La résistance d’hybrides de maïs BT à la chrysomèle des racines du maïs soulève beaucoup d’inquiétude aux États-Unis ainsi qu’en Ontario. La verse a couché des plants sur de grandes superficies lors de la dernière saison, faisant en sorte que des champs destinés au maïs-ensilage ont dû être récoltés pour les grains afin d’en sauver une partie, ce qui a eu des conséquences importantes pour les éleveurs laitiers qui comptaient sur cette ressource.
Introduite depuis relativement peu de temps au Québec, la chrysomèle demeure un prédateur secondaire au Québec, rapporte Brigitte Duval, agronome et conseillère en phytoprotection au MAPAQ Centre-du-Québec. Il existe deux espèces, celle du Nord et celle de l’Ouest. Si toute les deux sont présentes au Québec, c’est celle de l’ouest qui cause des soucis aux États-Unis.
La présence de la chrysomèle augmente toutefois depuis les dernières années, comme le confirment des données de 2021. Malgré une pression plus forte pour les champs de maïs au Québec, aucun cas de résistance n’a été confirmé jusqu’ici. Il s’agit d’une bonne nouvelle puisque les hybrides combattant l’insecte sont peu nombreux (quatre protéines à deux modes d’action). Le maïs BT est donc à utiliser judicieusement, relève Brigitte Duval qui ajoute qu’on n’utilise jamais ce type de maïs dans un nouveau champ.
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En ce moment, les rotations de cultures ont fait leurs preuves contre le prédateur. En l’absence de racines de maïs, les larves de chrysomèle sont affamées quand on change la culture du maïs pour une autre. « On met ainsi les chances de notre côté », résume Mme Duval. L’agronome montre en exemple des données compilées démontrant l’efficacité des rotations, surtout que les champs pris en compte étaient ceux affichant le plus de dommages.

« Une rotation soya-maïs fonctionne très bien au Québec, ou encore un rotation plus longue. Idéalement, on irait avec d’autres rotations pour plein d’autres raisons, comme la santé des sols », fait valoir Brigitte Duval.
Il est aussi important de déterminer si la présence de cols d’oie parmi les plants de maïs, souvent associés à la chrysomèle, est la véritable cause du problème. « Il peut s’agir du résultat d’un semis fait dans des conditions difficiles, d’une application d’un herbicide du groupe 4, ou encore de maïs sans racine », croit l’agronome.
La prévention demeure la meilleure arme pour les producteurs. L’idéal pour vérifier si la chrysomèle a élu domicile dans ses champs consiste à inspecter visuellement les champs en août. Les adultes se nourrissent des soies et auront laissé des traces sur les feuilles. La présence de cols peut être un autre indice. Le mieux est encore de mettre en place des pièges collants pendant au moins deux semaines, puisque l’insecte est facilement effarouché quand on s’en approche, et vérifier si les seuils d’intervention ont été atteints. Les laboratoires peuvent confirmer la nature de l’insecte. Le Réseau d’avertissement phytosanitaire publie également des avis lorsque la présence de l’insecte est détecté, tout comme les régions touchées. « Même les champs de maïs BT sont à surveiller puisqu’aucun hybride n’est parfait à 100% ».
Il faut aussi faire preuve de précautions si certaines des conditions propices à la chrysomèle sont réunies, comme par exemple des sols lourds, un retour de maïs sur maïs et en premier lieu, un historique de cas de chrysomèle dans le champ. Des conditions de semis difficiles au printemps qui retarde la levée des plants vient jouer dan les facteurs de risque.
La présence de maïs spontané dans un champ est aussi à surveiller. « Le maïs spontané atténue l’effet de rotation. Comme les plants de maïs spontanés ont tendance à émerger plus tard, ils attirent les chrysomèle lors de la ponte des oeufs. C’est d’autant plus vrai s’il y a une présence connue de chrysomèle », ajoute Brigitte Duval.
Une étude est actuellement en cours pour évaluer les risques de la chrysomèle. Elle regroupe des équipes de chercheurs de l’Ontario, du MAPAQ et du CEROM. Les recherches permettront d’en savoir davantage, entre autres sur les risques que pose l’insecte face aux changements climatiques.
Pour plus d’informations, il est possible de consulter en ligne la présentation faite sur le sujet par Mme Duval et Julie Breault.
Le gouvernement ontarien a également un document disponible sur le sujet.