Face à du gel hivernal dans les luzernières ou encore une sécheresse prolongée, comme cet été, quelles sont les solutions pour les producteurs qui ont besoin d’un fourrage de qualité et en abondance?
Philippe Séguin, professeur en Sciences de l’agriculture et de l’environnement à l’Université McGill, a présenté lors de la Journée à foin le résultat de deux recherches sur l’utilisation des plantes-abris lors de l’implantation des prairies dans un contexte de changements climatiques. L’idée était d’explorer leur apport afin de contrebalancer les effets des changements brusques de la météo durant toute la saison des fourrages.
Selon la stratégie avancée par l’équipe du professeur Séguin, les plantes-abris sont des annuelles établies avec des espèces pérennes, utilisées pour réduire la pression des mauvaises herbes, augmenter les rendement en fourrages et contrer l’érosion.
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Quatre groupes de plantes abris ont servi aux essais, soit des céréales, des fourragères, des graminées de saison chaude et des légumineuses à grains (ou oléagineuses).
Trois principaux scénarios ont été appliqués afin d’analyser l’apport des plantes-abris: une mortalité hivernale de la luzerne, un mauvais établissement de la prairie et un rendement insuffisant en cours de saison.
Avec les changements climatiques, le verdict d’un problème survenant dans la prairie tombe à des moments différents, ce qui peut nécessiter des semis à des périodes diverses durant la saison. Dans les trois scénarios, les plantes-abris se veulent des solutions à court et à ong terme.
La première étude a comparé le potentiel de rendement et la valeur nutritive de six espèces d’annuelles et leur impact sur les plantes pérennes dans les années de l’essai. Trois sites ont été utilisés (McGill, Saint-Augustin-de-Desmaures et La Pocatière) avec trois dates de semis et sept traitements de plantes abris.
L’impact sur la suppression des mauvaises herbes a été significatif sur le volume, surtout dans le cas où l’herbe de Soudan a été utilisée. La valeur nutritive s’en est toutefois ressentie, particulièrement dans les parcelles avec du millet, de l’avoine et l’herbe de Soudan.
L’équipe a de plus observé un effet marqué dans les années post-semis sur les plantes principales avec une suppression importante de ces dernières. L’effet a cependant été variable selon l’environnement et la date de semis. Plus d’effets ont été enregistrés avec les plantes les plus productives à cause de la réduction du nombre de tiges dans la luzerne.
Les résultats amènent à la conclusion que les plantes-abris valent la peine si le besoin est élevé en début de saison. Les effets des variétés ne seront pas les mêmes non plus selon les régions, les graminées performant mieux à l’Est de la province.
La deuxième étude a donc cherché à vérifier si la compétition de l’herbe de Soudan sur les cultures pérennes dans les années post-semis pourrait être atténuée avec des dates de semis et un taux de semis différents. Les résultats sur trois ans n’ont pas permis d’établir un scénario clair.
En résumé, l’utilisation d’une plante abri et le choix de la variété ne va pas permettre de répondre à tous les besoins. Tout dépendra de la région et des attentes au niveau de la qualité et du rendement du fourrage.
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