La survie hivernale des céréales d’automne est-elle le produit d’un caprice de mère Nature ou certaines pratiques culturales sont-elles à pointer du doigt? Selon une étude dévoilée par le Centre de recherche sur les grains (CÉROM), la météo et certains problèmes seraient responsables en grande partie des dommages notés dans la culture des céréales d’automne.
Les chercheurs Michel McElroy (CÉROM) et Yves Dion (MAPAQ) ont élaboré un questionnaire auquel ont participé 61 producteurs, représentant 2100 hectares de céréales d’automne à travers la province. L’objectif à ce moment était de sonder les niveaux de survie et de recueillir des informations qui pourraient expliquer la survie à l’hiver.
Selon les données reçues de La Financière agricole du Québec, environ le quart (23,3 %) des hectares ensemencés en céréales d’automne à l’automne 2021 ont subi des dommages au cours de l’hiver (chiffre correspondant à la proportion d’hectares ayant subi des dommages suffisamment importants pour faire l’objet d’une réclamation). Les dommages les plus importants ont été signalés dans Lanaudière et les Laurentides.
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L’automne 2021 s’est caractérisé par un gel sous zéro très tardif (20 novembre) et un hiver sans redoux trop prononcé, ce qui a permis de conserver le couvert neigeux et éviter les brûlures dues au gel.
La majorité des répondants au sondage ont d’ailleurs fait état d’une excellente survie de leur culture. Seulement 8,2% des répondants ont qualifié la survie hivernale de « faible » ou « très faible ». Le trois
quarts des répondants ont noté que le taux de survie était aussi bon ou meilleur que celui des années précédentes et 64% ont déclaré qu’ils conserveraient le champ dans son état actuel – seuls 4,8 % des répondants ont déclaré qu’ils détruiraient une partie de leur champ et/ou détruiraient la culture d’automne dans son intégralité.
Les dommage observés étaient répartis dans diverses régions. Parmi les facteurs recueillis, « ni les conditions topographiques, les types de sols et les pratiques agronomiques ne peuvent expliquer des tendances claires en lien avec le niveau de survie à l’hiver », indique le rapport.
Dans le cas de dommages rapportés, ils étaient en grande majorité décrits comme « éclatés » (c’est-à-dire une distribution inégale de zones mortes), tandis qu’un quart les a décrits comme étant « concentrés » (limités à une partie circonscrite de leur champ). Les auteurs de l’étude rapporte « quelques thèmes récurrents communs : des zones de compaction ou de mauvais drainage, que ce soit à cause de la topographie, de l’utilisation de la machinerie ou du travail du sol ».
Puisque la compaction et l’accumulation d’eau semblent en grande partie responsable de la mortalité, MM. McElroy et Dion recommandent lors de la planification des semis de blé cet automne de « garder à l’esprit les zones connues de compaction du sol et d’envisager des stratégies pour minimiser les passages de machines en automne et en hiver ».
Bien que le phénomène La Niña dans le Pacifique soit prévu de nouveau cette année pour les saisons d’automne et d’hiver, il n’est pas garanti que les cultures bénéficieront des mêmes excellentes conditions. « La meilleure défense contre tout type de stress hivernal chez les céréales est de s’assurer qu’elles bénéficient d’une période adéquate pour leur développement et s’acclimater au froid, ce qui, en termes pratiques, signifie semer à temps et dans les meilleures conditions possibles », conclue l’étude.