain génétiquement modifié est passée de 0,9 million de tonnes en 2001 à 1,1 million de tonnes en 2002. Les rendements du maïs-grain génétiquement modifié ont crû de 9,8 boisseaux à l’acre par rapport à 2001 pour atteindre 120,4 boisseaux à l’acre en 2002.
La production de soya augmente
Les rendements du soya ont rebondi à 33,9 boisseaux à l’acre comparativement au rendement décevant de 22,7 boisseaux à l’acre enregistré en 2001. Il s’agit d’une très importante amélioration, mais les rendements ont quand même été bien en deçà de la moyenne décennale de 37,5 boisseaux à l’acre. La production globale a bondi pour se fixer à 2,3 millions de tonnes, comparativement à 1,6 million en 2001.
C’est en Ontario, encore une fois, que l’amélioration a été la plus marquée, puisque les rendements sont passés à 33,9 boisseaux à l’acre, contre 21,1 boisseaux à l’acre en 2001. Les rendements au Québec ont augmenté à 35,4 boisseaux à l’acre, contre 32,2 boisseaux à l’acre en 2001.
Les agriculteurs de l’Ontario ont plus que doublé leur production de soya génétiquement modifié, la récolte ayant atteint 658 000 tonnes, comparativement aux 299 000 tonnes obtenues en 2001. Les rendements du soya génétiquement modifié ont également augmenté pour atteindre 34,5 boisseaux à l’acre, en hausse de 12,7 boisseaux à l’acre par rapport à 2001. Les agriculteurs du Québec ont réussi à récolter 93 000 tonnes de soya génétiquement modifié, soit 3 % de plus qu’en 2001. Les rendements du soya génétiquement modifié sont demeurés presque au même niveau qu’en 2001, soit 35,4 boisseaux à l’acre.
La production de soya au Manitoba a atteint un sommet de 109 000 tonnes, soit trois fois plus qu’en 2001. La superficie est passée de 50 000 acres en 2001 à 130 000 acres en 2002. Les rendements se sont également améliorés, passant de 27,0 boisseaux à l’acre en 2001 à 30,8 boisseaux à l’acre en 2002.
Site(s) extérieur(s) cité(s) dans cet article :
Statistiques Canada
http://www.statcan.ca/