Olymel réduira encore ses achats de 855 000 porcs québécois

La réduction de porcs sera effective le 3 juin prochain

Publié: 3 février 2023

Les porcs qui devront être détournés en juin sont déjà nés.

Pour faire face à la crise qui perdure depuis des mois et à la dernière annonce de réduction d’achats de 855 000 porcs québécois par Olymel, les Éleveurs de porcs du Québec (ÉPQ) travaillent sur divers tableaux à la fois. Cela comprend un programme d’aide aux producteurs qui décideront de réduire leur production. Une nouvelle convention collective de mise en marché est aussi attendue incessamment.

Les ÉPQ ont tenu une rencontre d’information des membres le jour même où Olymel annonçait une autre réduction de ses volumes d’achat par voie d’une infolettre destinée aux membres de la filière porcine coopérative, le 2 février 2023. La réduction de porcs sera effective le 3 juin prochain. Avec les deux autres annonces de réduction depuis un an et demi, cela représentera une baisse totale d’achat à 1,6 millions de porcs.

Déjà, les ÉPQ travaillaient à trouver des transformateurs à l’extérieur de la province qui seraient prêts à abattre les porcs en surplus. David Duval, président des ÉPQ, a même dit avoir eu des discussions avec des transformateurs qui pourraient démontrer de l’intérêt à s’installer au Québec pour abattre des porcs au lieu de les transporter à l’extérieur de la province. Il n’y a encore rien de concret en ce sens. « J’ai été en discussion avec des gens dans l’Ouest et aux États-Unis pour qu’ils viennent investir dans des abattoirs au Québec », a dit David Duval durant la période de questions.

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Les ÉPQ sont en train de travailler sur un programme de retrait volontaire de la production. Les producteurs seraient indemnisés par porc ou porcelet contre un engagement de cesser de produire pendant un certain temps. Le projet est à l’étape de la rédaction. « Chaque entreprise devrait faire une évaluation si elle est capable de faire face aux prochaines années. Ce sera à vous à faire ces évaluations-là », a dit David Duval aux quelques 170 participants à la rencontre.

Convention collective attendue

Entre temps, plusieurs dossiers sont en marche chez les ÉPQ. Les rencontres avec les acheteurs avec l’aide du conciliateur Raymond Bachand sont en cours pour arriver à une entente dans la négociation de la convention collective. Le rabais accordé aux acheteurs est maintenant chose du passé, sauf un petit ajustement lié à la distorsion du marché. C’est que les raisons liées à la tempête parfaite vécue l’été dernier ne sont plus présentes. Les signaux des marchés à l’international sont redevenus à une situation comparable au passé, sauf le marché du frais qui est moins important.

En plus de nuire au revenu des éleveurs, la réduction de prix accordée aux acheteurs représentait une forme de manipulation du prix qui n’est pas compatible avec le fondement même de l’Assurance stabilisation des revenus agricoles. À court terme, la situation a pu être justifiée auprès de la Financière agricole, mais à plus long terme, le danger pour les ÉPQ était de perdre cet important outil. 

L’étude sur les coûts de production basée sur l’année 2022 est aussi très attendue pour les montants qui en découleront au niveau des indemnités de l’ASRA. Le producteur de porcs Mathieu Pilote de Charlevoix a dit souhaiter que l’ASRA prenne en considération les disparités régionales. Le risque, selon lui, est qu’il n’y ait plus de production porcine dans sa région. « Au Québec, 50% des grains qu’on produit sont transformés par les porcs, dit-il. C’est 25% en Ontario et 5 à 10% aux États-Unis. Si les producteurs de porcs disparaissent, ce n’est pas juste les producteurs de porcs qui vont souffrir!  Dans Charlevoix, il ne se produira plus de porcs. » Un autre producteur du Bas-Saint-Laurent a dit avoir fait un constat semblable dans sa région.

David Duval, lui, voit des signes encourageants, dont le fait que Sollio et l’AQINAC se soient ralliés derrière les ÉPQ lors de la séance publique devant la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec le 1er février dernier. La séance publique portait sur le projet de règlement adopté par les ÉPQ concernant, entre autres, les périodes de restriction de mise en marché.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Marie-Josée Parent

Marie-Josée Parent

Agronome et journaliste

Marie-Josée Parent couvre les productions laitière, bovine, avicole et porcine au Bulletin des agriculteurs.