Paris (France), 21 mai 2003 – Devant l’émoi provoqué par l’apparition au Canada d’un cas inexpliqué d’ESB, l’autorité mondiale pour la santé animale, l’OIE, prône des restrictions à l’importation mais pas d’embargo, alors que les États-Unis et plusieurs autres pays ont suspendu leurs importations bovines canadiennes.
A Paris, au siège de l’Organisation internationale des Épizooties, le directeur général Bernard Vallat a admis qu’il s’agissait d’un « événement épidémiologique exceptionnel », pour l’instant inexpliqué. Un tel cas isolé semble d’ailleurs inhabituel.
Pour l’OIE, ce cas unique place le Canada parmi les « pays à risque modéré », ce qui entraîne des restrictions seulement sur certains produits et certains animaux, a indiqué M. Vallat lors d’une conférence de presse.
« Le code sanitaire international prévoit des mesures de précaution: les pays qui les respectent sont en mesure d’éviter l’introduction de la maladie sur leur territoire et de ne pas utiliser des barrières sanitaires injustifiées », a-t-il expliqué.
Les États-Unis, qui achètent 90% des exportations bovines canadiennes, mais aussi les Philippines, l’Australie, le Japon et le Mexique ont pourtant décrété un embargo complet sur les produits bovins canadiens.
M. Vallat a estimé qu’« il n’est pas surprenant qu’un pays, dans l’attente d’informations, prenne des normes extrêmement rigoureuses ». « Mais après une phase de déclarations intervient une phase de négociations qui aboutit à des mesures moins strictes », a-t-il ajouté.
Plus sereine, l’Union européenne n’a pas réagi officiellement. La France, très stricte en son temps face aux importations de Grande-Bretagne, a gardé également le silence.
Il est vrai qu’en Europe, on compte chaque année de nombreux cas d’ESB: outre le millier de cas britanniques, des pays comme l’Irlande, la France, l’Espagne ou l’Allemagne en ont compté plusieurs centaines l’an dernier, et déjà plusieurs dizaines depuis le début de l’année 2003.
Le Canada déploie tous ses efforts pour retracer au plus vite l’histoire de l’animal malade, ce qui pourrait prendre quelques jours ou quelques semaines. En gage de bonne volonté, il a même invité une équipe d’enquêteurs américains.
Les enquêteurs canadiens ont déjà retrouvé et mis en quarantaine 211 bêtes provenant du troupeau où a été découvert le cas de vache folle, des bêtes qui avaient été vendues au Canada dans d’autres fermes.
L’OIE se garde de toute hypothèse sur l’origine du cas d’ESB canadien. Interrogé sur sa possible cause, M. Vallat s’est contenté de répondre: « la question reste ouverte ». Seule piste, l’animal, âgé de 8 à 10 ans, est né avant l’interdiction des farines animales au Canada (1997). Ces farines sont considérées comme le principal vecteur de l’ESB.
Pour l’OIE, ceux qui importent des produits bovins venant des pays « à risque modéré » doivent seulement prendre les précautions suivantes:
- les bovins vivants doivent être nés après la date d’interdiction des farines animales dans l’alimentation du bétail (pour le Canada, 1997, ndlr), ne pas être nés de femelles suspectes ou malades.
- pour les viandes fraîches et les produits carnés, ils ne doivent pas contenir de matière céphalique ou oculaire, ni de moëlle épinière, ni de viande détachée mécaniquement du crâne ou de la colonne vertébrale provenant de bovins âgés de plus de 6 mois. Pour la gélatine et le collagène fabriqué à partir d’os, il faut s’assurer que les os ont été lavés et stérilisés.
L’OIE interdit aussi aux pays à risque modéré d’exporter des produits comme les encéphales, yeux, moëlles épinière provenant de bovins de plus de 6 mois, ni de produits contenants ces ingrédients.
Rien ne doit restreindre en revanche les importations de lait et produits laitiers, ni de semences et d’embryons, ni de cuirs et peaux, selon l’OIE.
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Source : AFP
Site(s) extérieur(s) cité(s) dans cet article :
Office international des épizooties (OIE)
http://www.oie.int/