Les producteurs laitiers peuvent être optimistes pour l’avenir de leur secteur. Tel est la conclusion des vice-présidents associés Vincent Cloutier et Frédéric Blouin de la Banque Nationale du Canada. Vincent Cloutier y est aussi conseiller principal Agriculture et agroalimentaire. Tous deux ont présenté les perspectives et enjeux de l’économie laitière pour 2023 lors du Rendez-vous laitier AQINAC, à Drummondville, le 22 mars 2023.
Selon Vincent Cloutier, la gestion de l’offre est un « rempart » pour la production. « Je pense qu’après les accords internationaux, plusieurs ne s’attendaient pas à des octrois de quotas dans les dernières années », dit-il. Dans les prochaines années, il prédit un bel avenir pour l’industrie laitière lorsque les accords internationaux seront assimilés.
L’inflation touche durement le secteur laitier comme tous les secteurs de l’économie. Il en a découlé un resserrement monétaire brusque. « Du jamais vu », dit Vincent Cloutier. Toutefois, la hausse des taux d’intérêt est bientôt finie. « On pense que les prochains mouvements seront à la baisse à l’avenir, mais ça ne reviendra pas à ce que c’était avant », ajoute-t-il.
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Le ratio de couverture des intérêts est assez stable, mais le taux d’endettement des entreprises a récemment augmenté. « Il est probable que la consolidation se poursuive. Elle préoccupe, mais ce n’est pas un constat d’échec », dit Vincent Cloutier. Les facteurs à surveiller dans les prochains mois sont les taux d’intérêt, le litige de l’octroi de quota à l’ACEUM, l’ajustement à venir du prix du lait à la Commission canadienne du lait et finalement l’impact des tensions en Ukraine et la baisse de la production porcine au Québec. Ceux-ci auront un impact sur le prix des grains.
Impacts à la ferme
Quel est l’impact de la hausse des taux d’intérêts sur le taux de charge des entreprises laitières, c’est-à-dire combien ça coûte faire du lait avant salaire, amortissement et intérêts? C’est certain que l’augmentation des taux d’intérêt porte une pression à la hausse sur le taux de charge des entreprises, mais d’autres aspects ont l’effet inverse. C’est le cas notamment de l’augmentation de la taille des entreprises. Le dernier kilo produit est moins cher à produire. En 2022, nous sommes passés de 86 kilos de taille moyenne des entreprises à 92 kilos, une augmentation de 7,5%. « C’est significatif », dit Frédéric Blouin. Le prix du lait a aussi été ajusté et un bon bénéfice a été obtenu dans les cultures. « Donc, moi, je regarde ça et j’en viens à la conclusion qu’on devrait arriver à un taux de charges similaire à ce qu’on a observé dans les deux ou trois dernières années », dit Frédéric Blouin.
Celui-ci voit aussi plusieurs opportunités pour améliorer l’efficacité des fermes. Est-ce que l’efficacité de la main-d’œuvre est optimisée? « C’est payant de réfléchir à l’efficacité de la main-d’œuvre », dit-il.
Selon Frédéric Blouin, le quota sera davantage disponible à l’avenir pour différentes raisons. « Aussitôt que la grange est pleine, on n’est plus sur le marché des acheteurs », dit-il. L’année 2022 a débuté avec une quantité offerte par les Producteurs de lait québécois de 411 kg pour monter jusqu’à 1436 kg en novembre. Boom temporaire? Non! En février, la quantité offerte est de 1537 kg. Donc, il continue à y avoir des octrois de quota.
« On a raison d’être confiant. La production laitière, c’est une bonne production », conclut Frédéric Blouin.