Diversifier les cultures en serre : est-ce gagnant?

Publié: 15 mars 2024

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Photo: Geneviève Labrie, CRAM

Le Québec veut une plus grande autonomie alimentaire, plus de fruits et de légumes produits ici. Dans ce but, les serres ont été ciblées. Selon de récentes observations, elles peuvent effectivement offrir de belles possibilités… mais des défis aussi!

Depuis quelques années, des producteurs procèdent à des essais de cultures nouvelles ou en émergence dans des serres de type tunnel pour allonger leur saison de production. Pour évaluer le potentiel de production et de rentabilité de ces cultures, Geneviève Labrie, chercheure au Centre de recherche agroalimentaire de Mirabel (CRAM), et Anne LeMat, agronome et conseillère aux entreprises au Centre d’expertise et de transfert en agriculture biologique et de proximité (CÉTAB+), ont effectué des observations et recueilli des données chez ces producteurs entre 2021 et 2023.

Elles ont fait part de leurs constats dans le cadre du 7e Colloque maraîcher en serre du Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec (CRAAQ), le 14 novembre 2023, à Drummondville.

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Parmi les cultures à l’essai : aubergine, courgette, haricot et céleri en saison normale; kale, bette à carde, céleri, oignon vert, rabiole et mesclun de crucifères en saison hivernale. Sans surprise, le calendrier de production estival (mars à septembre) convient bien aux productions exigeantes en chaleur. De plus, comme les frais d’énergie sont moindres durant cette période, la rentabilité est plus facilement atteinte. C’est le cas pour l’aubergine : avec un potentiel de rendement de 2 à 3 fruits par plant et un prix de vente intéressant, le bénéfice d’exploitation est évalué à plus de 82 $/m2, malgré des besoins importants pour lutter contre les ravageurs.

Le calendrier de production hivernal (octobre à mars) amène, quant à lui, le défi de produire dans des conditions près du gel. Les essais sous bâche se sont toutefois avérés concluants en permettant de conserver la température au-dessus de 0 °C la plus grande partie de l’hiver et à -4 °C dans les périodes les plus froides. Ce mode de production fonctionne très bien avec des productions simples comme le kale, la bette à carde, l’oignon vert et le mesclun de crucifères, mais aussi avec le céleri (qui peut être cultivé à l’année longue).

En comparant les différents légumes sur la base de leurs potentiels de rendement et de prix, on constate que le céleri (vendu en branches) arrive deuxième (après l’aubergine) avec un bénéfice d’exploitation de 20 $/m2. Le kale, la courgette et l’oignon vert, malgré de faibles coûts d’opération, obtiennent pour le moment un potentiel de revenu légèrement négatif, alors que celui de la rabiole est critique.

Ce qu’il est important de comprendre, a rappelé Anne LeMat, c’est qu’en diversifiant les cultures, on peut mieux rentabiliser tous les mètres carrés cultivés puisque les coûts de possession et les risques sont répartis entre les différentes cultures. La budgétisation permet de mesurer les risques, de vérifier la rentabilité des serres et d’orienter les décisions.

Source : article écrit par Lyne Lauzon, chargée de projets aux publications, et Claudia Caouette, chargée de projets aux Références économiques au CRAAQ.

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