Le foin de commerce est rentable au Québec

En 2020, 4522 entreprises déclaraient des revenus de la vente de fourrage

Publié: 31 janvier 2023

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Le foin de commerce est rentable au Québec

Une étude du Centre d’études sur les coûts de production en agricutlure (CECPA) s’est penchée sur l’industrie somme toute jeune du foin de commerce au Québec afin d’en dresser le portrait. Les conditions météo aidant, le secteur s’est développé dans les dernières années face à une demande croissante. Si le phénomène a pris de l’ampleur, il était difficile de savoir à quoi ressemblait les acteurs dans ce milieu.

Selon les données sur les exploitations agricoles du Québec, 4522 entreprises déclaraient en 2020 des revenus de la vente de fourrage, dont 1466 comme étant leur principale source de revenus.

Les entreprises retenues dans l’étude devaient répondre à certains critères: une superficie de culture en foin aux fins de commerce d’au moins 30 hectares, des revenus supérieurs à 50 000$ en lien avec cette activité et être en activité depuis plus de deux ans dans ce secteur. Au total, 125 entreprises répondaient au profil et 21 d’entre elles ont participé à l’étude.

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Un peu moins de la moitié, 49%, cultivent sur une superficie supérieure à 100 hectares (ha). Trois régions regroupent 61% des producteurs en foin de commerce, soit la Montérégie, Lanaudière et la Montérégie. La moyenne d’âge des exploitants est de 53 ans et la majorité des entreprises sont en activité depuis plus de 30 ans, mais font du foin de commerce depuis moins de 10 ans. La production de foin arrive souvent à la suite d’un changement, après avoir été en production laitière tandis que l’intérêt pour le commerce est motivé par une meilleure gestion du temps et les revenus viennent en tête de liste des raisons pour devenir commerçant.

L’étude du CECPA révèle aussi des données intéressantes sur caractéristiques des entreprises elles-mêmes. Elles cultivent en moyenne 185 ha, dont environ la moitié en location. Les entreprises de l’échantillon réalisent un chiffre d’affaires moyen de 501 316 $ et 50% des revenus proviennent de cette activité. Les petites balles sont de loin la méthode la plus utilisée avec une moyenne de 27 595 balles par entreprise

L’étude a d’ailleurs révélé qu’une très grande proportion du volume (87 %) de foin sous le format de petites balles est destiné à l’exportation et que le volume autoconsommé est minime (3 %). Les balles rondes sont presque en totalité écoulées sur le marché local (96 %). Quant aux grosses balles carrées, leur répartition sur les marchés est plus diversifiée que pour les autres formats avec 45 % à l’export, 33 % sur les marchés locaux, le reste étant autoconsommé.

Les revenus proviennent principalement de la première coupe de foin mais les entreprises qui peuvent en réaliser trois, surtout dans les régions centrales, s’en tire mieux financièrement. Sur une superficie moyenne de 138 ha, le rendement de foin est estimé à 6,3 tonne, à 85% de matière sèche.

Les producteurs peuvent solliciter les services d’un commerçant pour la mise en marché. D’après l’échantillon, plus de 60 % des entreprises de foin de commerce ont recours à ce service pour la mise en marché de leur production. En général, ce service est utilisé pour le foin commercialisé à l’étranger, alors que la vente sur les marchés locaux est davantage directe. Dans les faits, très peu d’entreprises mettent elles-mêmes en marché leur foin à l’étranger.

Pour les 21 entreprises retenues pour calculer le coûts de production, le produit moyen se situait à 265 691 $ par rapport à des charges de 113 167$. Transposé sur une superficie cultivée de 138 ha, la mage bénéficiaire est de plus de 49 000$, ou 171$ par ha fauché ou 56$ la tonne par matière sèche (85%).

Source: CECPA

L’étude s’attarde sur le niveau de rentabilité des entreprises, les coûts de production, les heures travaillées et l’ensemble des dépenses encourues chez les commerçants. Elle note d’ailleurs que le niveau de rentabilité devrait être affecté par la hausse du prix des intrants, avec un impact important sur la marge bénéficiaire. Il faut aussi tenir compte que l’abondance de foin au Québec réduira la demande, donc un maintient des prix sur le marché.

Pour ceux qui aimeraient parcourir l’étude d’une trentaine de pages, cette dernière est disponible en ligne.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Céline Normandin

Céline Normandin

Journaliste

Céline Normandin est journaliste spécialisée en agriculture et économie. Elle collabore également au Bulletin des agriculteurs.