Les mycotoxines représentent un défi et un risque continuel pour les producteurs laitiers. Le Bulletin des agriculteurs vous propose une suite de courts articles traitant de ces enjeux importants, avec la collaboration de Maxime Leduc, agr. Ph.D. et Dr Younès Chorfi, m.v., Ph. D., Professeur à la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal .
Les sujets traités seront les suivants :
- Les enjeux globaux des mycotoxines
- Les sources de contamination
- L’échantillonnage et l’analyse des aliments
- Les effets sur les bovins laitiers et de boucherie
- Les produits «anti-mycotoxines»
- La prévention au champ pour la production de grain
- La prévention au champ pour la récolte et l’entreposage des ensilages
- La prévention à l’entreposage des grains
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Les mycotoxines démystifiées : La prévention aux champs pour la récolte et l’entreposage des ensilages
Voici une série de conseils spécifiques à la production d’ensilage qui permettront de réduire la contamination et la production de mycotoxines dans vos ensilages. De plus, ces conseils vous aideront à obtenir un ensilage de meilleure qualité en général et à réduire votre coût de production.
Bonne lecture, l’équipe du Bulletin des agriculteurs.
1.Les enjeux globaux des mycotoxines
Les mycotoxines sont des composés organiques complexes et toxiques produits par des moisissures. Elles sont considérées comme un facteur de risque majeur pour les animaux et les humains. Selon l’évaluation de la FAO, 25 % des produits agricoles sont contaminés par des mycotoxines. La contamination peut avoir lieu au champ, avant la récolte ou lors de l’entreposage. Bien que certaines mesures de prévention puissent être prises pour en réduire la fréquence, il est très difficile de prévenir la contamination des aliments, en particulier lorsque les conditions climatiques sont favorables au développement des moisissures dans les cultures. Chez les vaches, les mycotoxines ont pour effet de diminuer l’efficacité immunitaire, entraînant une sensibilité accrue aux infections et aux maladies, des problèmes de reproduction et une réduction des performances zootechniques. Les symptômes de mycotoxicoses sont variés et peu spécifiques. Ils peuvent prendre la forme de troubles digestifs, d’une immunosuppression, d’une diminution de la prise alimentaire, d’une diminution de la croissance, d’une diminution de la production laitière ainsi que d’une augmentation des problèmes de reproduction; mortalité embryonnaire, avortement fréquent, retour en chaleur même si la vache est gestante.
Dans les climats tempérés comme celui du Québec, les mycotoxines les plus préoccupantes pour les bovins laitiers sont les mycotoxines produites par les Fusarium telles que le déoxynivalénol (DON), encore appelé vomitoxine, et ses dérivés, l’acide fusarique, le nivalénol, les toxines T-2 et HT-2, la zéaralénone et ses métabolites, les fumonisines , la diacetoxyscirpénol et l’ergot.
Les mycotoxines sont, depuis de nombreuses années, un enjeu économique, de santé et de productivité des bovins laitiers. Malgré l’importance de cette problématique, les avancements ou les solutions sont difficilement perceptibles, étant donné les diverses natures du problème :
- La variation spatiale et temporelle des mycotoxines dans les aliments
- La rigueur du processus d’échantillonnage des aliments pour des fins d’analyses
- Les différentes approches en laboratoire pour l’analyse des mycotoxines
- Plusieurs mycotoxines ont des effets synergiques
- La présence d’un rumen transformant les mycotoxines
- L’impact sur l’animal varie en fonction de son niveau de stress, de son stade physiologique et de son alimentation
- Les signes cliniques sont peu spécifiques
- Une multitude de produits «antimycotoxiques» se trouvent sur le marché, et leur efficacité n’est pas toujours validée in vivo
L’ensemble de ces facteurs rend difficile le diagnostic et le traitement des problèmes liés aux mycotoxines. C’est ce que nous tenterons de démystifier dans les prochains articles.