Les producteurs de légumes de transformation de la province ont pu compter sur une bonne nouvelle cette semaine avec l’annonce d’un partenariat entre le Groupe Bonduelle ainsi que Fonds de solidarité FTQ et la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ). La société française active sur le continent depuis 15 ans a indiqué qu’elle menait des discussions exclusives en vue de vendre 65% de ses actifs en sol nord-américain. Bonduelle détient les marques Artic Garden et Del Monte.
L’annonce met fin au flou qui existait sur l’avenir des 13 usines du Canada et des États-Unis depuis l’annonce des dirigeants en septembre 2021 d’une réflexion sur ses activités de transformation longue durée. La participation en part égale du Fonds de solidarité et de la Caisse de dépôt et placement du Québec assure en premier lieu le maintien des activités au Québec et la présence du siège social, présentement situé à Brossard.
Évaluées à 850 M$, les deux fonds institutionnels acquiert à part égale 65% de Bonduelle Americas Long Life (BALL), le nom de la division nord-américaine de Bonduelle, ce qui correspond à une somme de 552 M$, selon La Presse. Le chiffre d’affaires de BALL était de 943 M$ pour l’année 2020-2021.
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« Le Fonds de solidarité FTQ est fier de bâtir ce partenariat afin de réaliser cette transaction
structurante pour le secteur agroalimentaire du Québec», a indiqué Dany Pelletier, premier vice-président -Placements privés et investissements d’impact au Fonds de solidarité FTQ. Le Fonds dit maintenant détenir 1,3 G$ dans l’agroalimentaire.
La participation de la Caisse de dépôt et placement du Québec fait écho à la volonté du gouvernement québécois d’augmenter son autonomie alimentaire.
L’entente reste soumis à l’approbation des autorités règlementaires.
Le Groupe Bonduelle a affiché des résultats financiers en baisse pour juillet et décembre 2021, entre autres en raison de ses activités de légumes frais en Amérique du Nord. Fin septembre, le groupe avait expliqué avoir lancé un «plan de redressement musclé» de cette activité déficitaire, en raison notamment de la difficulté à trouver et conserver la main-d’œuvre. Bonduelle a aussi évoqué le fait que ses activités pour d’autres marques auraient de plus dépassé celles de ses propres marques, ainsi que les difficultés à poursuivre sa croissance dans le marché nord-américain. L’entreprise française souhaitait se concentrer sur ses marques, mais sans avoir à injecter de fortes sommes pour le marché américain.
Bonduelle a acquis en 2007 le groupe Carrière ainsi que Family Tradition et Omstead Foods en 2009.
Une annonce positive pour les producteurs de légumes
Pascal Foret, président des Producteurs de légumes de transformation du Québec, semblait tout sourire à l’autre bout du fil. Interrogé sur la réaction des producteurs à l’annonce, il a indiqué qu’elle mettait fin à un processus qui, sans avoir nécessairement été préoccupant, assurait une continuité des activités au Québec. Il voit également d’un bon oeil l’arrivé de deux joueurs de la taille de la CDPQ et du Fonds de solidarité de la FTQ. « La prise de décision va demeurer à Montréal. On espère que le moment venu, charité bien ordonnée fasse que les autorités vont favoriser les activités ici. »
Actuellement, 242 entreprises agricoles sont associés à Bonduelle, représentant plus de 25 000 acres en production pour le pois, les haricots et le maïs sucré.
La décision de Bonduelle n’est pas surprise en soi puisque le président des activités au Canada avait déjà signalé aux producteurs en décembre dernier, lors de leur assemblé générale, leur intention de recentrer leurs activités, trop impliquées dans les marques privées au détriment de la marque maison. Au cours des ans, la société française a maintenu de bonnes collaboration avec les producteurs, mentionne M.Forest, lui-même producteur de haricots. Des investissements ont eu lieu dans les usines, mais certains projets avaient été mis sur la glace, tel que celui d’un tunnel de refroidissement pour les légumes.
M.Forest indique par ailleurs que le partenariat s’accompagnera de quelques changements, dont un nouveau nom ainsi qu’un conseil d’administration renouvelé pour la nouvelle entité. Interrogé sur ses attentes vis à vis cette dernière, le président affirme que le syndicat serait prêt à en faire plus et profiter de la vague de l’achat local et de l’engouement pour les produits plus nichés. Il donne en exemple les edamames. Ceux vendus au Québec proviennent de l’extérieur. Des tests ont eu lieu pour vérifier la faisabilité d’une production locale et les producteurs sont prêts à répondre à l’appel. M.Forest souhaiterait bien échanger avec les deux partenaires québécois et voir quels sont leurs plans de match. Les capacités sont restreintes en ce moment, mais les possibilités sont grandes, tant du côté des installations que de la diversifications des produits transformés, plaide le producteur. « On est toujours prêt à collaborer. On veut que ça avance. »