Blé : il y a une explication à nos rendements décevants…

J’ai réalisé qu’on avait appliqué notre azote avec une dizaine de jours de retard

Publié: 3 octobre 2023

Blé : il y a une explication à nos rendements décevants…

Notre carnet de champ a beaucoup évolué avec le temps. Question de faire une histoire courte, on est passé du petit calepin tout sale au fond de nos poches à un grand cahier. Il contenait nos plans de champs dans lequel on inscrivait toutes nos opérations et surtout nos observations. Ce que j’ai réalisé au fil du temps : oui les dates de plusieurs opérations sont cruciales, mais ce qu’on observe en cours d’opération peut s’avérer très utile en plus de nous aider à comprendre certains résultats aux champs.

Donc à l’époque, on se croyait techno de réinscrire toutes nos notes et observations dans un fichier Excel qui nous permettait d’avoir nos données facilement accessibles en utilisant certains mots clés dans notre base de données. C’était quand même une tâche qui demandait passablement de travail.

Maintenant, on peut utiliser une application qui facilite ces opérations en un clin d’œil. Suffit d’y mettre des informations qu’on juge importantes : la photo de la pression de certaines mauvaises herbes, différents ajustements du semoir ou du planteur, etc. Ceux-ci vont nous permettent de comprendre le contexte en un clin d’œil ou de faciliter un ajustement en se référant à ce qu’on a déjà fait ou réussi.

À lire aussi

Ça fait deux jours que je pédale autour de la montagne. Demain, je monte dessus!

Faire le plein pendant que j’essaie de faire le vide

Je me suis permis une petite escapade à un endroit où j’espérais ne pas trop voir de champs en culture. Question de faire le plein d’énergie en oubliant le plus possible les tracas.

Passons à la pratique : dans ma recherche de la possible raison qui pourrait expliquer nos rendements de blé d’hiver, j’ai fouillé avec facilité tout le processus de production des cinq dernières années. Au départ, j’avais l’impression que je n’avais peut-être pas semé le blé à la bonne densité. Et j’ai finalement réalisé qu’on avait appliqué notre azote avec une dizaine de jours de retard. Normalement, on vise épis à 1 cm.

Selon mes observations terrain, j’étais plutôt à 3 cm. Hein! Aucun souvenir. Une chance que c’était noté. Normalement, je fais un suivi très serré. Faut croire que je me ramolli! Discute de ça avec une personne ressource de confiance. Je lui parle de mes doutes sur mes populations au semis et de mon retard sur ma fertilisation. Lui aussi s’est fait prendre. Ah oui? Ça me soulage. Il m’explique qu’avec la sévère sècheresse, le déplacement de l’épi s’est accéléré. S’il n’y a pas d’azote au moment précis, le blé pense plutôt à sauver sa peau. D’où le résultat d’une certaine tendance à abandonner des talles en se concentrant sur le seul objectif d’urgence de se reproduire.

En résumé, notre rendement décevant est plutôt dû à notre manque de précision par rapport à la disponibilité du N au bon moment. Le blé d’hiver est un peu comme un bébé qui pleure parce qu’il a faim. Il veut son biberon maintenant. Le maintenant est même encore plus important que la quantité. Vous connaissez le principe : la bonne dose au bon moment! D’où l’importance d’être aux aguets pour bien déterminer le bon synchronisme. Donc le temps qu’on met à noter nos informations le plus détaillé possible dans notre carnet de champ est loin d’être une perte de temps. On peut observer des images satellites, des données automatisés de date de passage, mais rien de remplace l’expérience, les observations et le senti de l’agriculteur qui connaît (le plus possible) sa culture et sa terre. Profession agriculteur.

Lire aussi :

Le casse-tête de la récolte de céréales 2023

Tirer le maximum du blé d’hiver

Blé : comment augmenter les chances de survie à l’hiver?

À PROPOS DE L'AUTEUR

Paul Caplette

Paul Caplette

Agriculteur et collaborateur

Paul Caplette est passionné d’agriculture. Sur la ferme qu’il gère avec son frère en Montérégie-Est, il se plaît à se mettre au défi et à expérimenter de nouvelles techniques. C’est avec enthousiasme qu’il partage ses résultats sur son blogue Profession agriculteur.