Moins d’un an et demi après l’inauguration de son usine de production d’insectes de Drummondville, Entosystem planifie déjà la construction de sa deuxième usine. L’entreprise vient d’en faire l’annonce.
Un nouveau partenaire financier, Idéaliste Capital, s’est joint à Sanimax et Fondaction pour investir ensemble 58 millions de dollars dans Entosystem pour appuyer la production dans son usine actuelle et pour la construction d’une deuxième usine, dont l’emplacement et la date de construction ne sont pas encore connus.
En entrevue, le président d’Entosystem, Cédric Provost explique que la nouvelle usine ne sera pas au Québec puisque leur usine actuelle couvre déjà une part importante du marché et qu’il y a d’autres projets de production d’insectes dans la province. L’entreprise penche davantage vers l’Ontario ou les États-Unis.
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Avec les prix des veaux qui ont explosé depuis 2022, les producteurs de veaux et de bouvillons ont de la difficulté à financer l’achat d’animaux. Il en résulte des places vides dans les bâtiments.
« Ce n’est pas pour demain matin, dit-il. On est plus en phase exploratoire, mais au moins on a déjà les capitaux pour montrer qu’on est crédibles quand on va avoir trouvé l’endroit où s’établir. »
Il ajoute qu’un des buts de l’annonce était de justement faire connaître les intentions de la compagnie dans le but d’avoir de nouvelles propositions de villes, régions, provinces ou états où bâtir l’usine.
Bientôt à capacité
Inaugurée en mai 2023, mais démarrée officiellement à l’été 2023, l’usine de Drummondville ne fonctionne pas encore à pleine capacité. Elle permettra à terme de transformer 90 000 tonnes de matières organiques autrement destinées à l’enfouissement par année afin de produire 5000 tonnes de farine protéinée de haute qualité et 15 000 tonnes d’engrais approuvé pour la culture biologique.
Cédric Provost explique que l’entreprise est encore en ajustement. « On a des indicateurs qu’on s’en va dans la bonne direction, dit-il. On voit de plus en plus de demandes dans le monde des animaux domestiques, mais aussi beaucoup dans l’aquaculture. » L’usine devrait atteindre la pleine capacité cet automne.
« On a encore beaucoup de développement à faire », explique Cédric Prévost. Il ajoute que la réception pour les aliments produits est bonne. L’entreprise a notamment une clientèle fidèle de gens qui ont des poules à la maison. Il ajoute que cette demande est forte aux États-Unis.
De plus, quoique moins connu, le fertilisant a une belle réception. Le fertilisant représente 70% des produits vendus en volume, mais moins en revenus. « On a fait beaucoup d’études pour démontrer la valeur ajoutée, la vie microbienne, de la chitine qui est présente dans le fertilisant, dit Cédric Provost. Ça se compare avec les meilleurs fertilisants qu’on peut trouver sur le marché. » Le fertilisant est homologué pour usage en agriculture biologique.
Marché en développement
Récemment la très grande usine Ynsect en France a éprouvé des difficultés financières importantes. Cédric Provost croit que même s’il s’agit d’un marché en développement, Entosystem est en meilleure position qu’Ynsect en raison des choix qui ont été faits. Il explique que l’usine 10 fois plus grosse que celle de Drummondville avait des problèmes de mise en marché.
« Je pense que c’était un peu tôt pour avoir une si grosse usine », dit-il, tout en précisant espérer que l’entreprise française puisse se relever.
Il ajoute que le choix de l’insecte est aussi déterminant. « La mouche soldat noire est le seul insecte qu’on peut nourrir avec de la matière organique humide, explique Cédric Provost. Ça fait en sorte que les coûts de production sont très faibles et que l’empreinte environnementale est très basse parce qu’on prend la matière organique qui serait allée à l’enfouissement. »
Il ajoute que le nombre d’employés est très faible, 70, comparativement à Ynsect qui en avait 400. De surcroit, le modèle d’affaire d’Enstosystem leur permet d’aller chercher des crédits carbone.
L’entreprise a cependant dû développer des technologies pour enlever tous les contaminants présents dans les emballages des matières organiques reçues.
« C’était plus de travail au début, mais aujourd’hui, on est quand même contents d’avoir une plate-forme vraiment unique au monde qui permet de prendre cette matière organique-là qui n’avait pas de débouché et de la valoriser par l’insecte, dit Cédric Provost. Donc, je pense que ça, c’est notre élément de différenciation qui économiquement va nous aider sur le long terme. »
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