Soya : on garde le plan de match

Le mot d’ordre pour les semis de soya selon Pascal Larose : conserver la maturité de zone

Publié: 3 juin 2025

Soya : on garde le plan de match

Le retard accumulé dans les semis ce printemps pourrait pousser des producteurs à changer leur variété de soya, mais les inconvénients risquent d’être plus grands que les avantages, avertissent les agronomes.

Le mot d’ordre pour les semis de soya selon Pascal Larose : conserver la maturité de zone, même si les semis accusent de deux à trois semaines de retard sur le calendrier habituel. Le responsable de l’agronomie et de la mise en marché de produit pour Maizex indique qu’il s’agit de la consigne partagée aux producteurs agricoles en ce début de mois où la pression de terminer les travaux au plus vite se fait sentir.

Malgré la tentation de changer de variété pour assurer une maturité d’ici la fin de la saison, cette décision pourrait s’avérer très désavantageuse, avance l’expert. « L’erreur que les producteurs pourraient commettre est d’opter pour une variété qui offrirait en bout de ligne beaucoup moins de rendement puisque les plants hâtifs sont beaucoup plus courts », dit-il.

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Pascal Larose rappelle que quelle que soit la variété de soya semée, elle arrivera à floraison au même moment. Puisque le soya est sensible à la photopériode, la plante pourra s’adapter aux heures d’ensoleillement et rattraper une partie du retard lié à la date tardive de semis. Les conditions d’ensemencement actuellement ne sont pas non plus les mêmes qu’en mai : le sol est beaucoup plus chaud, tout comme la température, souligne l’agronome, que ce soit durant le jour ou nuit. Avec un été annoncé comme chaud, les conditions sont réunies pour que le soya compense et mature rapidement.

Été court

Même la perspective d’un été plus court, tel que prévu par Météomédia, ne devrait pas faire déroger les producteurs de leur plan de match, ajoute Pascal Larose. Le soya est une plante à croissance indéterminée qui va continuer à croitre tout au long de la saison, jusqu’au moment où elle entamera sa senescence. Un gel hâtif, comme celui vécu en 2016, va simplement faire avorter les gousses du haut et les grains déjà formés dans le bas de la plante continueront leur maturation. Avec une variété hâtive, on se retrouve avec des plants plus courts, et donc encore moins de possibilités de gousses par plants.

Certains changements doivent toutefois être apportés dans la manière de semer pour s’adapter à un semis en juin. « Ce qui est important de faire maintenant, c’est de réduire l’espacement entre les rangs pour favoriser la fermeture des rangs et la croissance en hauteur des plants », indique l’agronome. On passe donc du 30 pouces au 15 pouces entre les rangs.

Si jamais le semis retarde jusqu’au 10 juin, il faut alors augmenter le taux de semis de 10%. « Les plants supplémentaires vont compenser par la présence de davantage de nœuds par plants », explique Pascal Larose.

Au-delà de la troisième semaine de juin, de sérieuses questions devront être posées. On s’approche d’une période limitée de croissance, selon les régions, observe l’expert. Il recommande de s’aligner sur le guide de l’Assurance récolte (ASREC) de la Financière agricole qui a fixé des dates jusqu’au 10 et 15 juin, selon les régions (10 juin pour les zones de moins de 2600 UTM et le 15 juin pour les zones de 2600 UTM ou plus).

Dans un bulletin agronomique, Stéphane Myre, agronome pour Bayer, conseille au delà du 15 juin d’y aller avec des variétés de 100 à 150 UTC de moins par semaines de retard, et de semer également en rangs étroits de 15 à 7 pouces. Le taux de semis devra aussi être adapté en étant augmenté de 10 à 15%.

D’ici cette date, Pascal Larose préconise pour l’instant de s’en ternir au plan fixé. C’est le moment de s’assurer que le semoir est bien ajusté et de réparer les pièces brisées. Il est toujours aussi possible de se référer à son agronome en cas de questionnement.

De belles fenêtres de semis se présentent cette semaine et la beauté du soya, c’est qu’il réussit à s’adapter, conclut Pascal Larose.

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À PROPOS DE L'AUTEUR

Céline Normandin

Céline Normandin

Journaliste

Céline Normandin est journaliste spécialisée en agriculture et économie. Elle collabore également au Bulletin des agriculteurs.