Entrepreneur en drainage souterrain depuis plus de 50 ans, Normand Poirier en connaît beaucoup sur l’histoire récente du drainage. En présence de la consultante en génie de l’environnement Suzelle Barrington qui a rédigé un article à paraître sur l’histoire du drainage, il nous raconte l’histoire familiale du drainage et de l’époque.
« Je suis venu au monde là-dedans et j’ai toujours aimé ça », raconte Normand Poirier, dont le fils, Simon, est dorénavant le président de la compagnie NMP Golf qui portait autrefois le nom de Marcel Poirier et fils. Marcel était le père de Normand et celui-ci est l’ainé de cinq frères qui ont tous fait partie de l’organisation à partir de 1972.
Normand Poirier n’avait que 12 ans en 1966 lorsqu’il passait ses étés à placer les tuyaux d’argile dans les tranchées. Le 4 janvier 1972, il commence à temps plein dans l’entreprise familiale avant d’en prendre la direction en 1975. Il a une trentaine d’employés sous sa responsabilité.
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De Marc à Normand Poirier
L’histoire de la compagnie a commencé lorsque l’oncle de Normand, Marc Poirier, a fait drainer sa terre par le ministère l’Agriculture du Québec (MAPAQ). Il était tellement passionné par le drainage qu’il a appris à chauffer la machine et il a commencé à travailler pour le ministère en 1953.
En 1965, le ministère ne fournit pas à drainer les terres. Des entrepreneurs privés se lancent dans le drainage. Marc Poirier décide alors d’acheter deux vielles machines. Avec les deux machines, il bricole et réussi à en mettre une en service avec un beau-frère au volant. Ses patrons lui demandent alors de choisir entre son emploi au ministère et son entreprise. En 1966, il vend les machines à Marcel Poirier, son beau-frère, et lui montre comment les faire fonctionner. En 1973, la compagnie devient Marcel Poirier et fils.
La technologie progresse très rapidement, que ce soit du côté des tuyaux de plastique dès 1966 que des fendeuses ou taupes dès 1972, qui remplacent dorénavant les tranchées faites à la main, et la présence de lasers depuis 1970. « Ce qui a fait que la taupe a été acceptée, c’est les lasers », raconte Normand Poirier. Il ajoute même que c’est dans le secteur agricole que les lasers ont trouvé leur première utilité, bien avant le domaine de la construction. Dorénavant, au lieu de placer des jalons et de les déplacer au fur et à mesure, il ne suffisait que de suivre le laser.
Dans les années 1960, il est possible de drainer 3000 pieds de long par jour. En 1972, la cadence s’accélère à 30 000 pieds de long par jour avec une fendeuse.
Avec la multiplication des compagnies de drainage qui sont beaucoup plus efficaces et rapides, les agriculteurs délaissent les services du ministère de l’Agriculture. Même Marc Poirier a délaissé le ministère pour fonder sa compagnie qu’il revend en 1975 et qui existe encore sous le nom de Drainage Ostiguy 1975.
En 1986, le ministère ne subventionne plus le drainage. « Tout l’hiver 1986-1987, on essaie de trouver des clients et par hasard, on tombe sur deux ou trois terrains de golfs intéressés », raconte Normand Poirier. C’est ainsi que l’entreprise développe ce nouveau secteur. L’entreprise s’est ainsi mise à travailler des terrains de golf un peu partout en Amérique du Nord. Ça fonctionne tellement bien qu’en 2005, la division drainage agricole est vendue avec une clause lui permettant de repartir dans ce domaine.
L’arrivée des capteurs de rendement en 2013 a amené un second souffle au drainage souterrain. Les gens se sont mis à doubler les drains. Avec les capteurs de rendement, les gens se rendaient compte que les rendements étaient plus importants au-dessus des drains. « Le drainage a parti en fou », raconte Normand Poirier. Son entreprise a redémarré dans le drainage agricole
Aujourd’hui, autant Normand Poirier que Suzelle Barrington expliquent qu’il existe encore des tuyaux de terre cuite sur certaines fermes, surtout les tuyaux collecteurs qui ont été installées en terre cuite dans les années 1970. Aujourd’hui, certains de ces tuyaux sont remplacés. « Il y en a encore et ça fonctionne bien. Ils ne sont pas tous écrasés », dit Normand Poirier.
Le prochain article s’attardera sur la draineuse achetée par le ministère de l’Agriculture en 1912.