Malgré des projets à profusion et un chiffre d’affaires en croissance, le Centre de développement du porc du Québec (CDPQ) fait face à un déficit pour la dernière année se terminant le 31 mars 2023. Plusieurs éléments minent les états financiers du CDPQ : le financement qui ne suit pas l’inflation, la sécurité informatique plus importante à la suite de l’attaque informatique d’il y a un an et demi, l’augmentation des taux d’intérêt liés à la construction de la maternité de recherche et la main-d’œuvre qui quitte pour des meilleures conditions.
Le chiffre d’affaires a été de 7,9 millions$ pour l’année se terminant le 31 mars 2023, une augmentation de 10% par rapport à l’année précédente. L’insuffisance des produits sur les charges a néanmoins été de 66 493$.
Pourtant, les projets sont de plus en plus nombreux. Le centre offre de plus en plus de services dans différentes productions : bœuf, ovin et avicole, en plus de porc. Ce sont d’ailleurs les services vendus qui ont sauvé la donne avec une année record de 2,2 millions$, soit une augmentation de 44% comparativement à l’année précédente.
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La ferme WB a planté des haies brise-vent qui, à maturité, procureront de l’ombre à leur troupeau de vaches Highland lors des journées chaudes d’été. Cette initiative a été rendue possible grâce à l’expertise et au financement d’ALUS Montérégie.
Station 2.0
Le gros projet à venir qui nécessitera un important investissement est la « rénovation » de la porcherie située au Centre de recherche en science animale de Deschambault (CRSAD), dans Portneuf, un projet de 6 millions$. En fait, il convient mieux de parler de reconstruction que de rénovation puisque la porcherie actuelle sera démolie et reconstruite.
La responsable alimentation et nutrition animale – porc en croissance, Laeticia Cloutier, a présenté le projet à l’assemblé constituée de 144 participants. L’édifice actuel construit en 1994 est une pouponnière de 360 places conçues pour être gérée en tout-plein tout-vide. Au fil des années, la pouponnière a accueilli 39 épreuves différentes. Les équipements et les méthodes d’introduction des animaux ont été modifiés pour s’adapter aux nouvelles réalités. Les porcelets ont été introduits en continue dans un mode d’infection naturelle au contact des cochons déjà présents. De plus, des appareils de mesure de poids individuel journalier et de consommation individuelle d’aliments et d’eau ont notamment été installés.
La nouvelle station vise à répondre aux différents enjeux de la filière : durabilité des élevages porcins, pénurie de main-d’œuvre et réduction et adaptation aux changements climatiques. L’objectif est de répondre aux priorités de recherche ciblées par la filière porcine au fil des années à venir.
Les principaux projets sont dans les secteurs de l’alimentation de précision, l’automatisation, la collecte et gestion de données (intelligence artificielle), conditions d’ambiance et environnement, et santé et bien-être animal. Le site sera opéré en rotation, soit avec l’entrée de 192 porcelets aux huit semaines afin d’augmenter le nombre de projets pouvant être réalisés.
Deux pouponnières de 96 places totaliseront une capacité de 192 porcelets. L’alimentation sera automatisée à deux compartiments permettant une alimentation personnalisée de chaque parc. Des compteurs d’eau permettront de calculer la quantité consommée par parc, et le poids des animaux sera évalué par une balance classique. Des caméras et des sondes permettront des prises de données. Il y aura aussi une mini-meunerie liée à huit mini-silos et deux silos extérieurs.
L’engraissement sera composé de six chambres de 96 porcelets dotées de huit parcs de 12 porcs par parc. Des murs isolés permettront même de faire des essais liés au stress de chaleur. Tous les porcs seront alimentés individuellement. Il y aura un total de 24 silos et 12 lignes de soigneurs pour la partie engraissement. Par chambre, il y aura quatre lignes d’eau, un compteur d’eau par parc et un dosimètre. Le poids sera mesuré par une balance classique. Des caméras, des sondes et d’autres équipements seront utilisés.
La ventilation sera sous air filtré et à pression positive. L’ambiance de chaque salle sera contrôlée indépendamment. Une salle sera dédiée à l’évaluation des conditions d’ambiance. La porcherie sera aussi dotée d’un ostéodensitomère permettant de mesurer le contenu minéral osseux (minéraux), en muscle (protéine) et en gras (lipide) sur un animal vivant. Une salle « métabolique » permettra de faire des essais particuliers comme des essais de digestibilité avec des porcs canulés. Une salle de nécropsie et un laboratoire complètent le tout. Il y aura même un corridor d’observation, comme à la maternité de recherche de Armagh dans Chaudière-Appalaches.
Une demande de subvention a été effectuée au ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie en mai 2023. Le début de la construction est prévu pour l’an prochain.
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