Alors que la diarrhée épidémique porcine (DEP) touche de plus en plus de fermes américaines, les producteurs de porcs québécois ont frais en mémoire l’épidémie de dépérissement post-sevrage (SDPS) qui a affecté de nombreuses fermes en 2005. La crainte actuelle est similaire puisque le prix du porc s’annonce bon dans les prochains mois, exactement comme lorsque le SDPS a touché le Québec.
Encore une fois, un virus est en cause, ce qui complique la situation. En effet, aucun antibiotique ne peut enrayer la maladie. Dans le cas du SDPS, ce sont plusieurs mesures, comme la biosécurité, la modification de pratiques d’élevage et la vaccination, qui en sont venu à bout.
ÉQSP
Contrairement à 2005, l’industrie porcine peut compter sur l’Équipe québécoise de santé porcine dont l’assemblée de fondation a eu lieu le 25 juin dernier. Son coordonnateur, l’agronome Martin Pelletier était l’invité du Rendez-vous porcin AQINAC le 19 novembre dernier pour parler de la situation.
Ce qui fait craindre le pire est l’importance des nouveaux cas détectés au cours des dernières semaines comme le démontre le tableau suivant. En date du 10 novembre, 1161 cas ont été rapportés depuis le 15 avril dernier. En une semaine seulement, du 3 au 10 novembre, il y a eu 92 cas de plus. La situation ne risque pas de s’améliorer dans les prochains mois puisque le virus survit mieux durant la saison froide qu’en été.
L’ÉQSP a produit une fiche qui a été distribuée à tous les producteurs l’été dernier. Les Éleveurs de porcs du Québec ont mis une page d’information sur la maladie sur leur site web.
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Détecter
Le vétérinaire François Cardinal, de la clinique Les Consultants Avi-Porc, épaulait Martin Pelletier lors du Rendez-vous porcin pour parler des aspects techniques de la maladie. François Cardinal exhorte les producteurs de porcs à bien suivre l’évolution de santé de leur troupeau. La maladie ressemble à une gastroentérite transmissible, sauf sur un point : le taux d’animaux infectés. En cinq semaines, de 80 à 100% des porcs peuvent mourir. « Le pourcentage d’animaux infectés devrait vous alarmer », explique le vétérinaire. Lui-même n’a jamais vu de cas de cette maladie puisqu’elle n’est pas encore présente au Canada.
Le transport des animaux de réforme est une porte d’entrée potentielle du virus. « Les remorques ne sont pas lavées, séchées et désinfectées entre chaque chargement », explique François Cardinal. Or, quelques grammes de fumier oubliés dans une remorque sont suffisants pour amener la maladie à tout un troupeau. Une étude menée en juin dernier, alors que la maladie commençait à peine, a démontré que 100% des quais des abattoirs étaient infectés. Même nettoyées, les remorques repartaient avec le virus, dans 11,4% des cas.
Selon François Cardinal, la solution principale est la conscientisation des producteurs. « Les porcs et les truies de réformes, vous pouvez contrôler leur sortie, dit-il. Exigez un camion propre : lavé, séché et désinfecté. C’est vrai pour le transporteur, mais aussi pour votre camion. » Il suggère aussi de sortir les animaux de votre ferme vous-même et de coller le derrière de votre remorque à celle du transporteur.
Une lueur d’espoir pourrait venir des nombreuses recherches qui sont menées actuellement aux États-Unis sur la maladie. Le site internet de l’American Association of Swine Veterinarians (AASV) dresse une liste de ces recherches. On y retrouve aussi toute l’information à date sur l’évolution de la maladie (en anglais).