Une recherche sur la grippe aviaire chez les humains

Un chercheur d'Ottawa cherche à recruter 100 travailleurs agricoles

Publié: il y a 1 jour

Homme tenant un poulet dans un poulailer

Un virologue de l’Université d’Ottawa débute un projet de recherche pour mieux comprendre la transmission du virus de l’influenza aviaire chez les humains. Pour cela, il sollicite la participation de 100 travailleurs agricoles au Québec et en Ontario.

Le professeur Marc-André Langlois de la Faculté de médecine de l’Université d’Ottawa dirige ce projet de recherche dans le but de mieux comprendre le virus de la l’influenza aviaire H5N1. La détection de ce virus a été très médiatisé dans les dernières années, en particulier l’année dernière avec la multiplication de cas d’infections chez les bovins laitiers aux États-Unis.

Virologue, Marc-André Langlois a un historique de recherche sur les virus. Avant la pandémie, il travaillait sur le virus responsable du SIDA, puis, durant la pandémie, sur le SARS-CoV-2 responsable de la Covid-19.

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La propagation du virus de la grippe aviaire H5N1 chez les bovins laitiers l’an dernier l’a amené à faire une demande de subvention pour étudier ce virus. « Lorsqu’on voit un virus en train d’infecter des animaux d’espèces différentes, pour nous, virologues, c’est un signal d’alerte comme quoi le virus est en train d’évoluer », explique-t-il.

« Le virus essaie de trouver de nouveaux réservoirs d’animaux pour pouvoir se propager. Et c’est ça qui a sonné l’alarme auprès des virologues. On vient de sortir d’une pandémie. On n’en veut pas une autre. Et ce virus-là a le potentiel d’être un virus pandémique, mais on n’est pas rendu là. Le virus n’a pas le potentiel de transmission d’humain à humain. C’est pour ça que c’est un moment idéal pour étudier le virus. »

Durant les 15 à 20 dernières années, il y a eu environ 900 infections chez les humains. « Certaines souches de ces virus H5N1 ont la capacité de causer la mortalité de 50% des personnes infectées », explique le chercheur.

Pour la souche ayant infecté les vaches laitières, environ 10% des humains infectés en sont décédés. « Donc, c’est un virus très très dangereux lorsqu’il saute dans les humains », dit le virologue.

Or, très peu de recherche ont été menées pour comprendre la transmission du virus chez l’humain. Le Dr. Langlois explique qu’il y en a eu une aux États-Unis, mais sur des vétérinaires, pas sur les travailleurs qui sont les plus exposés au virus.

Selon le chercheur, des gens travaillant directement avec la volaille ont possiblement déjà été exposés au virus sans le savoir.

Étude

Le chercheur souhaite donc recruter 100 travailleurs agricoles qui accepteront volontairement de participer au projet pendant 10 mois. Tous les deux mois, les participants devront faire un prélèvement de sang séché et de salive qu’ils retourneront au laboratoire. Des vidéos expliquent comment prendre les échantillons.

Tout le matériel est fourni et les boîtes de retour sont déjà préadressées et préaffranchies. En échange, les participants reçoivent une carte-cadeau de la chaîne de restaurants St-Hubert ou Chalet Suisse.

L’échantillon sanguin est pris à l’aide d’une goutte de sang au bout du doigt, comme le test de glycémie pour les diabétiques. La goutte sera déposée sur un carton prévu pour cela.

Cet échantillon sanguin permettra, par l’analyse des anticorps, d’évaluer si la personne a déjà été exposée au virus H5N1.

L’échantillon de salive permettra de détecter si la personne a le virus actif dans les voies respiratoires. Marc-André Langlois explique que, tout comme pour la Covid, la personne peut avoir le virus actif sans démontrer de symptômes.

Si la personne déclare dans son formulaire qu’elle a des symptômes d’infection respiratoire, plusieurs pathogènes seront détectés pour vérifier la source de l’infection. Si le test est positif au H5N1, l’équipe vérifiera, à l’aide des anticorps présents dans l’échantillon sanguin si les anticorps ont la capacité de combattre efficacement le virus.

Les participants recevront les résultats d’analyses au fur et à mesure du projet. Un rapport final est prévu à la fin de 10 mois.

Marc-André Langlois explique que certains producteurs agricoles lui ont déjà signifié qu’ils refusaient de participer parce qu’en cas de test positif pour l’échantillon de salive – pour le virus actif – les chercheurs sont tenus de le déclarer à Santé Canada. L’influenza aviaire est une maladie à déclaration obligatoire.

Il souligne toutefois l’importance de ce projet de recherche pour la meilleure compréhension du virus. Il se demande si les travailleurs ayant déjà été exposés au virus ont un plus grand potentiel de démontrer une meilleure protection en cas d’infection par un virus plus sévère.

Toute personne intéressée à participer au projet, ou tout simplement curieuse d’en connaître davantage, peut suivre ce lien vers le projet de recherche. Les chercheurs ont jusqu’au 24 septembre pour recruter les 100 participants.

Cette étude est financée par le Centre de recherche sur la préparation aux pandémies et les urgences sanitaires des Instituts de Recherche en Santé du Canada (IRSC)

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À PROPOS DE L'AUTEUR

Marie-Josée Parent

Marie-Josée Parent

Agronome et journaliste

Marie-Josée Parent couvre les productions laitière, bovine, avicole et porcine au Bulletin des agriculteurs.