La multiplication de cas d’influenza aviaire préoccupe

La biosécurité renforcée est de mise

Publié: 25 octobre 2022

La multiplication de cas d’influenza aviaire préoccupe

En fin de semaine dernière, un sixième cas d’influenza aviaire a été déclaré sur une ferme avicole au Québec. Il s’agit d’une ferme de 30 000 poules pondeuse près de Princeville. Avec ce cas, il s’agit du sixième cas depuis le 7 octobre 2022. De ce nombre, il y a deux petits élevages de basse-cour, mais aussi des élevages de poulets, de dindons et de poules pondeuses. 

En entrevue, le professeur titulaire Jean-Pierre Vaillancourt de la Faculté de médecine de l’Université de Montréal se dit préoccupé de la situation. « Ce qui est préoccupant, c’est qu’il y a de nouvelles souches qui semblent sortir, dit-il. Les Américains ont commencé à avoir du H5N4 en plein milieu du Montana. Une affaire bizarre. On est vraiment en mode compréhension de cette nouvelle réalité-là. » Il ajoute que les livres de référence sur la grippe aviaire sont plus ou moins utiles parce que les virus présents ici ou ailleurs ne se comportent pas comme expliqué dans les livres, même les livres les plus récents. « Et on se rend compte que l’expression clinique est très variable selon l’espèce qui est touchée », ajoute-t-il.

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Avec la saison migratoire actuelle et les cas survenus le printemps et l’été dernier, le virus de l’influenza aviaire est présent dans l’environnement. Dans les kilomètres entourant les sites actifs actuels, il y a plusieurs élevages. Les mesures de biosécurité renforcées sont recommandées par l’Équipe québécoise de contrôle des maladies avicoles (EQCMA). 

Jean-Pierre Vaillancourt explique que les éleveurs doivent suivre des règles rigoureuses de biosécurité. Ils doivent notamment changer de bottes, porter un couvre-tout et se laver les mains. « Le changement de bottes et se laver les mains, c’est primordial, mais ce qui est primordial, c’est de le faire correctement », dit-il. Ce qu’il a observé au Québec ou en France où il a beaucoup travaillé ou encore en Ontario ou ailleurs, c’est que les éleveurs, employés ou autres visiteurs de la ferme ne le font pas correctement, en général. « Trop souvent, que ce soit des éleveurs ou des techniciens – disons qu’ils mettent des bottes de plastique, ils arrivent avec leurs souliers, leurs bottes, ils mettent la botte de plastique et qu’est-ce qu’ils font? Ils remettent leurs pieds exactement où ils étaient. Il faut qu’on passe d’une zone à l’autre! » Le changement de bottes a pour but de faire une coupure entre une zone et l’autre. Et l’éleveur doit superviser l’entrée des employés ou les rares visiteurs pour s’assurer que les pratiques sont respectées.

Jean-Pierre Vaillancourt recommande aussi aux éleveurs situés dans une région où il y a un cas confirmé limitent l’accès au site uniquement aux personnes essentielles, comme le vétérinaire et les gens qui viennent corriger un problème qui ne peut pas être corrigé par eux. Les membres de la famille doivent aussi suivre les règles rigoureuses s’ils veulent aider sur la ferme. « Ce n’est pas le temps d’aller marcher près d’un étang », ajoute-t-il.

Tout comme les recommandations qui étaient faites par la Santé publique dans le cas de la COVID-19, il faut garder ses distances et éliminer les sources d’infections. « La troisième chose que je ferais, c’est vraiment d’observer mes oiseaux et dès qu’il y a de quoi de moindrement bizarre – augmentation de mortalité un peu, changement de comportement, c’est le temps de signaler, quitte à ce que ce soit une fausse alerte », dit-il. Il explique que les autorités ne seront jamais fâchées de s’être déplacées pour rien. Au contraire, elles seront soulagées. Plus les signalements sont faits tôt, plus le nombre d’éclosions sera limité, dit-il.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Marie-Josée Parent

Marie-Josée Parent

Agronome et journaliste

Marie-Josée Parent couvre les productions laitière, bovine, avicole et porcine au Bulletin des agriculteurs.