Un accès aux intrants demandé par les Producteurs de grains du Québec

Publié: 3 mai 2022

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Un accès aux intrants demandé par les Producteurs de grains du Québec

La guerre en Ukraine a bouleversé une chaine d’approvisionnement déjà mise à mal par la pandémie et la hausse des coûts de production. La hausse des coûts pour les intrants, dont les engrais, ressentie depuis l’automne dernier, s’est jumelé avec une difficulté d’accès aux produits. Les distributeurs d’engrais azotés du Québec, tout ceux comme l’Est du Canada ne pourraient obtenir les produits commandés, puisque certains proviennent de Russie. Un appel est donc lancé à Ottawa pour soutenir le secteur agricole canadien directement affecté, mais aussi l’agriculture mondiale mise sous pression et en danger de crise alimentaire planétaire.

Depuis l’invasion russe en Ukraine, un embargo et une surtaxe de 35% ont été déclaré par le Canada sur les produits russes, dont l’engrais, en mesures de représailles. En  conséquence, des bateaux affrétés se trouveraient toujours en mer, en attendant d’avoir les autorisations nécessaires pour livrer leurs marchandises. C’est du moins l’information qui circule puisque la situation reste très nébuleuse, selon Christian Overbeek, président des Producteurs de grains du Québec (PGQ). « On est dans la brume, on a de la difficulté à décanter le vrai du faux », dit-il quant au sort des cargaisons d’engrais en route vers le pays.

À quelques jours de débuter les semis, les besoins sont toutefois urgents. M.Overbeek a écrit une lettre ouverte demandant au gouvernement fédéral d’intervenir. La demande fait écho à un appel conjoint lancé le 27 avril avec les Producteurs de grains de l’Ontario (PGO), représentant ensemble plus de 50 000 producteurs de céréales et d’oléagineux.

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M.Overbeek dit avoir deux soucis principaux actuellement. Le premier concerne l’accès aux différents produits pour assurer les semis. Des problèmes à ce niveau pourraient mener à des changements de rotation de dernière minute. Les producteurs sont inquiets puisque certains fournisseurs n’ont pu confirmer qu’ils auraient les quantités nécessaires pour le printemps, avec des conséquences pour le reste de la saison. En ce moment, jusqu’à la moitié des producteurs seraient affectés par ce problème. Le deuxième souci concerne la hausse des prix vertigineuse des prix des engrais depuis un an. M.Overbeek dit avoir lui-même acheté de l’engrais azoté (solution 32) à 280$ la tonne en 2021. Le même produit se vendait 850$ la tonne cette année et friserait les 1000$ en ce moment.

Selon le président des PGQ, l’intervention du fédéral doit être double en sécurisant les chaines d’approvisionnement et en soutenant par une forme d’aide le secteur agricole. « Nous sommes solidaires des producteurs ukrainiens qui se font envahir sans raison valable mais le politique doit prendre ses responsabilités vis-à-vis des secteurs affectés par ses interventions ». Des discussions auraient lieux avec différents intervenants et partenaires sans avoir toutefois abouti à des gestes concrets.

Les PGQ et les PGO ont demandé que le gouvernement fédéral accorde un allègement immédiat des tarifs. Celui-ci pourrait prendre la forme d’une aide financière ou une avance de capitaux. Chaque entreprise pourrait ensuite décider d’adhérer ou non aux programmes offerts, selon leur situation financière. D’autres interventions d’Ottawa sont réclamées pour éviter des prises de profits anormales de la part de fournisseurs d’intrants.

À ce sujet, les PGQ avisent les producteurs de lire attentivement les contrats signés plus tôt quant à l’achat d’engrais puisque les surprimes réclamées par des distributeurs ne seraient pas légales dans certains cas.

Des solutions à long terme

Puisque les problèmes d’approvisionnement risquent de durer dans une avenir prévisible, des solutions sont-elles à la portée des producteurs? M.Overbeek écarte l’acheminement de potasse de l’Ouest : les coûts de transport par camion seraient exorbitants tandis que celui par train est un problème de logistique. « On demande pas un wagon comme on call un taxi ». La construction d’une usine d’urée est aussi à écarter pour une solution à court terme puisque ce projet prendrait des années à se réaliser alors que les besoins sont maintenant, d’où la nécessité pour le président des PGQ d’une intervention du fédéral pour assurer un bon fonctionnement des chaines d’approvisionnement. Les produits nécessaires aux agriculteurs proviennent d’outre-mer et ne sont pas produits localement.

Une réflexion est d’ailleurs peut-être à faire sur la dépendance à certains produits dont la production est assuré à 90% par un seul pays, fait valoir M.Overbeek. « On devrait être en mesure d’avoir ce qu’il faut (comme producteurs) ».

À PROPOS DE L'AUTEUR

Céline Normandin

Céline Normandin

Journaliste

Céline Normandin est journaliste spécialisée en agriculture et économie. Elle collabore également au Bulletin des agriculteurs.