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Dans le temps des récoltes, la première chose que je fais le matin est de vérifier si le séchoir tourne toujours. Ce matin silence complet… Bon soit le silo est plein, soit j’ai une alarme défaut sur le système de protection. J’engloutis mon déjeuner et je m’empresse de passer vérifier.

Encore un week-end sous la pluie. J’en profite pour me reposer un peu, mais je sens que j’ai la tête ailleurs. Il nous reste une journée de récolte de soya à faire. J’ai beau prétendre avoir des nerfs d’acier, au fond de moi, j’ai hâte de « closer ».

Combien de fois ai-je été attiré par de nouveaux équipements, des produits prometteurs ou une nouvelle technique qui pourraient me permettre d’atteindre de meilleurs niveaux de performance sur la ferme? La tentation est souvent forte. À la fin, je réalise souvent que j’ai déjà tout entre les mains. Il suffit juste de changer, de voir autrement.

Il pleut... encore 20 % de notre soya au champ. Coup d’œil sur les prévisions météo. Wouch, ça s’enligne pour une semaine arrosée. Je me sens de plus en plus seul dans mon secteur à qui il reste du soya. Il fut un temps où Gertrude avait la capacité des autres moissonneuses autour. Si la récolte était plus compliquée, on était tous dans le même bain.

En fin d’été, on avait marché nos champs de soya de long en large un peu déçu de ce qu’on pouvait espérer comme rendement. On pouvait facilement voir des sections de plants qui n’avaient pas produit beaucoup de gousses. Mon conseiller m’a confirmé que ça correspondait à une certaine période de stress hydrique, tandis qu’à d’autres endroits avec une date de semis différente et un sol différent, ça semblait plus prometteur.

Notre maïs-grain n’aura pas manqué de chaleur cette année. On a bien quelques endroits où on observe des signes de manque d’eau, mais en général, on devrait bien s’en sortir. Quand je revisite mes statistiques, ça ressemble en peu à notre saison 2012 qui avait été excellente.

Pendant qu’on s’affaire à décoller notre journée, quelqu’un entre au garage. Il me regarde comme s’il voulait me faire une surprise. Est-ce que tu me reconnais? Une fraction de seconde, une légère hésitation et son nom me revient. Le premier conseiller financier qui nous a fait confiance, mon frérot et moi, lors de l’achat de notre toute première terre.