« L’avoine est perçue comme la céréale des pauvres parce qu’elle demande peu d’engrais. Les producteurs ont tendance à lui consacrer les moins beaux champs ou ceux mal drainés. Et ça se reflète sur le rendement », affirme Julie Durand, directrice de recherche chez Semican.
Pour bien réussir l’avoine nue, il faudra choisir un champ dont le sol est en santé. Un champ uniforme assure une maturité et une récolte plus homogènes. Le semis doit être effectué aussitôt que le sol le permet.
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À la Ferme Irma, à St-Albert, on sème en semis direct sur un retour de soya. « Semer directement sur un retour de soya nous permet d’entrer tôt au champ ou de semer l’avoine nue sur un sol gelé », affirme le producteur Urs Studhalter.
Au moment de la préparation du lit de semence, le producteur doit éviter les mottes afin de favoriser un contact sol-semence propice à l’émergence. Le taux de semis est d’environ 115 kg/ha et varie en fonction du poids de mille grains.
« C’est important de calibrer le semoir pour s’assurer qu’on sème le taux de semis recommandé », souligne Urs Studhalter. Un taux de semis adéquat permet une levée égale qui entraîne une maturité homogène et donc qui assure l’uniformité des grains récoltés. La profondeur de semis optimale se situe à environ un pouce sous la surface du sol.
Pour la fertilisation de l’avoine nue, il suffit de se référer aux recommandations proposées dans le Guide de référence en fertilisation du CRAAQ. Par contre, l’avoine nue tolère une fertilisation plus soutenue que l’avoine couverte, à cause de sa tige qui résiste davantage à la verse.
« On peut mettre du fumier et de l’engrais granulaire jusqu’à 70 unités d’azote sur un champ d’avoine nue, si le PAEF le permet, évidemment », affirme Julie Durand. Une fertilisation juste permet l’atteinte du rendement prévu et assure une récolte de qualité, notamment au niveau du taux de protéines.
Bien que la régie de la culture de l’avoine nue soit similaire à celle de l’avoine couverte, au moment de choisir l’herbicide, il faut éviter d’utiliser la classe des herbicides hormonaux, comme le Dicamba et le 2,4D. Ces herbicides causent un stress auquel la plante d’avoine nue réagit en se couvrant davantage d’écales. L’utilisation de ces herbicides prédispose la récolte au déclassement.
La récolte de l’avoine nue se fait alors que le grain a une teneur en humidité située entre 16 et 18 %. Comparativement au blé, il ne faut pas se fier à la dureté du grain pour juger de la maturité de la culture. Comme le contenu en huile de l’avoine nue est supérieur, le grain conserve un aspect humide à maturité. À la Ferme Irma, le grain est récolté, criblé puis entreposé dans des silos qui sont ventilés pour atteindre 13,5 % d’humidité.
« Il faut éviter que le grain chauffe parce que les chevaux sont très difficiles sur la qualité », ajoute l’Germain Pelletier, directeur au développement des affaires chez Semican. Pour éviter les pertes de rendements au moment de la récolte, cet agronome recommande aux producteurs de s’assurer que les rabatteurs roulent à une vitesse égale à celle de l’avancement de la batteuse, autrement trop de grains se retrouvent au sol.
Chez les Studhalter, les rendements de cette céréale sont stables. « L’avoine nue est une culture qui s’adapte bien aux différentes saisons de culture et, bon an mal an, nous avons un rendement d’environ une tonne et quart à l’acre », conclut Urs Studhalter.