Le temps commence à presser pour les semis

Publié: 22 mai 2025

Le temps commence à presser pour les semis

L’histoire se répète cette année encore avec un printemps froid et pluvieux, mais contrairement à l’année dernière, les fenêtres de beau temps pourraient se faire rares dans les prochains jours, diminuant ainsi les possibilités d’avancer les semis.

La seule période de beau temps du printemps, durant la semaine du 11 mai, a permis de décoller la saison dans plusieurs régions, mais elle a pris fin abruptement avec les pluies du dernier week-end. Conséquence, beaucoup de producteurs ont à peine complété la moitié de leurs semis de maïs. « La situation n’est pas facile, confirme Stéphane Myre, agronome pour Bayer. » Dans la région (Saint-Hyacinthe), de 40 à 45% des semis de maïs sont en terre. Même avec le beau temps prévu la semaine prochaine, il faudra de trois à quatre jours pour que la terre sèche suffisamment, ce qui nous rapproche de la fin du mois de mai qui est dans une semaine. » Même chez Bayer, une seule des parcelles d’essai a été semée, mentionne l’agronome.

À ces inquiétudes s’ajoutent celles de la condition des semis déjà faits. Le temps anormalement froid prolonge la période des semis en terre et les risques de voir des problèmes survenir dans l’émergence, que ce soit en raison des conditions ou encore des prédateurs et des maladies. Selon Stéphane Myre, des collègues en Ontario font état de dommages par les prédateurs, dont le ver-fil-de-fer. Les semences traitées devraient être protégées pour environ trois semaines, mais pour les autres, il faudra veiller au grain. « On pourrait commencer à voir des dommages vers la fin de la semaine prochaine et évaluer s’il faudra resemer. Il ne faudrait pas que les conditions actuelles se prolongent encore longtemps. »

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Il pourrait être temps de réévaluer ses hybrides de maïs, indique l’agronome. Des variétés plus hâtives pourraient être considérées, mais il recommande surtout de porter attention sur les caractéristiques qui pourraient favoriser des hybrides dans les conditions actuelles, soient ceux ayant une floraison hâtive et une courbe de séchage rapide.

Avec le temps qui avance, les producteurs pourraient avoir d’autres préoccupations à ajouter sur la liste. Il pourrait en effet être trop tard pour que les cultures de maïs-grain soient admissibles à l’Assurance-récolte (ASREC) selon les dates requises, soit le 1er juin.

Dates de fin des semis selon l’ASREC:

  • Blé : 1er juin, sauf pour les centres de services d’Alma, de Caplan, de Lévis, de Rimouski, de Rivière-du-Loup et de Rouyn-Noranda, dont la date de fin des semis est le 5 juin.
  • Avoine, orge, haricot sec, pois sec et seigle : 15 juin.
  • Canola (zones de moins de 2600 UTM) : 10 juin.
  • Canola (zones de 2600 UM ou plus) : 1er juin.
  • Maïs-grain : 1er juin.
  • Sarrasin : 1er juillet.
  • Soya (zones de moins de 2600 UTM) : 10 juin.
  • Soya (zones de 2600 UTM ou plus) : 15 juin.

Dans les régions les plus à l’est et au nord de la province, des producteurs pensent carrément délaisser le maïs-grain cette année pour aller vers d’autres cultures, rapporte Francis Allard, agronome pour Pride.

Ce n’est pas encore le cas plus au sud et à l’ouest des régions cultivables du Québec, mais le temps froid et pluvieux complique sérieusement la situation, mentionne Stéphane Myre. « On attends de voir ce que la météo va nous réserver pour prendre les meilleures décisions, mais on a décidé de notre côté d’être pro-actif et de contacter nos producteurs. C’est évidemment du cas par cas : il faut évaluer sa situation et prendre les décisions en conséquence », dit-il.

Pour ceux qui miseraient sur le fait que les automnes sont plus chauds et longs qu’auparavant, l’agronome indique que personne n’a de boule de cristal. « Pour ceux qui veulent faire du maïs, on a besoin de certaines conditions pour obtenir un rendement satisfaisant », croit-il.

Pour le soya, la situation est moins critique. Selon l’ASREC, les semis sont couverts jusqu’au 10 ou 15 juin, dépendamment des régions. Stéphane Myre a déjà vu des semis de soya se faire aux alentours de la Saint-Jean-Baptiste. Dans ces cas, il ne faut pas s’attendre à des rendements exceptionnels. Des semis réalisés en début de mois seraient pour leur part toujours dans les dates.

Le Bulletin a approché La Financière à savoir si une prorogation des dates pourrait avoir lieu en raison du contexte, mais les portes-parole n’étaient pas en mesure de répondre au moment de mettre en ligne.

Environnement Canada prévoit du temps pluvieux jusqu’à dimanche sur une bonne partie du Québec. Le beau temps devrait s’installer de lundi à mardi, avant le retour de la pluie dès mercredi et ce, jusqu’au début de juin.

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À PROPOS DE L'AUTEUR

Céline Normandin

Céline Normandin

Journaliste

Céline Normandin est journaliste spécialisée en agriculture et économie. Elle collabore également au Bulletin des agriculteurs.