Vous souvenez-vous à quel point l’avoine semée en culture de couverture était belle l’automne dernier? Trop belle, en fait, car elle risquait de former un paillis au printemps et de retarder ainsi l’assèchement et le réchauffement du sol.
Eh bien, le scénario se répète cet automne. Dame Nature s’étant montrée encore très généreuse, l’avoine et les autres graminées (blé, orge) sont… superbes! Et particulièrement les champs qu’on a semés après une récolte de blé d’automne ou d’une espèce de saison courte. « Dans ma région, j’ai même vu de l’avoine grainée », lance l’agronome Sylvie Thibaudeau, du Club agro du bassin La Guerre, qui est localisé en Montérégie-Ouest.
« On a eu une très belle saison pour l’ensemble des cultures de couverture, résume celle-ci. Ici, on n’a pas eu de gel mortel venant freiner leur développement, le sarrasin étant évidemment l’exception. »
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En fait, le risque que les graminées forment un paillis le printemps prochain est peut-être même plus grand cette fois-ci que l’an dernier. Sylvie Thibaudeau observe en effet que la repousse de céréales (orge, blé) est particulièrement abondante cet automne. « Souvent, la repousse a pris de l’avance sur les espèces de couverture semées, indique-t-elle. Cet automne, à certains endroits, elle vient prendre trop de place dans le couvert. »

L’agronome affirme ne pas comprendre ce qui a entraîné cette abondante repousse, sinon que dans certains champs, elle puisse avoir été causée par des pertes élevées au battage ou des rendements particulièrement forts.
« Comment devrait-on gérer la repousse de céréale? interroge-t-elle. On pourrait faire un faux semis, ce qui implique un léger travail de sol. On pourrait aussi se dépêcher de semer les cultures de couverture même quand on dispose d’une grande fenêtre de temps. »

Si la graminée a déjà pris le dessus, Sylvie Thibaudeau recommande d’effectuer un travail réduit du sol avec un instrument à disques ou à dents. Elle déconseille de simplement la faucher rendu à ce moment-ci, car les résidus de céréales ne se décomposeront pas assez. « On risque de se retrouver avec un paillis quand même », prévient-elle.
Elle rappelle en terminant que dans un semis d’avoine à la dérobée après une récolte hâtive, on ne devrait pas dépasser un taux de 15 kg à l’hectare si on ne veut pas avoir à travailler le sol à l’automne. « En fait, il serait préférable de réserver l’avoine pour les retours de soya ou de maïs-ensilage, ce qui est envisageable en Montérégie notamment, ajoute-t-elle. Elle aurait juste le temps de former un beau petit tapis qui va protéger le sol et en améliorer l’activité biologique. »