Blé d’automne : un état des cultures qui promet

Le blé d’automne a été semé en grande quantité l’automne dernier, en partie grâce à l’automne exceptionnel

Publié: 15 avril 2025

Photo prise le 14 avril par Renaud Péloquin durant la fertilisation du champ.

Depuis la fonte des neiges, les photos de blé d’automne se multiplient sur les réseaux sociaux. Ce qui saute aux yeux est la très bonne survie hivernale que semble afficher ces champs.

Plusieurs producteurs de la Rive-Sud contactés afin de commenter leurs clichés confirment un état des cultures plus que satisfaisant. C’est le cas de Renaud Péloquin, de la Ferme Ste-Victoire, située dans les environs de Sorel. Il estime la survie hivernale dans ses champs à plus de 90%. Le semis a été fait le 23 septembre avec la variété Swoop de C&M Seeds. « Dans mon coin, j’ai parlé à plusieurs producteurs de blé d’automne de la cohorte de blé dont je fais partie et tout le monde s’attend à une très grosse survie en Montérégie », affirme-t-il. À la Ferme Lysand, on indiquait une mortalité d’environ 5%, quelques ronds dans les champs n’ayant pas survécu à la suite du manque de neige au début de l’hiver.

Le fondateur de Céréales Charlevoix & Moulin de Charlevoix, Rudy Laixhay, confirme. Selon des propos qu’il a recueillis, des producteurs de la Montérégie Sud, Ouest et Est ont observé une très bonne survie. La situation était semblable pour le Centre-du-Québec, ainsi que pour Yamaska. Même les conditions plus difficiles des derniers jours n’auraient pas eu d’effet négatif sur la culture. « Les gels de la dernière semaine n’ont pas affecté la survie de l’hiver », a ajouté le producteur.

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Mylène Desautels, experte céréales chez Synagri, a remarqué que les champs dans les environs de Saint-Hyacinthe étaient d’un beau vert et que les rangs semblaient vouloir se fermer, signe que les plants sont vivants et en bonne santé. Les seuls échos plus négatifs sont venus de semis faits à la volée sur un retour de soya où la survie aurait été plus difficile. Sa collègue Julie Cantin, située dans les environs de Québec, signalait qu’un possible gel dans les prochains jours pourrait changer la donne pour le blé, une situation qui était donc à suivre.

Engouement pour le blé d’automne

Le portrait très positif qui semble se dégager sur la survie du blé d’automne est une excellente nouvelle puisque la culture pourra débuter la saison de bon pied, en plus de faire espérer de bons rendements. Surtout, les producteurs ont été nombreux à semer du blé et du seigle l’automne dernier. Le webinaire présenté par Jean-Philippe Boucher sur les perspectives de semis aux États-Unis et au Québec anticipait une hausse dans cette catégorie pour la saison 2024-25.

Un survol auprès de quelques semenciers à l’automne 2024 indiquait également une nette hausse des ventes de l’ordre de 30 à 40%. Le blé d’automne a été semé en grande quantité l’automne dernier, en partie grâce à l’automne exceptionnel qui a prolongé la fenêtre pour les céréales d’automne et une récolte hâtive du soya.

« La demande a été plus forte », confirme Mylène Desautels. Elle indique que la demande est autant venue de producteurs ayant plusieurs années de production derrière la cravate que de nouveaux venus voulant essayer la culture pour une première fois. « Les résultats ont été bons dans les trois dernières années pour le blé d’automne », fait-t-elle remarquer, ce qui pourrait expliquer l’engouement. Elle note d’ailleurs que les ventes pour le blé de printemps diminuent.

La culture du blé de printemps a été très difficile depuis plusieurs années au Québec. Le mauvais temps a compliqué les récoltes et des producteurs ont même dû laisser leur culture dans le champ. L’an dernier, le temps froid a considérablement retardé les semis dans le sud du Québec.

Renaud Péloquin avance que le bon début du blé d’automne favorise la promotion pour la culture qu’il aimerait bien voir s’agrandir encore. « Ici, il n’y a personne qui a réussi à semer du blé de printemps. Plus on se rapproche de mai, moins c’est intéressant de faire du blé de printemps. C’est pas mal plus pertinent de faire un blé d’automne, surtout qu’il a peu de perte de survie. »

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À PROPOS DE L'AUTEUR

Céline Normandin

Céline Normandin

Journaliste

Céline Normandin est journaliste spécialisée en agriculture et économie. Elle collabore également au Bulletin des agriculteurs.