
Même si cette année la première coupe arrive déjà à grands pas, une bonne pratique pourrait vous permettre d’optimiser la qualité de vos fourrages dans le futur : le déprimage.
La reprise de la végétation en sortie d’hiver est une période critique pour les prairies. En seulement quelques semaines, nous pouvons agir sur la qualité, la productivité ou encore la pérennité des espèces implantées grâce à un mode d’exploitation adapté et à moindre coût.
À lire aussi

Remontée du soya à Chicago
La fève a enregistré un premier gain hebdomadaire en quatre semaines à la suite des chiffres dévoilés quant à la prochaine récolte américaine.
Comme beaucoup de plantes, les graminées sortent de leur repos végétatif lorsqu’une certaine température est atteinte. Pour la plupart des espèces, la sortie de dormance arrive lorsque nous atteignons des températures entre 5 et 10°C. La plante produira ensuite des feuilles durant le cycle de végétation. Dès lors que la graminée sera pâturée ou coupée, elle va taller et produire de nouvelles feuilles plus longues.
Quel est l’intérêt du déprimage ?
Les pousses présentes aux champs en sortie d’hiver sont vieillissantes. Elles ont subi le froid et le gel, ce qui a contribué à la diminution de leur qualité nutritionnelle. Le déprimage consiste donc à envoyer les animaux pâturer au champ dès lors que la neige est fondue, que le sol est suffisamment portant et avant que les graminées atteignent le stade « épi 10 cm ». L’herbe vieillie sera donc coupée, ce qui entraînera son élimination et amènera de la lumière pour favoriser le tallage ainsi que la repousse de feuilles fraîches au printemps. Ces nouvelles pousses seront alors disponibles durant la saison pour le pâturage ou les coupes de foin subséquentes.
D’après une étude menée sur une trentaine de parcelles à l’Institut de Lasalle, de Beauvais en France, un bénéfice de 600 à 1600 kg de matière sèche (MS) selon les espèces et variétés, est possible sur les surfaces déprimées.
En plus de son gain en rendement et en qualité de fourrage (feuilles et talles plus jeunes donc plus tendres et digestibles), le déprimage permet une lutte biologique contre les mauvaises herbes. En effet, les jeunes talles vont occuper l’espace libre et donc limiter la propagation des adventices dans le champ.
Quelles parcelles à déprimer?
Cette décision est à prendre en fonction de votre stratégie de gestion des fourrages. Pour les parcelles à fauche précoce, le rendement serait affecté, le déprimage est déconseillé. En revanche, pour les coupes tardives récoltées en foin ou en pâturage, l’intérêt d’une telle pratique est bien réel. Il faut également porter une attention à l’état de la parcelle et favoriser des animaux plus légers (broutards, génisses) et des chargements faibles si la portance n’est pas optimale.
Pour conclure, la principale difficulté de mise en œuvre est le fait de devoir faire tourner rapidement son troupeau à travers les champs. Pour un déprimage optimal, il faudrait être partout en même temps…
Il semblerait qu’en effectuant une coupe à 3 ou 4 cm de hauteur, lorsque l’herbe en fait 8-10, un gain d’au moins 1 tonne de MS est possible tout en améliorant la qualité du fourrage et en maîtrisant davantage les adventices.
Pour un temps de travail estimé à 30 min/ha et un coût faible, cette pratique mérite certainement le coup d’œil.
*Texte réalisé en collaboration avec le Conseil québécois des plantes fourragères. Les propos exprimés dans le texte relèvent toutefois de l’auteur et n’engagent pas le CQPF.