
*Plusieurs régions du Québec sont aux prises avec d’énormes quantités de précipitations.
- On se prépare pour aller faire une coupe et puis, une averse énorme tombe, sans avoir été prévue. La coupe est alors encore une fois remise.
- Une culture d’avoine\pois grainée avec des plantes fourragères en-dessous est couchée, en gousse mais ne peut être ramassée.
- La troisième coupe a été faite dans certains champs, mais la deuxième tarde encore dans d’autres.
- Des traces de machinerie remplies d’eau sont nombreuses dans le paysage.
Bref la situation pour les prairies n’est pas du tout évidente !
Une des questions qui est souvent posée ces derniers jours est que faire avec ces plantes fourragères qui n’ont jamais été ramassées et qui sont beaucoup trop matures maintenant. Devrait-on forcer et les enlever? Ma première réponse est sans aucun doute : en as-tu besoin? Si oui, va les prendre. Si tu penses être correct en volume, ça dépend ! Et oui, cette fameuse réponse d’agronome! Mais il faut bien réfléchir, car plusieurs facteurs entrent alors en jeu.
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Les conditions actuelles exigent une grande flexibilité et une prise de décision rapide pour un apport en fourrage suffisant. Voici quelques recommandations de nos experts.
Tout d’abord, est-ce qu’il y a un risque que les plantes fourragères forment un tapis trop dense pour que le printemps prochain, les jeunes poussent meurent en-dessous? Ce ne serait pas la première fois qu’une coupe laissée au champ à l’automne, surtout constituée majoritairement de graminées, comme du ray-grass, étouffe la petite plantule de luzerne qui essaie de se réveiller au printemps suivant. Si c’est une première année de production, la survie devient alors probablement le premier critère à considérer. On devrait essayer dans ce cas de prendre cette coupe. S’il s’agit d’un vieux champ, cette question devient alors secondaire.
En plus de la survie, qui peut être affectée, la qualité du fourrage l’an prochain risque d’être diminuée si on laisse toute cette biomasse au champ. En effet, il sera difficile de ne pas ramasser les résidus en décomposition lors de la première coupe.
On peut décider d’aller hacher (ensiler) directement au champ et ainsi faire un engrais brun dès que possible. Cette technique procure plusieurs avantages, comme conserver une température du sol plus chaude pendant l’hiver et ainsi augmenter les chances de survie des espèces fourragères. Elle peut également aider à empêcher les mauvaises herbes de s’implanter rapidement au printemps. Il y a quand même certains inconvénients au hachage. Il faut considérer le coût de la machinerie, le temps investi, le compactage potentiel sur les sols humides et la possibilité que l’ensileuse dépose le résidu brun en une bande épaisse, ce qui peut étouffer certaines des plantes en dessous.
Si l’eau nous empêche encore d’aller au champ et qu’on décide de ne rien faire, les résidus en décomposition cet hiver créeront de la matière organique. Certains éléments nutritifs prélevés par la plante retourneront alors au sol. On n’est pas si perdant, surtout si par exemple, on pense faire une rotation avec du maïs en 2024 !
Une chose est sûre, la situation n’est pas facile et nécessite une bonne réflexion!
*Texte réalisé en collaboration avec le Conseil québécois des plantes fourragères. Les propos exprimés dans le texte relèvent toutefois de l’auteur et n’engagent pas le CQPF.
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