84% des Québécois ne consommeraient pas assez d’oméga-3 d’origine marine

Publié: 29 septembre 2006

Québec (Québec), 27 septembre 2006 – Plus de 84 % de la population adulte du Québec aurait des apports insuffisants en acides gras oméga-3 d’origine marine. C’est ce que les chercheurs de la Chaire Lucie et André Chagnon pourl’avancement d’une approche intégrée en prévention de l’Université Laval etl’Unité de recherche en santé publique du CHUL-CHUQ, viennent d’établir.

Dans le cadre d’une étude évaluant les apports quotidiens en acides grasoméga-3 provenant de la consommation de poisson auprès d’un échantillonreprésentatif de la population québécoise (1001 répondants), les chercheurs ont noté que 81 % des femmes et 89 % des hommes au Québec ont des apports en oméga-3 d’origine marine (EPA+DHA) inférieurs à ceux recommandés par la normeinternationale, soit 500 mg par jour.

La prise adéquate en oméga-3 d’origine marine semble de plus en plusreconnue comme facteur important pour le maintien global de la santé.Plusieurs agences de santé dans le monde reconnaissent que des apportsalimentaires d’environ 500 mg par jour d’EPA et de DHA permettraient laréduction de certains risques de maladies chroniques, et notamment lesmaladies cardiovasculaires. Cette norme correspond à un apport nécessaire dansle cadre d’une démarche de prévention. Les apports conseillés en EPA et DHApeuvent être bien supérieurs pour les populations dites « à risque », notammentles sujets coronariens pour lesquels une consommation de 1 gramme par jourminimum est recommandée.

Selon l’étude menée par la Chaire Lucie et André Chagnon et l’Unité derecherche en santé publique du CHUL-CHUQ, l’apport médian en EPA et DHA de lapopulation adulte du Québec serait de 216 mg par jour. Ce qui équivaut à direque 50 % de la population québécoise aurait des apports inférieurs à 216 mgpar jour.

Depuis plusieurs années, les recherches biomédicales ne cessent derappeler l’importance pour la santé des acides gras oméga-3 que contient lepoisson. Ces recherches suggèrent qu’ils conféreraient de nombreux bénéficesau niveau de la santé cardiovasculaire et mentale. Ils seraient égalementessentiels pendant la grossesse et la lactation et favoriseraient ledéveloppement mental des enfants. Santé Canada reconnaît d’ailleurs que leDHA, un acide gras oméga-3, aide au développement normal du cerveau, des yeuxet des nerfs.

Selon l’épidémiologiste/nutritionniste Michel Lucas, de la Chaire Lucieet André Chagnon, « la plupart des études effectuées dans le domainecardiovasculaire, obstétrique, rhumatologique et neurologique ont étéréalisées avec des oméga-3 d’origine marine. Les résultats obtenus ne sont pasnécessairement extrapolables aux oméga-3 de source végétale que l’on ajoutepartout actuellement dans les aliments commerciaux. Les consommateursdevraient être mieux informés sur cette particularité, car la mention Sourced’oméga-3 sur un emballage ne dit pas tout ! ».

Les résultats de l’étude de la Chaire Lucie et André Chagnon et l’Unitéde recherche en santé publique du CHUL-CHUQ indiquent que 50 % de lapopulation québécoise consomme moins d’un repas aux deux semaines des poissonsles plus riches en oméga-3 (sardines, maquereau, saumon, hareng), alors queles diverses agences de santé en recommandent un minimum de deux par semaine.

Pour Michel Lucas qui a analysé les réponses des Québécois auquestionnaire permettant d’établir les apports en oméga-3 provenant despoissons, les résultats sont inquiétants : « Quand on prend en considérationl’ensemble des messages santé effectués au cours des dernières années auprèsde notre population afin qu’elle augmente sa consommation de poisson, nousconstatons avec tristesse que cette habitude alimentaire n’est pas encoreacquise par l’ensemble de la population ».

Pour ce nutritionniste, il faudrait vraiment revoir nos stratégies etpratiques en matière de promotion de la santé. « Fait étonnant, nous avons notéque 12,3% des répondants (-1/8) avaient consommé à tous les jours au moins unegélule d’oméga-3 d’origine marine au cours des six derniers mois précédantl’étude ». Ces données concorderaient avec celles canadiennes qui indiquent uneutilisation croissante au cours des dernières années des produits de santénaturels.

« Pour certaines personnes, il est plus aisé de prendre une gélulequotidiennement que de modifier ses habitudes alimentaires. Pourtant, lamodification des habitudes alimentaires est un objectif ultime qui doitcontinuer de mobiliser nos énergies à long terme. Face à cette difficulté, lessuppléments peuvent constituer une alternative viable pour comblerefficacement des apports insuffisants. Par ailleurs, il est d’autant plusimportant de s’assurer de leur qualité tant pour leur concentration et leurpureté. Il faut également souligner que leur consommation ne doit pasremplacer une démarche vers un programme global de mieux vivre », conclutM. Lucas.

À propos des Oméga-3
Les acides gras polyinsaturés oméga-3 sont dits essentiels chez leshumains, car nous sommes incapables de les synthétiser. Conséquemment, nousdevons nous les procurer dans notre alimentation. Il existe différentessources d’oméga-3. En fait, on distingue deux grandes sources : les végétauxet les produits marins. L’acide alpha-linolénique (ALA) se retrouveprincipalement dans les aliments d’origine végétale. Les principales sourcesd’ALA sont les graines et l’huile de lin ainsi que l’huile de canola. L’ALAs’accumule très peu dans les graisses animales et les produits marins.Cependant, l’acide eicosapentanoique (EPA) et l’acide docosahexanoique (DHA)sont les principaux oméga-3 que l’on retrouve dans les poissons, les fruits demer et les mammifères marins.

Site(s) extérieur(s) cité(s) dans cet article :

Université Laval
http://www.ulaval.ca/

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