La sécheresse qui sévit depuis plusieurs semaines et les températures élevées commencent à avoir d’importantes conséquences pour les cultures. Des pertes de rendements sont quasi certaines pour cette année, bien que le niveau devrait dépendre des régions, selon les conditions de croissance enregistrées depuis le début de la saison.
Selon Maurice Cadotte, agronome à Agro-Centre où il est responsable de la région de Saint-Hyacinthe, la situation semble empirer à mesure que l’on s’éloigne de Montréal. « À Varennes et à Verchères, c’est encore pas si mal, mais dépassé Saint-Hyacinthe, dans les environs de Saint-Germain et Saint-David, c’est vraiment ordinaire (…) À tous les jours, on perd du potentiel de rendement », dit-il.
L’année 2025 est une de ces années où la régie de champ et l’attention aux détails feront la différence dans les rendements, estime l’agronome. « Il y a toujours une année difficile en grandes cultures et on est en train de la vivre. Celui qui a fait attention à sa matière organique, à son pH, à la compaction et qui a maintenu une bonne structure de sol va voir la différence dans son rendement », ajoute-t-il.

Difficile pour le maïs-ensilage
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Le maïs-grain ne connaîtra certainement pas sa meilleure année, mais la situation est vraiment difficile pour le maïs-ensilage. À certains endroits, les croix viennent à peine de sortir, ce qui pourrait faire avorter les grains. Il risque donc d’avoir peu de matériel à ensiler, craint l’agronome. Il recommande aux producteurs de suivre les champs de près afin de s’assurer de récolter un certain volume.
« Il va falloir trouver le bon taux d’humidité pour récolter (…) Si on constate que les plants sont en train de mourir, il faudra agir. Des producteurs en Ontario (qui vivent les mêmes conditions sèches) ont commencé à récolter. C’est sûr que ça va coûter plus cher cette année en intrants pour compenser », indique l’agronome.
Difficile à dire pour le moment quelle culture entre le soya ou le maïs s’en tire le mieux. En théorie, le soya a besoin de moins d’eau, mais le maïs est une plante tropicale qui a les attributs pour mieux réagir.
Conséquences du printemps humide et froid
Les conséquences de cet épisode de sécheresse sont également difficiles à évaluer pour la suite des choses, puisque plusieurs facteurs entrent en ligne de compte. Les semis ont été compliqués dans plusieurs régions en raison des conditions humides et froides, ce qui a fait décaler les dates de semis habituelles. Les plants ont développé des racines en surface, ce qui les expose encore davantage au temps sec.
« Si on avait connu de la sécheresse dès le début de la saison, les racines se seraient développées pour aller en profondeur. Mais les racines sont actuellement très superficielles, ce qui empire la situation. Il n’y a aussi aucune humidité conservée au sol, contrairement à il y a dix jours », explique Maurice Cadotte.
Certains hybrides tardifs pourraient mieux s’en tirer, puisqu’ils auraient plus de temps pour déployer leur potentiel dans de meilleures conditions, mais encore là, si les fleurs dans le soya ne peuvent être pollinisées, elles n’aboutiront tout simplement à rien. « Il risque aussi d’y avoir des gousses à moitié vides ou avec de petits grains », indique l’agronome.
Seule consolation au tableau, des maladies comme la sclérotinia ou la tache goudronneuse posent moins de risques, comparativement au mois précédent. La prudence demeure de mise par contre puisque des cas de taches goudronneuses ont été répertoriés dans la même région où elle avait été observée l’an dernier, dans le Centre-du-Québec, d’où la nécessité de marcher les champs. La maladie a besoin de plus de sept heures de conditions humides et des températures en deçà de 25 degrés Celsius pour se développer.
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