Les cultures en relais: un modèle rentable confirme le CÉROM

Le CÉROM souhaite d’ailleurs inciter plusieurs producteurs à se joindre au projet

Publié: 9 octobre 2024

Les champs de culture en relais de la Ferme Agri-Benco

Le potentiel des cultures en relais (relay intercropping) est connu depuis de nombreuses années, mais peu de tests ont été faits sous nos latitudes. Le Centre de recherche sur les grains (CÉROM) s’est attaqué à la question afin de vérifier la viabilité de la pratique, mais surtout, son potentiel économique. Après quelques années d’essais, dont un réalisé sur une ferme, les résultats démontrent qu’elle est possible au Québec, mais également économiquement viable.

Un atelier vitrine le 5 septembre dernier a présenté les résultats d’une culture en relais comprenant le blé d’automne et le soya, obtenus dans la dernière année sur les terres de la Ferme Agri-Benco, située à Farhnam. En raison des difficultés liés aux semis ce printemps, les autres fermes intéressées n’ont pu démarrer l’essai, mais le bilan actuel à la Ferme Agri-Benco confirme ce que le CÉROM avait obtenu dans ses parcelles d’essais, soit des rendements au rendez-vous, autant pour le blé que le soya.

« La technique permet d’augmenter les revenus des producteurs. Elle est bénéfique d’un point de vue agroenvironnemental grâce au blé qui aide à la conservation des sols en apportant une couverture durant l’hiver, ainsi que pour les aspects relatifs à la structure du sol, l’érosion et la fertilité », explique Marie Bipfubusa, chercheuse en régie des cultures au CÉROM.

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Marie Bipfubusa a été la cheffe d’orchestre du projet depuis ses débuts en 2019. Elle raconte que l’idée soumise au départ par les Producteurs de grains du Québec (PGQ) comportait plusieurs défis techniques, dont la bonne façon de semer le soya sans écraser le blé et réaliser la récolte sans endommager le soya.

Le projet a dû déterminer trois points importants. Le premier concernait la configuration des deux cultures, le deuxième le type de cultivar et de port du soya et en dernier lieu, le cultivar de blé.

Quatre configurations ont été testées, chacune avec des intervalles différents, allant de 15 à 30 pouces, ou encore des semis faits en rangs doubles ou triples. La Ferme Agri-Benco a décidé d’implanter deux configurations, une comprenant le soya aux 30 pouces, intercalé de trois rangs de blé et une autre de deux rangs de blé jumelés à un rang de soya aux 30 pouces.

Constats

Plusieurs constats ont émergé, autant des essais réalisés par le CÉROM qu’à la ferme. Dans une grande superficie, les équipements de précision ont grandement aidé lors du semis de soya au printemps. La table de la moissonneuse-batteuse a été ajustée pour ne recueillir que la gerbe de blé et une membrane peut être ajoutée pour éviter d’abîmer le soya.

Dans les aspects techniques, le soya buissonnant à maturité régulière donne les meilleurs résultats, alors que le taux de semis correspond à un ensemencement dans un champ pur. Seul un fertilisant pour le blé d’automne a été nécessaire et le contrôle des mauvaises herbes n’a pas causé de souci. Le moment le plus critique survient lors de l’émergence du soya qui doit avoir suffisamment de place pour croître face à la compétition que pourrait causer le blé.

Marie Bipfubusa avance que le soya prend toute son ampleur après la récolte de blé, tandis que la céréale dispose de plus de place dans le champ pour s’exprimer dans la culture en relais. Quant au choix du cultivar,« il faut éviter les extrêmes et choisir selon le plein potentiel de rendement ». La récolte de soya n’a pas encore eu lieu à la Ferme Agri-Benco, mais on anticipe des rendements comparables à ce qui aurait été obtenu en champ pur, affirme la chercheuse.

Les résultats de la culture en relais ont tellement plu à des producteurs présents lors de l’atelier que certains d’entre eux ont confirmé qu’ils en feraient l’essai dès cette année. Le CÉROM souhaite d’ailleurs inciter plusieurs producteurs à se joindre au projet afin d’élargir les essais et de recueillir plus de données pour mieux comprendre les clefs de sa réussite. « Les producteurs sont les mieux placés pour relever les défis et avoir les réponses aux questions de la culture en relais, indique Marie Bipfubusa.  Il faut inventorier les défis, mais cela mène à innover et en bout de compte, rendre la technique plus performante. »

À PROPOS DE L'AUTEUR

Céline Normandin

Céline Normandin

Journaliste

Céline Normandin est journaliste spécialisée en agriculture et économie. Elle collabore également au Bulletin des agriculteurs.