Désastreuse, catastrophique, c’est en ces termes que certains agriculteurs québécois qualifient l’année 2023. Une saison à oublier, mais par pour tous. Paradoxalement, les vignerons ont plutôt connu une bonne saison grâce à un automne favorable.
La météo a été contraire pour la majorité des agriculteurs du Québec, à commencer par des records de froid en mai et des pluies incessantes en juillet. Les vignerons, s’ils ont traversé les mêmes conditions climatiques, s’en sont bien sortis grâce à un automne clément. En septembre, les raisins se sont gavés de soleil et de chaleur nécessaires à leur maturation. Ensuite, cette période propice a été suivie d’un mois d’octobre au-dessus des normales de saison.
Les vignerons ont eu les mêmes inquiétudes que les agriculteurs au mois d’août, alors que leurs ceps avaient dû affronter les revers climatiques des mois de croissance. « En juillet, on a dû travailler manuellement pour désherber, ça a été une période éprouvante pour notre personnel. La désherbeuse mécanique est restée dans le garage parce que le tracteur fait trop de dégâts dans un sol trop mou. Alors, au mois d’août, on n’avait pas trop le moral », explique Jocelyn Hébert, propriétaire du vignoble Le Fief de la rivière à Nicolet. Même son de cloche de la part de Véronique Hupin, copropriétaire du domaine Pervenche à Farham : « Le gel de la mi-mai a été pénible, on est sorti deux ou trois fois pendant la nuit pour alimenter les feux, mais on s’en est quand même bien sorti : seul un hectare sur les quatre que nous avons a souffert un peu du gel. »
Septembre, mois béni!
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Certaines variétés de raisins sont plus résistantes que d’autres aux caprices climatiques. « De façon générale, la récolte est identique aux années précédentes, mais pas dans les mêmes proportions, dans le sens qu’un cépage qui donnait 3000 livres en a donné 2000 et l’autre qui en donnait 3000 en a donné 4000 », détaille Jocelyn Hébert. Pour lui, 2023 est une bonne année, pas exceptionnelle, mais dans les circonstances, il estime que cette saison est dans la continuité des précédentes.
Le découragement de Véronique Hupin qui n’en pouvait plus du gel printanier et de la pluie de juillet s’est vite dissipé en septembre alors que chaleur et ensoleillement ont gavé le raisin de sucre. « La qualité était là. On a commencé le pressage en octobre et là surprise, le vin tirait entre 11 et 13% d’alcool, on n’avait pas vu ça depuis 2018. La seule chose, c’est qu’on avait moins de volume. » conclut-elle.