L’implantation des engrais verts en attente

Environnement Canada anticipe aussi des périodes de pluie

Publié: il y a 5 heures

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Les conditions sont difficiles pour les cultures dans les champs. Quand vient alors le temps de penser aux cultures de couverture à implanter, plusieurs producteurs se questionnent sur la pertinence de semer dans de telles conditions. Ont-ils raison dans certains cas de repousser les semis et quelles sont les précautions à prendre?

Selon Ann Weill, agronome et titulaire de la Chaire de recherche du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG) en protections des cultures biologiques, c’est toujours le même scénario qui prévaut pour les semis. « On espère qu’il va pleuvoir quand on sème. C’est toujours le même gambling », dit-elle.

« C’est la grosse question que les producteurs me posent ces temps-ci », confirme l’agronome Sylvie Thibaudeau. Certains ont profité des faibles pluies de la semaine dernière pour semer, indique-t-elle, alors que d’autres en semis direct ont pu miser sur une certaine humidité pour réaliser leurs travaux. « Ça n’a pas été trop long que c’est sorti et ils ont en ce moment un beau couvert », ajoute-t-elle.

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Il y a un risque à trop retarder les semis d’engrais verts puisque la période de croissance diminue à mesure que le calendrier avance. Ann Weill admet que des semis dans des conditions avec peu d’humidité comportent aussi des risques. « Si l’ensemble du profil de sol est trop sec, il y a des chances que la culture va germer et mourir. Ce pourrait être alors une raison pour retarder les semis », selon l’agronome.

« C’est certain que les conditions ne sont pas optimales, mais on peut semer des mélanges jusqu’en septembre », dit pour sa part Christian Duchesneau, Expert fourragères et gazon chez Synagri. « Les meilleurs conseils que je peux donner actuellement sont d’attendre de semer avant une pluie ou de semer leur mélange un peu plus profond, au minimum 1 po au lieu de ½ po pour essayer d’aller chercher le maximum d’humidité », croit l’expert. 

La pluie a un peu réduit la nécessité de semer en profondeur, selon Sylvie Thibaudeau. Il faut surtout être prêt à ce temps-ci de l’année à procéder au semis. « Ce n’est pas le temps d’aller magasiner ses semences », indique-t-elle.

Les producteurs peuvent mettre plus de chances de leur côté en réalisant un bon semis, renchérit Ann Weill, en insistant sur l’importance d’établir un bon contact entre la graine et le sol. « On peut jouer sur le mode de semis. À la volée, on a moins de chance, à moins de travailler ensuite à la herse ou au vibro, mais ce n’est pas super dans des conditions comme celles-ci. » Procéder avec un semoir a donc plus de chances de réussite.

Les experts rappellent qu’il faut préparer le sol avant le semis, ce qui comporte dans le cas des cultures conventionnelles d’éliminer les mauvaises herbes et les repousses de blé d’automne par un désherbant, intégrer le fumier au champ et préparer le lit de semence. Et si jamais l’implantation n’a pas pris à certains endroits, il faut ressemer ces sections.

Idéalement, il serait mieux de semer entre le 20 et le 25 août pour obtenir les meilleurs résultats pour un couvert, selon Sylvie Thibaudeau. Christian Duscheneau indique, quant à lui, que plusieurs espèces, comme le seigle d’automne, le chou Kale, le radis, les trèfles Balansa, le trèfle incarnat et les vesces tolèrent un froid de -13 à -18 degrés Celsius. « On peut donc se permettre d’attendre encore un peu avant de semer, surtout si le sol est beaucoup trop sec », dit-il. C’est surtout une question de s’adapter aux conditions et à la région, ajoute Sylvie Thibaudeau. Plus on va avancer dans le calendrier, plus les travaux au semoir seront à privilégier et il faut prêt à semer avant la pluie. Le mieux est de conserver la stratégie choisie et d’y aller avec les meilleures pratiques pour mettre le plus de chances de son côté.

Heureusement, du temps plus frais, de jour comme de nuit, est prévu dans les prochains jours. Environnement Canada anticipe aussi des périodes de pluie à partir de samedi jusqu’à lundi pour une grande partie du Québec.

Pour consulter l’état des cultures, cliquez ici.

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À PROPOS DE L'AUTEUR

Céline Normandin

Céline Normandin

Journaliste

Céline Normandin est journaliste spécialisée en agriculture et économie. Elle collabore également au Bulletin des agriculteurs.