Avec enfin une saison qui s’annonce bonne pour les petites céréales après deux années difficiles, les producteurs voudront tout faire en sorte que les rendements de cette année soient à la hauteur des attentes. Certaines mises en garde ont été lancées de la part des organismes phytosanitaires, ainsi que de la part d’agronomes sur les maladies à surveiller dans les prochains jours et semaines.
Le Réseau d’avertissement phytosanitaire (RAP) signale trois d’entre elles : la rouille brune, la fusariose et l’oïdium. L’agronome Stéphane Myre de Bayer a de plus rendu publique une fiche sur les maladies du blé et les différents stades de croissance à surveiller.
Rouille brune
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La tache goudronneuse de nouveau détectée au Québec
Pour une deuxième année consécutive, le Réseau d’avertissement phytosanitaire a annoncé que la tâche goudronneuse avait été détectée dans un champ de maïs au Québec.
La maladie a été observée dans les Laurentides et en Montérégie-Est sur le blé d’automne (dans différentes localités), ainsi qu’au Centre de recherche sur les grains (CÉROM). Les cas ont été retrouvés dans plusieurs parcelles de blé d’automne, de seigle d’automne et de blé de printemps. Comme le mentionne le RAP, « les conditions fraîches et humides des dernières semaines favorisent le développement de la rouille brune. Les spores sont transportées sur de longues distances par des vents forts, favorisant la dispersion de la maladie d’une région à l’autre ».
Il est important de surveiller les apparitions dans les champs de la rouille brune puisque le développement de la maladie tôt dans la saison, c’est-à-dire à des stades précédant le gonflement de l’épi dans la gaine, peut engendrer des pertes de rendement significatives.
L’impact ne sera cependant pas le même dans le blé d’automne et celui du blé de printemps.
Dans le cas du blé d’automne, la floraison a eu lieu et la culture est au stade de remplissage des grains. Il est important de savoir que « les interventions avec un fongicide à ce stade ne corrigeront pas des pertes de rendement potentielles, d’autant plus que la maladie n’a pas été détectée avant et qu’elle n’affecte pas ou très peu la feuille étendard », rappelle le RAP.
La situation est toute autre dans le cas des céréales de printemps toutefois. Les cultures de printemps sont à des stades peu avancés de développement. L’organisme de surveillance recommande la détection hâtive qui est jugée critique pour prendre les meilleures décisions de contrôle. En cas de signalement dans sa région, « un dépistage régulier (une fois par semaine) est recommandé, et ce, peu importe le cultivar utilisé. Pour un dépistage adéquat, il est recommandé d’évaluer 10 endroits représentatifs du champ et de bien examiner 10 plants par endroit ».
Pour limiter les pertes de rendement, le RAP signale qu’il « est important de protéger la feuille étendard avant qu’elle ne soit atteinte sur plus de 5 % de sa superficie. Au-delà de ce seuil, le champ est à risque de pertes de rendement, et ce, même si une application de fongicide est faite ».

« La maladie se manifeste par des pustules (lésions surélevées) rondes à ovales, orange à brunes, principalement sur la face supérieure des feuilles. Les pustules sont distribuées de façon aléatoire sur les feuilles. Certaines variétés de blé et de seigle sont résistantes à la rouille brune, mais le niveau de résistance peut varier d’une année à l’autre en raison des différentes races de rouille brune qui existent. »
Fusariose
Le temps humide et frais des dernières semaines met aussi plus de pression sur les céréales et les risques de fusariose. Il faut prévenir l’infection si le risque est important et surveiller le stade de la culture, les conditions météorologiques et les niveaux de risque des jours à venir dès l’épiaison. Si nécessaire, une intervention chez le blé se fait avant la mi-floraison. Chez l’orge, il faut surveiller et si besoin, intervenir dès l’épiaison. Le site d’Agrométéo effectue une vigie quotidienne des risques selon les régions.
Oïdium
Des cas d’oïdium, ou blanc, ont été observés plus tôt ce mois-ci dans du blé d’automne, encore une fois attribuable aux conditions météo fraiches et humide. Un couvert très dense, refermé, qui maintient l’humidité peut favoriser le développement de la maladie même en l’absence de précipitation.

Voici ce que dit le RAP au sujet de l’oïdium. « C’est lorsque les feuilles du haut sont atteintes que la culture peut subir une perte de rendement. Il est donc important de préserver les deux ou trois feuilles du haut des plants exempts de maladie. Actuellement, le blé d’automne est en épiaison ou en floraison, selon les conditions, et si les feuilles du haut n’ont pas été atteintes au moment critique pour une intervention optimale avec un fongicide, soit à l’émergence de la feuille étendard et pendant le gonflement, l’usage d’un fongicide n’apporte pas de bénéfice significatif. Si une application est jugée pertinente, il faut éviter l’utilisation de strobilurines qui pourraient favoriser la production de mycotoxines par la fusariose de l’épi. Cependant, si l’oïdium monte sur les feuilles supérieures et que le risque pour la fusariose de l’épi est élevé, suggérant un traitement de répression de cette maladie, un fongicide approprié (les triazoles) contre la fusariose contribuera par le fait même à réprimer l’oïdium. Consulter SAgE pesticides à cette fin ».