Publié dans Le Bulletin des agriculteurs de septembre 2010
Nouveau mode de transmission de la grippe aviaire; Le thym améliore la viande d’agneau; De l’eau dans la RTM ? Oui, mais !; Du lait aux canneberges ?; Les poils n’empêchent pas la production de vitamine D !
par Marie-Josée Parent, agronome, et Alain Fournier, agronome, M.Sc.
Nouveau mode de transmission de la grippe aviaire
Une équipe de chercheurs italiens et américains ont découvert chez les oiseaux sauvages un nouveau mode de circulation et de transmission du virus de la grippe aviaire. Les sécrétions d’huile dont les oiseaux se couvrent pour assurer l’imperméabilité des plumes ont comme action de concentrer le virus de l’influenza aviaire sur le corps des oiseaux sauvages.
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Ceci survient en raison du fait que l’eau contaminée par le virus de l’influenza aviaire interagit avec l’huile produite par les glandes sécrétrices. Puisque les oiseaux utilisent cette huile autant pour couvrir leurs plumes que celles de leurs congénères, on peut facilement en déduire que cette activité facilite la diffusion du virus dans la nature. Les chercheurs croient que les modes de surveillance de l’influenza aviaire devraient êtres modifiés pour tenir compte de cette nouvelle information.
Source : WorldPoultry.net
Le thym améliore la viande d’agneau
Une étude espagnole a démontré que l’incorporation de feuilles de thym dans l’alimentation des brebis permet de retarder l’altération de la couleur, l’oxydation des gras et le développement bactérien de la viande de leurs agneaux. Quelque 36 brebis ont été réparties en trois groupes : un sans thym, l’autre avec 3,7 % de feuilles de thym dans la ration et le dernier avec 7,5 % de feuilles de thym.
Les brebis ont reçu ces traitements durant la durée de la gestation et de l’allaitement, soit huit mois. Les agneaux ont été abattus à un poids moyen de 25 kg. La plus grande concentration de thym dans la ration a eu le plus d’impact sur la qualité de la viande. L’étude ne se prononce pas sur la prolongation de la durée de conservation de la viande.
De l’eau dans la RTM ? Oui, mais !
De nombreux producteurs laitiers ajoutent de l’eau à la ration totale mélangée (RTM) de leurs vaches puisqu’ils observent une meilleure consommation et moins de tri de la ration. Une étude récente indiquait que l’ajout d’eau à une RTM contenant seulement 20 % d’eau pour atteindre 36 % d’eau diminuait le tri de la ration, permettant d’accroître la consommation de fibres et le pourcentage de gras du lait d’un dixième de pourcentage. Cependant, on peut observer l’effet inverse si la quantité d’eau ajoutée à une RTM devient excessive. C’est la conclusion à laquelle est arrivé le docteur Trevor DeVries de l’Université de Guelph.
Dans cette expérience, qui a eu lieu durant les mois d’été (entre mai et août), un groupe de vaches en mi-lactation recevait une RTM qui contenait uniquement l’eau des ingrédients (44 % d’eau). Les deux groupes suivants recevaient la même RTM à laquelle on avait ajouté de l’eau pour atteindre un niveau de 49 % d’eau pour la deuxième ration et 56 % pour la dernière RTM.
Le chercheur a noté que plus on ajoutait d’eau à la ration, plus la température de la RTM augmentait dans les heures qui suivaient sa distribution, indiquant sa détérioration. De plus, les vaches triaient plus leur RTM lorsque le contenu en eau augmentait, consommant plus de particules fines et laissant de côté plus de particules longues. Enfin, la consommation de la ration diminuait également.
Source : Journal of Dairy Science, juin 2010
Du lait aux canneberges ?
La canneberge est de plus en plus populaire dans l’alimentation humaine pour ses effets antioxydants. Des études tendent à démontrer que le résidu issu de la fabrication de jus de canneberge, la pulpe ou le marc de canneberge, conserverait des propriétés antioxydantes. Ainsi, si un animal en lactation consomme du marc de canneberge, est-ce que les propriétés antioxydantes vont se transférer au lait éventuellement produit ? Ce transfert pourrait en effet être intéressant afin de réduire l’oxydation du lait pendant sa conservation dans le réservoir à la ferme.
Dans le but d’éclaircir ce questionnement, une étude a été réalisée au Centre de recherche en sciences animales de Deschambault (CRSAD) chez des chèvres laitières. Deux groupes d’une dizaine de chèvres de race alpine, multipares, d’un poids similaire et au même stade de lactation, ont été choisis pour ce projet. Le groupe témoin n’a pas reçu de marc de canneberge, alors que le groupe « canneberge » en a reçu 200 grammes par jour réparti en trois repas.
Juste avant de débuter et après 28 jours de supplémentation, deux échantillons de lait de chaque chèvre ont été prélevés. L’un des deux échantillons recueillis (A) a été immédiatement congelé. Le deuxième échantillon (B) a été conservé au réfrigérateur pendant sept jours, puis congelé. Des tests d’oxydation, qui mesurent la malondialdehyde (MDA), ont ensuite été effectués sur chacun des laits. Les résultats sont rapportés au tableau.
La MDA est produite suite à l’oxydation des lipides. Ce produit peut s’accumuler dans l’organisme et constitue un indicateur reconnu du niveau d’oxydation dans le sang ainsi que dans différents tissus et liquides physiologiques. Ainsi, plus la valeur est haute plus le lait est oxydé (voir tableau).
On peut constater que l’oxydation du lait de chèvre augmente de presque quatre fois après une durée de conservation de sept jours à 4 °C. Cela montre que pendant l’entreposage à la ferme en réservoir réfrigéré, le lait subit un certain niveau d’oxydation et donc de dégradation de ses lipides. Par contre, la pulpe de canneberge n’a pas eu d’effet significatif protecteur sur l’oxydation du lait pendant la période de réfrigération.
Pourquoi le marc de canneberge n’a pas donné au lait un pouvoir antioxydant accru est une question à laquelle nous n’avons pas de réponse pour le moment. C’est donc à suivre pour le lait aux canneberges !
Tableau : Contenu en malondialdehyde (MDA) du lait de chèvre frais ou conservé sept jours au réfrigérateur après 28 jours de supplémentation avec la pulpe de canneberge.
Témoin | Canneberge | SEM | Valeur de P2 | |
MDA, umol/L1 | ||||
A : Congelé | 0,756 | 0,685 | 0,026 | 0,088 |
B : Réfrigéré sept jours | 2,414 | 2,367 | 0,264 | 0,902 |
1 exprimée en micromoles (10-6) par litre de lait pour les laits A et B 2 La valeur de P pour probabilité. Si cette valeur est inférieure à 0,05, on peut conclure que la différence entre les traitements est statistiquement reconnue. |
Les poils n’empêchent pas la production de vitamine D !
La synthèse de vitamine D s’effectue lorsque la peau de l’animal est exposée aux rayons du soleil. On a longtemps cru que la présence des poils chez l’animal empêchait cette synthèse aux endroits recouverts de pelage. Des chercheurs du Danemark viennent de démontrer que ce concept était erroné, car la vache est bel et bien capable de synthétiser de la vitamine D, même à partir de ses zones recouvertes de poils.
Pour effectuer cette démonstration, les chercheurs ont utilisé seize vaches logées à l’intérieur d’une étable, dont l’alimentation avait été dépourvue de vitamine D durant une période de six mois. Par la suite, les vaches ont été divisées en quatre groupes et exposées au soleil dans un pâturage. Le pelage des vaches du premier groupe était recouvert d’une toile à l’exception du pis et de la tête, le pelage du deuxième groupe était également recouvert d’une toile, avec en plus le pis caché, le troisième groupe avait uniquement le pis couvert et le dernier groupe n’était pas recouvert du tout.
Les vaches du premier et du deuxième groupe ont produit un lait de faible concentration en vitamine D. Les vaches sans couverture et celles dont le pis était recouvert ont présenté un niveau très élevé de vitamine D dans leur lait, démontrant que même si le corps de l’animal était recouvert de poils, il y avait une synthèse importante de vitamine D à ces endroits.
Source: Journal of Dairy Science, mai 2010