La dernière chance pour semer le blé d’automne

Publié: 29 septembre 2022

Champ de blé d'automne chez le producteur Maurice Chauvin.

Le mois de septembre, qui touchera bientôt à sa fin, a offert peu d’occasions de réaliser les semis de blé d’automne. La pluie abondante et les températures fraîches n’ont pas été propices à procéder aux semis, sauf pour ceux dont les terrains étaient déjà prêts. Les autres travaux dans les champs ont également été affectés, que ce soit la récolte du maïs-ensilage ou le soya.

La fenêtre idéale de semis se trouve déjà derrière nous. Habituellement, les experts recommandent de semer le blé d’automne avant la mi-septembre. On peut s’interroger à savoir si les chances sont maintenant davantage contre les producteurs qui iraient de l’avant.

Denis Marois, responsable des essais pour les céréales d’automne au Réseau grandes cultures du Québec (RGCQ), indique que les automnes de plus en plus chauds permettent de semer au-delà des dates préconisées. « Jusqu’au 1er octobre, c’est encore possible. On annonce une fenêtre de beau temps de plusieurs jours qui devrait aider, mais cette semaine est la dernière chance pour semer le blé d’hiver. » Les nuits vont devenir tranquillement de plus en plus froides, ajoute-il. La plantule du blé a alors tendance à geler, ce qui l’amène à presque se « projeter » en dehors du sol, entraînant la mort du plant, explique Denis Marois. Il ajoute que ces observations s’appliquent à la zone comprenant la Montérégie. Des semis tardifs auraient beaucoup moins de chances de traverser l’hiver ailleurs en province.

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Une très bonne année pour les céréales d’automne

Le conseiller du RGCQ confirme d’ailleurs l’excellente année affichée par les céréales d’automne pour 2022, selon les données recueillies dans les cinq parcelles participant aux tests de l’organisme. Le rendement moyen dans le blé d’automne est de 7,9 t/ha contre une moyenne de trois ans (2019-2021) de 6,2 t/ha. Les parcelles de Saint-Hugues et de Notre-Dame-de-Saint-Hyacinthe ont même enregistré un rendement moyen de 8,5 t/ha. La qualité du grain est semblable à l’année dernière (80,3 contre 79,2 en 2021 pour le PHL et PMG).

Le seigle d’automne a suivi la même tendance. Le rendement moyen se situe à 9,2 t/ha par rapport à 7,8 t/ha pour la moyenne des trois années précédentes. Les parcelles de Saint-Augustin et de Princeville ont les meilleurs résultats à 10,1 t/ha. La qualité du grain s’est avérée être dans les moyennes (74,8 contre 73,5 en 2021 pour le PHL et PMG).

Denis Marois souligne que les seigles hybrides ont affiché un rendement de 10,4 t/ha, soit un rendement supérieur à 135 %, comparativement aux seigles conventionnels (7,7 t/ha) cette année. Le conseiller précise que le taux de semis se situe à 365 grains au mètre carré pour le seigle conventionnel, contre 200 grains pour l’hybride. Davantage de parcelles seront testées l’année prochaine pour ce type de seigle.

L’année 2022 se distingue aussi en ce qui a trait aux maladies. Comme indiqué par de nombreux producteurs, la fusariose a été abondante, ce que confirme le RGCQ. La période de la floraison des céréales a été propice cette année aux risques d’infection selon les modèles prévisionnels, contrairement aux années précédentes. Les essais effectués à Beloeil et à Princeville ont reflété la situation avec un niveau élevé de fusariose, ce qui a été confirmé lors des essais agronomiques (infections naturelles).

La rouille brune a également été abondante. Le RGCQ a aussi noté la présence de cas d’oïdium, bien que moins visible qu’en 2021, alors que 2022 s’en tient à une année typique pour les taches foliaires. La verse a, pour sa part, été légère dans le seigle et minime dans le blé d’automne.

Cliquez ici pour consulter les données 2022 des parcelles du RGCQ.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Céline Normandin

Céline Normandin

Journaliste

Céline Normandin est journaliste spécialisée en agriculture et économie. Elle collabore également au Bulletin des agriculteurs.