Chaque année, on évalue l’ensemble de notre système de culture, question de valider si nos résultats sont à la hauteur. À la hauteur de quoi? Surtout par rapport à notre historique sur la ferme. Mais aussi par rapport à d’autres évaluations fiables de rendements dans notre secteur.
Quand même bizarre, mais il arrive qu’on se sente tellement à côté de la plaque qu’on sent le besoin de comparer avec les méthodes plus conventionnelles. Encore aujourd’hui, on entend certains commentaires comme quoi la technique du semis direct n’offre pas les mêmes niveaux de rendement que les techniques plus conventionnelles. Alors même si on croit en notre façon de travailler, on sent encore le besoin de se comparer. Tout ça pour s’assurer d’être à la bonne place.
Pour nous, le genre de système qu’on utilise n’est pas un système qui nous permet seulement d’éliminer l’érosion et nourrir nos vers de terres. C’est plutôt l’inverse. Si on aménage un bon système, on peut aspirer à d’excellents rendements tout en assurant une meilleure résilience de la ferme. Donc à chaque année, on fait quelques pesées avec une balance calibrée au bout du champ afin de premièrement vérifier la calibration de notre capteur tout en ayant une pesée fiable qui ne donne pas de place à l’interprétation.
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Les pesées de notre parcelle d’évaluation de nos hybrides nous ont confirmé que nos rendements étaient légèrement en haut de notre moyenne. Ce qui est excellent considérant la saison. Je dois aussi ajouter certains facteurs qui à la longue deviennent un levier de rendement.
Je me souviens encore, chiffre à l’appui, que notre gros tracteur faisait plus de 650 heures par an, alors qu’on était en conventionnel. Aujourd’hui, il arrive tout juste à en faire 275 par année en plus d’y avoir ajouté le travail des semis de 70% des surfaces de la ferme. On se retrouve donc avec un tracteur qu’on peut amortir sur 40 ans si on vise la vie maximale de 10 000 heures. Toute une différence avec le 15 ans d’amortissement sur un rythme de 650 heures par an. Ça veut dire un tracteur nouveau de plus chaque 15 ans.
Dans notre cas, c’est un investissement de 300 000 dollars à la valeur actuelle de renouvellement tous les 15 ans versus posséder encore le même tracteur. À 5% d’intérêt, ça représente des paiements annuels d’environ 40 000$, soit 110$ par ha. Ajoutons à ce montant tout près de 200 $/ha pour couvrir les frais de chisel, déchaumeuse ou vibro, rouleau et peut être d’autres équipements. Si on utilise une charrue, c’est encore plus dispendieux. Chez nous, ça nous donne donc un coût additionnel approximatif de 310$/ha.

Donc lorsqu’on réussi un rendement de 14 tm/ha, on doit considérer un rendement d’un peu plus de 15 tm/ha en conventionnel pour arriver au même résultat.
Reste ensuite à ajouter une valeur à :
-augmentation de la matière organique
-gains en temps (dossier chaud avec le manque de main-d’œuvre)
-gains en santé des sols
-gains d’efficacité par rapport aux émissions de GES
-augmentation des vers de terres et porosité du sol
-moins de perte de sol vers le cours d’eau
Le processus d’un système de culture est toujours en évolution. D’après nos résultats, nous sommes dans la course avec une foule de bénéfices environnementaux en bonus. Il s’agit de bien planifier et de garder une bonne flexibilité par rapport à nos choix de cultures. Profession agriculteur.