Un projet pour revaloriser la culture du foin

Publié: 5 juillet 2022

Un projet pour revaloriser la culture du foin

L’accroissement des superficies consacrées aux grandes cultures dans les dernières années s’est fait  souvent au détriment des cultures fourragères. Les avantages liés aux prairies sont toutefois nombreux du point de vue de la santé des sols. Le développement du foin de commerce a également créé un marché et des besoins de terres cultivables. La diminution dans les superficies et la culture des fourragères ont toutefois fait en sorte que l’équipement et le savoir-faire se font plus rares.

Pour palier à ces difficultés et pour relancer la culture du foin, le Conseil québécois des plantes fourragères (CQPF) démarre un projet visant à revaloriser la culture et créer un environnement favorable au développement du foin de commerce, explique le coordonnateur terrain du projet, Germain Lefebvre. « L’objectif ultime et le raisonnement derrière le projet est qu’un paradigme de production a été adopté qui n’est pas favorable aux cultures pérennes. On souhaite inciter la rotation de ces cultures pérennes pour les avantages qui leurs sont reconnus comme la conservation, la santé des sols et les objectifs mis de l’avant par le Plan d’agriculture durable (du MAPAQ). On souhaite créer un momentum vers le commerce de foin, mais il est vrai que la route est longue (pour arriver vers cet objectif). »

Le projet du CQPF vise à recruter des duos de producteurs, un en grandes cultures et l’autre en commerce de foin. Pour une durée de deux ans, ces duos s’échangeraient des superficies d’un maximum de 10 hectares (minimum 7 hectares), de la préparation du sol, des semis jusqu’à la récolte, ainsi que la mise en marché. Durant le projet, qui se déroulera de 2023 à 2024, les producteurs bénéficieront d’un soutien financier ainsi que de l’accompagnement de conseillers.

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Certaines conditions s’appliquent. Les participants doivent provenir des régions de la Montérégie, du Centre-du Québec ou de l’Estrie. Ils doivent être producteurs de foin de commerce et producteurs de maïs/soya. Les terres échangées doivent aussi être de valeur agronomique équivalente. Et de préférence, les terres se trouveraient à peu de distance les unes des autres.

L’idée sous-tendant le projet est que les producteurs possèdent l’expertise de leurs cultures respectives et qu’un échange serait un exercice bénéfique pour chacun. On s’attend aussi à ce que chaque participant traite la terre qu’il cultive comme si elle était la sienne.

Les incitatifs comprennent certains coûts liés à des travaux agricoles sur la terre autre que celle du participant, les frais d’analyses de sol (matière organique), à raison d’une analyse (50$) par ha pour deux années, automne 2022 et automne 2024, et un suivi personnalisé de la part de son conseiller régulier, spécifiquement pour la réalisation de ce projet. La durée de vie d’une prairie étant généralement de quatre ans, il sera fortement suggéré aux producteurs de grains des duos de conserver la prairie pour idéalement deux années supplémentaires, soit 2025 et 2026. Il n’y aura plus de compensation au-delà de 2024 mais le coordonnateur indique que l’équipe sera disponible pour essayer d’arbitrer le tout. La décision sera laissée aux producteurs partenaires. Il était initialement prévu de débuter les semis en 2022 mais le projet a dû être repoussé en raison de la date de son approbation.

Pour Germain Lefebvre, ce projet est avant tout un de visibilité en amenant vers des collaborations des producteurs. « C’est une façon pédagogique de travailler en partenariats. »

Bien que des avantages financiers soient inclus, le coordonnateur explique que les producteurs participants doivent le faire avant tout parce qu’ils pensent « qu’il est pertinent de le faire et qu’ils ont une conviction ».

Pour le CQPF, la pertinence du projet se situe aussi dans une meilleure structure de l’écosystème de foin de commerce. Ce dernier s’est développé de manière importante en raison de la demande, mais pour bien fournir ce marché en développement et pour répondre à la demande extérieure, il faut en renforcer certains aspects, croit M. Lefebvre. Les critères de la chaîne de production gagneraient à être mieux définis et partagés de manière commune pour atteindre des standards qui favoriseraient le commerce et, par ricochet, les commerçants. La taille, la densité, les niveaux de protéines ou de matières sèches sont à la discrétion du commerçant en ce moment. « Il faut partir la roue. C’est un gros contrat, mais on doit faire en sorte pour que ça fonctionne, que tout le monde se suive. »

À PROPOS DE L'AUTEUR

Céline Normandin

Céline Normandin

Journaliste

Céline Normandin est journaliste spécialisée en agriculture et économie. Elle collabore également au Bulletin des agriculteurs.