Une production de sirop qui flirte avec les records

C’est la deuxième meilleure année jamais enregistrée

Publié: 17 juin 2025

Une production de sirop qui flirte avec les records

Le printemps long et froid de 2025 a favorisé une très bonne année de sirop d’érable avec une production de 225 millions de livres, ce qui se situe pas très loin de la production record de 239 millions de livres enregistrée l’an dernier, ont annoncé les Producteurs et productrices acéricoles du Québec (PPAQ).

« Encore cette année, c’est une très bonne cuvée. On ne peut pas se plaindre! (…) il s’agit de la deuxième récolte la plus importante jamais enregistrée », a indiqué le président des PPAQ, Luc Goulet.

La moyenne de rendement s’est située en 2025 à 4,04 livres par entaille, alors qu’elle était de 4,47 livres par entaille en 2024. La Montérégie ainsi que la région de Lanaudière, Laval et Montréal ont dépassé la moyenne nationale.

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Voici la moyenne de rendement par région au printemps dernier :

Rendement à l’entaille, en livres et par région pour la saison des sucres 2025. Source: PPAQ

La valeur de la récolte de sirop d’érable est estimée à 750 M$, tout comme l’an dernier.

Les PPAQ ont annoncé l’ajout de 7 millions de nouvelles entailles représentant une production moyenne annuelle supplémentaire d’environ 25 millions de livres de sirop d’érable. Ces nouvelles entailles, qui seront accordées pour des projets d’agrandissement ou de démarrage d’entreprises acéricoles, devront être installées lors des trois prochaines années de production.

Avec un total de 14 millions d’entailles accordées en 2021 et 2023, le nombre d’entailles au Québec pourrait s’élever à 64 millions, doublant la capacité de production d’ici cinq ans.

L’association des acériculteurs dit accorder ces nouvelles entailles afin de répondre à la demande. Avant la récolte record de 2024, la réserve stratégique mondiale de sirop d’érable avait atteint son plus bas niveau depuis 2008. Elle se situait au printemps dernier à 40 millions de livres.

« Nous prévoyons que l’année 2025 sera une année exceptionnelle pour la vente de sirop d’érable. La récolte du printemps dernier permettra tout juste d’approvisionner les marchés, qui présentent une croissance robuste cette année. La réserve stratégique peut donc rapidement être sollicitée, alors qu’elle est à un niveau encore bas. Nous avons évalué différents scénarios, notamment celui d’une détérioration de nos relations commerciales avec notre voisin du Sud, et nous arrivons à une seule conclusion : il faut ajouter des entailles si nous voulons éviter une rupture de l’approvisionnement à court terme », explique Luc Goulet.

Année semencière exceptionnelle

Le printemps dernier n’a pas seulement été généreux en sirop d’érable. Les érables à sucre et les érables rouges ont également affiché une floraison largement supérieur à la normale, ce qui fait dire au biologiste Stéphane Guay que 2025 s’affiche comme une année semencière exceptionnelle. Dans une courte vidéo, il explique que cette abondance pourrait se traduire par une production moindre d’eau de sève au printemps 2026, en raison des ressources sollicitées par les arbres afin de produire une quantité aussi grande de semence. Il s’appuyait sur la littérature scientifique sur le sujet, bien que ce ne soit pas toujours une relation de cause à effet.

Une bonne année de croissance pour les arbres pourrait toutefois compenser les efforts fournis lors de la floraison. Questionné sur les interactions en jeu, Stéphane Guay a indiqué ce qu’il fallait surveiller. « À chaque année, la croissance est dépendante des conditions météo. Beaucoup d’énergie a été dépensée pour la production des graines, mais si la saison estivale est chaude, ensoleillée et sans sécheresse, les arbres feraient plus de photosynthèse et cela peut compenser l’énergie dépensée pour les graines. Pour l’instant, chez nous, les feuilles d’érables rouges sont encore petites pour la période de l’année. À l’automne, nous ferons une analyse de croissance pour observer si les arbres ont fait assez de nouveau bois.»

Stéphane Guay a ajouté qu’il adapterait ses pratiques acéricoles en fonction du résultat de croissance, ce qu’il expliquerait dans une capsule à venir cet automne.

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À PROPOS DE L'AUTEUR

Céline Normandin

Céline Normandin

Journaliste

Céline Normandin est journaliste spécialisée en agriculture et économie. Elle collabore également au Bulletin des agriculteurs.