Sabrina Gagnon de la Ferme Liégeoise, Richard Genest de la Ferme Célijean et Ana-Maria Martin de la Ferme Lorami ont en commun d’avoir fait des transformations sur leurs fermes pour respecter le Code de pratiques pour le soin et la manipulation des bovins laitiers.
Ces trois personnes ont participé à un panel animé par l’agronome Steve Adam, consultant en bien-être animal, lors du Symposium sur les bovins laitiers le 30 octobre 2024 à Drummondville.
Attachées et en groupes
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Avec les prix des veaux qui ont explosé depuis 2022, les producteurs de veaux et de bouvillons ont de la difficulté à financer l’achat d’animaux. Il en résulte des places vides dans les bâtiments.
Sabrina Gagnon de la Ferme Liégeoise au Lac-Saint-Jean explique que même si les 125 vaches en lactation sont en stabulation entravée, elle et son conjoint, David Hossay, accordent une grande importance au bien-être animal.
Un parc-hôpital permet aux vaches plus vieilles et malades de se reposer. Après deux semaines en enclos individuels, les jeunes veaux sont gardés en groupes. Les vaches en préparation au vêlage sont gardées en parc sur litière accumulée.
Sabrina Gagnon explique qu’en reprenant l’entreprise en 2018, ils voulaient mettre les veaux en groupes. C’est à ce moment-là qu’ils ont installé la louve. Ils ont aussi voulu mettre les vaches en préparation au vêlage ensemble dans des parcs pour gérer les vaches d’un même stade de lactation. Éventuellement les vaches taries seront aussi logées en parcs.
Elle ajoute qu’ils se sont bien adaptés au logement des veaux en groupe, ainsi que leurs employés. Toutefois, elle a trouvé qu’il y avait du tétage entre les veaux. Pour remédier à cela, ils ont servi de la moulée à volonté. « Pendant qu’ils mangent, ils ne tètent pas les autres, donc on a espérance que ça améliore beaucoup [le tétage] », explique-t-elle.
Steve Adam explique que la crainte du tétage est souvent un frein au changement. La raison pourquoi le veau tète, c’est qu’il a faim ou qu’il s’ennuie. « Je pense que l’alimentation a une grosse part dans le tétage en groupe », dit-il. Il ajoute qu’il est aussi important de leur offrir de l’eau qui est trop souvent oubliée.
Les veaux de la ferme sont gardés individuellement pendant 15 jours pour les aider à avoir un meilleur système immunitaire et à diminuer les maladies. « On a remarqué que c’était beaucoup plus facile », explique Sabrina Gagnon. Elle ajoute que le nettoyage des tétines et la régie sont très importants.
Steve Adam ajoute que le groupage des veaux est une grosse étape et que la salubrité est très importante.
Diminuer le stress
Ana Maria Martin de la Ferme Lorami en Montérégie explique qu’après avoir construit une étable pour les vaches avec logettes de sable et robot en 2014 pour 60 vaches en lactation, ils se sont rendu compte que les génisses nécessitaient aussi une amélioration de confort. C’est pourquoi ils ont modifié leur ancienne étable en 2017.
L’alimentation des vaches est apportée par convoyeur et un repousse fourrage passe dans l’étable. L’alimentation des génisses est servie par convoyeur dans une mangeoire. Les jeunes veaux mâles sont logés dans des huches et les femelles sont dans des enclos avec louve.
L’aire de vêlage est sur litière de sable. Ana Maria Martin explique que pour eux, c’est important de diminuer le stress entre les différentes étapes de la vie d’une vache.
Quand Ana Maria Martin a intégré l’entreprise, elle assistait à de nombreuses conférences et elle trouvait que c’était un non-sens d’avoir les veaux attachés le long du mur. Le choix de la louve était pour éviter la contrainte de nourrir les veaux trois fois par jour.
Elle était heureuse de son choix jusqu’à ce qu’elle se retrouve avec une maladie dans son groupe de veaux. Elle a dû faire un vide sanitaire. « Mais je ne regrette pas, dit-elle. C’est quand même du vivant. »
Sur ce, Steve Adam rappelle l’importance de s’assurer de bien revoir le protocole de colostrum avant de passer à des veaux en groupes.
Bien-être des vaches et des humains
Richard Genest de la Ferme Célijean, de la région de Portneuf, souhaitait ramener toutes les vaches en lactation sur le même site et passer à un total de 105 vaches. Il souhaitait aussi ramener les vaches taries sur le site principal. Avec un meilleur confort, il souhaitait gagner deux lactations par vache.
L’étable en stabulation entravée a été agrandie de 65 sur 198 pieds avec l’ajout de l’espace de 53 vaches sur litière accumulée pour vaches taries, vaches en préparation au vêlage et vaches fraîchement vêlées. Les vaches fraîchement vêlées sont attachées dans l’aire d’alimentation durant la traite pour les habituer à se faire attacher.
L’agrandissement a été fait pour éviter de transférer les vaches après le vêlage. Le choix des parcs pour les vaches taries, en préparation au vêlage et pour les vaches fraîchement vêlées était pour leur offrir un meilleur confort durant cette période critique.
« L’autre chose qui était importante, c’est que ça soit simple et que ça libère du temps », dit Richard Genest. C’est une question de qualité de vie familiale et que ce soit simple pour les deux travailleurs étrangers.
« Le vêlage en groupes, je suis étonnamment surpris comme ça va bien », dit Richard Genest. « Ça vêle tout seul. » Les veaux naissants sont laissés avec leur mère pendant 12 à 24 heures. Le colostrum est pris directement à la mère. De cette façon, il est certain que le colostrum est à la bonne température. Les employés s’assurent que le veau boit à la mère.
Pour la litière accumulée qui chauffe, il recommande de parler avec le vétérinaire pour limiter les problèmes de mammite. Il explique aussi qu’il est important d’avoir de l’aide pour aider l’équipe dans l’apprentissage du passage du logement attaché à libre pour les vaches.
« Elles sont libres sur un bed-pack, mais quand je les attache à 50 jours, il y a un stress, dit-il. Elle est bien dans son bed-pack. Elle pense qu’elle va rester là toute sa vie. C’est sûr qu’un jour, j’aimerais ça les mettre toutes libres, mais pas sur bed-pack. »
Il ajoute que selon lui, il est mieux que les vaches apprennent la stabulation libre dès leur jeune âge.
Il aimerait améliorer la façon d’épandre la paille de façon plus automatique, sans que ce soit trop dispendieux. Il a essayé plusieurs litières et la paille reste la meilleur option.
Consultez le Code de pratiques pour le soin et la manipulation des bovins laitiers en cliquant ici.
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