La résistance de l’amarante sous-estimée au Québec

Des tests récents mettent en lumière à quel point certains herbicides échouent à contrecarrer la mauvaise herbe.

Publié: 20 janvier 2022

La résistance de l’amarante sous-estimée au Québec

La découverte d’amarante tuberculée au Québec a fait couler beaucoup d’encre depuis sa découverte en 2017. Les raisons sont fort simples: l’amarante tuberculée est extrêmement difficile à éradiquer par les herbicides habituels et elle a la propriété de se disperser rapidement et sur une grande échelle en raison de la particularité de ses graines. Et bien que les pratiques culturales et les décisions quant aux arrosages ne soient pas en cause, des mesures doivent être prises contre la mauvaise herbe. Les plants découvert au Québec ont en effet déjà acquis la résistance, selon un bilan dressé le Réseau d’avertissement phytosanitaire.

Les signalements se sont multipliés depuis 2020 avec l’adoption d’un plan d’action. De sept observations en 2019, ce chiffre est grimpé à 20 nouveaux foyers d’infestation (un en Chaudière-Appalaches, 11 dans les Laurentides et huit en Montérégie) et à 14 populations en 2021 (trois en Estrie, deux en Chaudière-Appalaches, huit dans les Laurentides et une au Centre-du-Québec.

Des tests ont été menés l’hiver dernier par des chercheurs du Centre de recherche sur les grains (CEROM). Le but était de vérifier les résistances aux herbicides du groupe 5 (atrazine et métribuzine) et du groupe 27 (mésotrione), ce denier étant reconnu comme étant très efficace contre l’amarante tuberculée.

À lire aussi

La résistance de l’amarante sous-estimée au Québec

Les grains plombés par les bonnes conditions

Une semaine après avoir engrangé de fortes hausses, les principaux grains repartent de plus belle à la baisse.

Sur les 10 populations testées, une seule s’est montrée sensible aux herbicides du groupe 5 (atrazine et métribuzine). Les herbicides du groupe 27 n’ont pas été testés sur cette population par manque de semences d’AT. Les neuf autres étaient toutes résistantes à l’atrazine et à la mésotrione. De plus, la population testée au tolpyralate et à la synergie atrazine-mésotrione s’est aussi montrée résistante.

Les chercheurs ont tiré de ces résultats plusieurs constats inquiétants.

  1. La résistance à l’atrazine et à la mésotrione est grandement sous-estimée au Québec. En effet, 30 des 43 populations connues d’AT n’ont toujours pas été testées pour ces herbicides. Il est donc possible que la résistance y soit présente.

2. La résistance à la métribuzine n’est pas aussi répandue que celle à l’atrazine.

3. Il existe une résistance croisée pour les herbicides du groupe 27 (mésotrione et tolpyralate). Ainsi, pour un diagnostic de résistance à la mésotrione, il est fort probable que l’amarante tuberculée soit aussi résistante à tous les autres herbicides du groupe 27,comme rapporté dans la littérature scientifique.

4. La combinaison atrazine-mésotrione n’a pas son effet synergique habituel lorsqu’une population d’AT est connue résistante aux deux herbicides séparément.

Le bilan de l’amarante tuberculée met aussi en lumière que les pratiques culturales ne sont pas en cause. La contamination provient de la machinerie agricole (travaux forfait, CUMA). Elle peut aussi se propager par les vêtements et les bottes des gens qui foulent la terre (conseiller, travailleur agricole, dépisteur), d’où l’importance de mettre en place des mesures de biosécurité à la ferme.

De plus, la présence d’amarante tuberculée résistante sur une entreprise agricole n’est habituellement pas le résultat d’une mauvaise gestion des herbicides. L’a mauvaise herbe arrive généralement avec ses résistances déjà acquises

À PROPOS DE L'AUTEUR

Céline Normandin

Céline Normandin

Journaliste

Céline Normandin est journaliste spécialisée en agriculture et économie. Elle collabore également au Bulletin des agriculteurs.