Le biologique : un potentiel énorme

Publié: 3 décembre 2010

Publié dans Le Bulletin des agriculteurs de septembre 2010

« Il y a tellement de mythes à propos du bio : il faut six ou sept ans pour certifier une terre, par exemple. Faux ! C’est trois ans sans intrants interdits. » — France Gravel, présidente de la Filière biologique du Québec et directrice d’Ecocert Canada
par Lionel Levac

Le ministre Claude Béchard rendait public récemment un Plan d’action pour le secteur biologique visant à le stimuler. La demande est là, mais elle croît beaucoup plus vite que la production.

À lire aussi

Le biologique : un potentiel énorme

Prix des grains : sommets de 2022, l’histoire se répétera-t-elle?

Vendre ou attendre d’autres sommets? Plusieurs personnes se pose la question présentement. Il y a matière à réflexion surtout que j’ai reçu une alerte d’un courtier américain disant que les astres étaient moins bien alignés pour le marché du maïs.

Pour l’instant, le Québec compte 1200 entreprises certifiées biologiques surtout dans les secteurs acéricole et laitier. Présentement, la croissance la plus marquée est dans le secteur des grains. Les secteurs bovin, maraîcher et apicole comptent aussi quelques centaines d’entreprises bio. La présidente de la Filière biologique du Québec et directrice d’Ecocert Canada, France Gravel, a répondu aux questions du Bulletin des agriculteurs.

Êtes-vous satisfaite du Plan d’action pour le secteur biologique ?
— C’est une belle étape. On est content. La Filière a été impliquée dans l’identification des besoins et l’élaboration du plan. Nous mettons maintenant tout en oeuvre pour qu’il n’en reste pas un simple bout de papier. Dès maintenant, nous nous lançons dans la concertation pour en tirer le maximum de résultats et montrer au MAPAQ que cela valait la peine de nous soutenir.

Ce que vous souhaitez le plus ?

— L’augmentation de l’offre bio, autant dans la production que dans la transformation, d’au moins 20 % sur trois ans, au plus cinq ans. On sait que la demande augmente chaque année de 20 %, mais la production ne suit pas du tout le même rythme. On a deux choses à faire en parallèle : intéresser plus d’entreprises au bio et mieux informer les consommateurs qui, du coup, encourageront les producteurs en achetant le bio local. Il y a du bio qui devra toujours venir de l’extérieur, mais il y a tellement de place pour les productions locales.

Et la future Politique agroalimentaire du Québec doit appuyer encore davantage le bio ?
— Oui. On souhaite la reconnaissance de l’aspect environnemental du bio. On sait que dans certains pays les productions bio font l’objet d’un soutien particulier du fait qu’elles apportent une contribution particulière à la protection de l’environnement. C’est une avenue.

On confirmera bientôt une norme Bio-Canada. Le Québec a négocié ferme à ce sujet ?

— On a beaucoup négocié. Je pense qu’on a gagné beaucoup aussi grâce à l’expertise que nous avions au Québec, avec un système de certification en place depuis dix ans. Et notre norme est véritablement rodée depuis cinq ans. Lorsqu’on trouvait que la norme canadienne proposée n’allait pas assez loin, on argumentait beaucoup et, dans la majorité des cas, on réussissait à convaincre nos collègues d’aller dans la direction souhaitée. Toutes les provinces ont travaillé fort, mais le Québec a beaucoup contribué à la norme canadienne. La certification bio du Québec n’est pas diluée ? — Non, pas du tout !

Bio-Canada devrait être pleinement en application le 30 juin 2011 ?
— Oui. D’ici là, il reste encore des incertitudes à dissiper. On attend, par exemple, des précisions sur les ententes d’équivalence avec les autres pays. Des provinces doivent aussi établir leurs systèmes de contrôle. Mais, normalement, fin juin 2011, les produits qui voudront s’identifier bio, mais qui ne répondront pas aux normes Bio-Canada, ne pourront plus entrer sur le marché.

Aux producteurs qui hésitent ou qui sont réfractaires au bio, que dites-vous ?
— La production bio n’est certes pas facile, mais quelle production, même conventionnelle, ne présente pas certaines difficultés ? Le bio, c’est une autre approche. Il faut penser en terme de prévention et trouver les façons de faire pour éviter l’apparition des problèmes. Il y a tellement de mythes à propos du bio : il faut six ou sept ans pour certifier une terre, par exemple. Faux ! C’est trois ans sans intrants interdits. Pour ce qui est des registres obligatoires, c’est de la paperasse, mais, justement, le Plan d’action du MAPAQ prévoit de l’aide pour mettre en place ce genre d’outils. Et, un marché plus lucratif, c’est intéressant. Le bio, ce n’est vraiment plus une affaire marginale et on peut en faire même en gros volumes.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Luc Gagnon

Luc Gagnon