Une serre islandaise qui déjoue les hivers sombres

À l'été 2024, notre collaboratrice Julie Roy s'est rendue en Islande

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Publié: 20 mars 2025

Toute l’année, la Ferme Friðheimar reçoit les visiteurs. Ils sont nombreux à faire le détour puisque pas moins de 250 000 clients sont accueillis tous les ans.

Au Bulletin des agriculteurs, nous avons une belle équipe d’aventuriers toujours curieux d’aller à la découverte de l’agriculture à l’étranger. À l’été 2024, notre collaboratrice Julie Roy s’est rendue en Islande et y a visité une serre qui déjoue les hivers longs et sombres. Photoreportage.

Sur place, les convives sont invités à vivre une expérience assez unique. À même les serres, ils peuvent déguster un repas constitué de soupe de tomates et de pain accompagnés d’autres spécialités.

À elle seule, la Ferme Friðheimar est responsable de 40 % de la production de toute l’Islande. Tous les ans, ce sont 700 tonnes de tomates qui sont ainsi récoltées, ce qui en fait le plus gros vendeur de tomates de tout le pays.        

L’Islande regorge de sources d’eau chaude. Ici, l’un des sites les plus célèbres d’Islande nommés l’une des 25 merveilles du monde par National Geographic en 2012, le Blue Lagoon. Son eau de mer géothermique unique provient de la centrale géothermique de Svartsengi toute proche.

Kristján Geir Gunnarsson, responsable marketing et qualité, explique que la Ferme Friðheimar utilise elle aussi cette forme d’énergie. Le forage est à 200 m de la serre et l’eau est d’environ 95° lorsqu’elle y entre. Afin de permettre au maximum de lumière solaire de pénétrer, les vitres n’ont que 4 mm d’épaisseur et il faut donc une grande quantité d’eau chaude, soit environ 200 000 tonnes par an.  

L’Islande possède une électricité verte abondante générée par des centrales hydroélectriques et géothermiques. La Ferme Friðheimar compte 10 serres qui couvrent une superficie de 10 000 m2. Elle utilise des lampes de culture dans les serres pour assurer une production toute l’année. L’énergie électrique utilisée à la ferme est d’environ 2,5 mégawatts, ce qui équivaut à l’usage domestique d’une ville de 7000 habitants. Depuis janvier, la ferme a ajouté la culture de fraises à ses productions, ce qui fera passablement augmenter sa consommation.

Pour améliorer la photosynthèse, la ferme utilise près de 400 tonnes de dioxyde de carbone dérivé de la vapeur naturelle. La ferme n’est pas le seul endroit à recourir aux avantages de ses eaux chaudes. La ville d’Hveragerdi, situé à 40 minutes de Friðheimar, est l’un des seuls endroits au monde où toute une population entière est établie dans une région géothermique active.

De nombreux producteurs, dont ceux de la Ferme Friðheimar, utilisent du tuf volcanique tel que la pierre ponce du Mont Hekla comme substrat de culture qui peut être utilisé pendant plusieurs années. La culture dans de la pierre ponce rend plus simple le contrôle de l’humidité. Uniquement l’an dernier, sept éruptions volcaniques ont eu lieu dans le pays. Ici, le paysage une semaine après l’irruption du volcan Sundhnjukagigar.  

Chaque serre est équipée d’un système informatique de contrôle de la température, de l’humidité, du dioxyde de carbone et de l’éclairage. Les installations horticoles totalisent environ 5000 m² sous verre, dont environ 4200 m² sont utilisés pour la culture. Même si les convives peuvent manger dans l’une de ces serres, l’hygiène est primordiale pour l’entreprise. Il est formellement interdit aux visiteurs de toucher les tomates et c’est l’une des raisons pour laquelle les principaux lieux de production sont séparés de la partie publique.

Les activités à Friðheimar ont commencé en 1946. En 1995, les actuels propriétaires, Knútur Rafn Ármann et Helena Hermundardóttir, ont acheté Friðheimar. Depuis, l’entreprise s’est diversifiée. En plus, de l’expérience culinaire, de la visite des serres, le couple a ajouté un bar à vin en 2023 à son offre. Pour arriver à tout conjuguer, l’entreprise emploie 85 personnes, mais elle connaît, elle aussi, des difficultés de recrutement, ce qui l’oblige à embaucher des travailleurs étrangers qui viennent pour la plupart de Pologne et de la République tchèque.

Les élevages de chevaux et de moutons sont des activités agricoles courantes en Islande. Friðheimar ne fait pas exception. Les concours hippiques et l’élevage de chevaux sont d’autres activités clés de la ferme. L’objectif est d’élever des chevaux volontaires, beaux, avec un bon cou, des épaules et un bon tempérament. Durant les mois d’été, Friðheimar organise son propre spectacle équestre «Rencontre avec le cheval islandais». Le spectacle offre un aperçu de l’histoire de la race de cheval, introduite en Islande par les premiers colons scandinaves vers 900 après J.-C.

La ferme est située à environ 30 minutes de la célèbre cascade de Gullfoss, signifiant en français «les chutes dorées».

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