Cinq ans, ce n’est pas si long, mais pour le président du Conseil québécois des plantes fourragères (CQPF), des changements notables ont eu lieu qui sont de bon augure pour la suite des choses dans le secteur des plantes fourragères au Québec.
Alphonse Pittet a siégé à la présidence depuis 2019, une période de bouleversements s’il en est. Pour le CQPF, ces changements se sont traduits par une plus grande place octroyée aux grands enjeux technico-économiques et des avancées au point de vue politique. Les producteurs sont également sensibilisés, croit-il, à l’importance d’accorder de l’attention à la production fourragère, au même titre que les autres cultures comme le maïs et le soya.
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« Le secteur a de particulier qu’il y a une stagnation des rendements, contrairement aux autres cultures. Pendant mon mandat, le CQPF a voulu contribuer à augmenter les connaissances pour mieux comprendre la culture et augmenter les rendements », indique Alphonse Pittet.
Il note au passage la contribution du Centre d’études sur les coûts de production en agriculture (CECPA) qui a aidé à comprendre les facteurs de rendement, dont les marges. Il se désole, par contre, de voir que les entreprises privées ont peu investi en R&D, si l’on compare aux sommes consacrées aux grandes cultures. Pourtant, les plantes fourragères sont affectées plus que prévu par les changements climatiques. « On se rend compte que les plantes ne sont pas bien adaptées pour les changements qui se produisent rapidement. On a du rattrapage à faire », dit-il.
Le gouvernement fédéral se positionne toutefois sur la question avec des programmes pour lutter contre les changements climatiques et l’adaptation à ces derniers. Le MAPAQ contribue également par les projets d’agroenvironnement et le Plan d’agriculture durable (PAD). « Ça envoie un signal clair. Ça laisse l’impression que tout ça est en évolution. » Le CQPF a d’ailleurs pu engager du personnel pour faire avancer les dossiers en place depuis plusieurs années, grâce à un financement du provincial, souligne Alphonse Pittet.
La filière fourragère s’organise
Le producteur laitier de la Mauricie souligne au passage le dévouement des bénévoles qui ont travaillé dans les dernières années et décennies à faire avancer les dossiers portés par le CQPF, de manière désintéressée et par devoir. Il continuera pour sa part à être membre de l’organisation, en gardant un devoir de réserve. « Je ne veux pas jouer le rôle de belle-mère, comme on dit en politique. Je veux que le CQPF soit totalement libre de prendre ses décisions dans l’avenir. »
Le président sortant souhaiterait d’ailleurs voir le CQPF continuer sous sa forme actuelle, avec le soutien de ses bénévoles, tout en continuant d’assumer un rôle de leadership dans la filière des cultures fourragères avec le MAPAQ. Surtout, M.Pittet considère que le Pôle d’expertise des plantes fourragères du Québec est un des outils très importants pour que le secteur atteigne un stade de développement plus avancé, alors que le secteur a toujours souffert de manque de moyens. D’avoir pu mettre le Pôle sur pied durant son mandat est d’ailleurs une grande fierté, bien qu’il reste encore beaucoup de choses à accomplir. « Je souhaite surtout que le Pôle puisse atteindre sa vitesse de croisière et déployer sa pleine capacité. »
Refaire une place aux plantes fourragères
Et pour finir, après avoir été un témoin des changements dans la pratique de l’agriculture en général au Québec depuis les années 1980, dont celles associées aux cultures fourragères, Alphonse Pittet souhaiterait voir la courbe dans les superficies consacrées à ces dernières s’inverser. Après un déclin marqué dans les 20 dernières années, le recul des terres en foin ou en pâturages ralentit, mais la tendance est toujours présente. Le discours sur l’utilisation des cultures fourragères a changé dans les dernières années et a caractérisé la fin du mandat du président du CQPF. Il observe une certaine sensibilisation aux programmes agroenvironnementaux des gouvernements, alors que la dynamique des plantes fourragère dans un contexte de changements climatiques est mieux comprise.
Le Québec jouit selon lui de plusieurs avantages dans la culture des plantes fourragères, en comparaison avec d’autres coins du monde, un aspect qui pourrait être exploité. « Si je pouvais voir s’inverser la courbe des superficies dédiées aux plantes fourragères de mon vivant, ce serait le couronnement de tous mes efforts. »