Inflation et pénuries au radar pour 2022

Publié: 11 janvier 2022

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Alors que la planète entamera bientôt sa troisième année de pandémie, la COVID-19 continue de mêler les cartes en s’insinuant pratiquement partout dans le développement économique à l’échelle nationale et mondiale, rapporte Martha Roberts, rédactrice économique à Financement agricole Canada (FAC). À cela s’ajoute les catastrophes naturelles et la demande qui ne semble pas freiner l’inflation. Et loin de s’être résorbée, la pénurie de main-d’œuvre est toujours présente et créé des zones d’incertitudes au Canada.

À la lumière du contexte actuel, FAC énumère cinq tendances à surveiller: l’inflation et les futures variations des taux d’intérêt, les ennuis actuels avec les chaînes d’approvisionnement, les pénuries de main-d’œuvre, les déséquilibres entre l’offre et la demande et la vigueur de la demande de viande en pleine période d’inflation.

« L’inflation est la première tendance à surveiller en 2022, car elle est à la base de chacune des quatre autres tendances », déclare d’entrée de jeu Mme Roberts. Les mouvements récents du marché obligataire laissent croire qu’un maintient de l’inflation n’est pas prévu. L’analyste estime que les problèmes dans les chaînes d’approvisionnement et la demande mondiale maintiendront l’inflation et une certaine pénurie dans des produits de base clés. Toutefois, les pressions sur l’offre mondiale de pétrole, de gaz et de produits agricoles devraient s’atténuer. Le variant Omicron menace cependant les progrès réalisés dans le déblocage des chaînes d’approvisionnement. Avec une hausse prévue des taux d’intérêt cette année, c’est le temps de profiter des taux historiquement bas.

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La seconde tendance repose sur les problèmes des chaînes d’approvisionnement aux prises avec des retards dans les réseaux de transport mondiaux qui n’ont fait qu’accroître les pressions inflationnistes. Il existe en ce moment une pénurie de conteneurs d’expédition et de camionneurs. Par ailleurs, la rareté des microplaquettes semi-conductrices limite la production de nouveaux camions. Combinés, ces deux éléments limitent l’offre et la reprise économique. La demande des importateurs de produits agricoles bruts et d’autres intrants manufacturiers devrait de son côté demeurer élevée.

Les ratios des stocks de blé et de soya seront également à surveiller en 2022. Les sécheresses et autres complications météo ont nui à la production des deux denrées, ce qui a poussé les prix à des nivaux très élevés puisque la demande ne s’est pas essoufflée malgré les prix en hausse. La production de blé au niveau mondial devrait se stabiliser en 2022, si la Nina ne vient pas jouer les trouble-fête. Mme Roberts indique qu’elle surveillera les prévisions d’ensemencement pour la prochaine saison avec une attention particulière pour le canola et l’orge, deux productions où le Canada est dominant. L’analyste invite aussi les producteurs à surveiller les prix qui sont élevés actuellement, ainsi que les tendances des ratios de stocks.

Les difficultés liées à la main-d’œuvre dans le secteur de la transformation alimentaire comptent également parmi la liste dressée par FAC. Selon Mme Roberts, ces problèmes sont désormais chroniques. Malgré plus d’employés au boulot dans le secteur, il ne suffisent pas à la demande. « Le taux de commandes non remplies est de 50 % plus élevé que l’an dernier. Selon la dernière enquête, le taux de postes vacants était de 6,0 % au troisième trimestre de 2021, en hausse par rapport à la même période en 2019 (3,9 %) et en 2016 (2,7 %). Le salaire horaire moyen depuis le début de l’année a augmenté de 4,4 % sans tenir compte des heures supplémentaires. Même le niveau record de la production par employé ne compense pas les coûts plus élevés », relate l’analyste qui surveillera si les postes vacants demeureront élevés ou non durant l’année.

Finalement, la demande pour la viande de poulet et de bœuf a connu de fortes variations depuis 2020, au gré des confinements et des fermetures. Avec l’inflation, les ménages ont vu leurs revenus être grugés et ont délaissé ces viandes en raison des prix à la hausse. « Nous nous attendons à ce que la consommation de viande chute en raison du choix des ménages de réduire leurs achats de viandes plus chères », indique d’ailleurs Mme Roberts. La demande reviendra-t-elle en 2022? La conjoncture économique du secteur des services alimentaires et l’inflation seront vraisemblablement des facteurs importants pour une éventuelle reprise.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Céline Normandin

Céline Normandin

Journaliste

Céline Normandin est journaliste spécialisée en agriculture et économie. Elle collabore également au Bulletin des agriculteurs.