Le coût de production du foin augmente plus vite que celui du maïs ensilage

Établir un budget et faire une planification sont très importants

Publié: 18 février 2022

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Avec l’augmentation des coûts des carburants, des engrais et le réchauffement climatique, les fourrages deviendront plus dispendieux à produire. Le foin devient relativement plus coûteux à produire que le maïs ensilage. 

En conséquence, il faut augmenter la recherche et le transfert de connaissance. Il faut que les producteurs misent sur une meilleure planification et une optimisation des équipements. Les producteurs doivent bien connaître leur coût de production.

Telles sont les conclusions de Simon Jetté Nantel, économiste chez Lactanet, et l’agronome Michel Vaudreuil, conseiller en gestion agricole au Centre multi-conseils agricoles (CMCA). Tous deux présentaient une conférence dans le cadre du Colloque sur les plantes fourragères organisé par le Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec (CRAAQ) le 16 février 2022.

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La sécheresse affecte le foin

Dans les 20 dernières années, le rendement fourrager a augmenté pendant une quinzaine d’années, mais depuis quatre ou cinq ans, la production diminue en raison des épisodes de sécheresse récents. De telle sorte que cette récente diminution est venue annuler les augmentations des années précédentes. 

En 2020, la production est équivalente à 2000, soit autour de 5,5 tonnes de matière sèche à l’hectare. En 2015, la production était de 6,5. « Donc, il n’y a pas d’amélioration dans les rendements », dit Simon Jetté Nantel.

Augmentation des coûts

En 20 ans, le coût de production du foin a augmenté de 73%, soit 2,8% par année. La proportion des dépenses occupées par la main d’œuvre a diminué, passant de 19 à 14%, mais le carburant, les semences et les fertilisants ont augmenté. Le coût de la machinerie et des équipements est demeuré stable.

Le maïs est avantagé

En 20 ans, le rendement du maïs ensilage a bénéficié d’une augmentation de rendement de plus d’une tonne de matière sèche à l’hectare. Pendant ce temps, le coût de production par tonne a augmenté de 42% sur 20 ans, soit 1,8% par année. Encore une fois, la proportion des coûts occupés par la main d’œuvre a diminué passant de 12 à 9%. Tout comme pour le foin, la proportion des dépenses occupées par le carburant, les semences et les fertilisants a augmenté. La machinerie et les équipements demeurent stables.

Différences régionales

Certaines régions, comme le Bas-Saint-Laurent ont été plus affectées au niveau rendement de foin. Toutefois, au niveau coût par tonne de matière sèche, il n’y a pas de variation entre les régions. « Il y a plus de différence entre les plus efficaces et les moins efficaces d’une même région qu’il y en a entre les régions », explique Simon Jetté Nantel. Ce qui lui fait dire que la bonne gestion a plus d’importance que la région. 

Des coûts en augmentation

Entre 2000 et 2010, il y a eu une augmentation importante des fertilisants et des carburants. Entre 2010 et 2020, c’était au tour de la machinerie de connaître une augmentation importante de coût.

L’augmentation de coût de production de foin a été équivalente à l’augmentation des prix. Par contre, l’augmentation des coûts de production du maïs ensilage a été moindre que l’augmentation des prix. Le maïs ensilage semble donc avantagé.

Quelle décision prendre à la ferme?

Michel Vaudreuil explique qu’il faut bien évaluer ses besoins et ses ressources à la ferme. Il ne sert à rien de toujours viser la meilleure qualité des fourrages. « Ce qu’on vise, c’est une qualité optimale, versus maximale. C’est entre les deux qu’on veut », dit-il. Il recommande aux producteurs de se faire accompagner dans ce cheminement.

Pour répondre aux besoins de la ferme et diminuer les coûts, il recommande de faire un budget et une planification du chantier de récolte. Les coûts sont appelés à encore augmenter durant les prochaines années et cette étape de planification sera plus importante encore.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Marie-Josée Parent

Marie-Josée Parent

Agronome et journaliste

Marie-Josée Parent couvre les productions laitière, bovine, avicole et porcine au Bulletin des agriculteurs.