Les élections américaines, qui auront lieu la semaine prochaine, suscitent beaucoup d’attention. Certaines mesures sur le front agricole risquent d’avoir un impact dès l’an prochain, et ce, peu importe qui sera élu. Et comme les échanges entre le Canada et les États-Unis sont très étroits, l’agriculture canadienne risque d’en ressentir les effets.
Financement agricole Canada (FAC) s’est penché sur trois éléments à surveiller pour 2025 et détaille pour chacune d’elle la nature de la politique et ses impacts ici.
L’étiquette « Produit des États-Unis »
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La première concerne l’étiquetage volontaire du pays d’origine (« vCOOL ») pour les produits de bœuf et de porc. À partir du 1er janvier 2026, l’étiquette « Produit des États-Unis » ne pourra être utilisée que pour les animaux nés et élevés aux États-Unis. Comme le dit FAC, les producteurs de viande américains sont autorisés actuellement « à importer des animaux canadiens, à les élever et à les abattre, puis à utiliser l’étiquette « Produit des États-Unis ». Même s’il semble que la facette volontaire de la politique rende le sujet moins pressant, FAC fait valoir que les éleveurs américains ne pourront s’en prévaloir s’ils achètent leurs animaux au Canada.
L’impact au Canada sera important puisque les éleveurs d’ici envoient chaque année environ quatre millions de porcelets (pesant moins de sept kg et âgés de 21 jours), selon les experts de FAC. Ils estiment qu’il sera difficile d’exporter du bétail vers les États-Unis, ce qui aura « des conséquences très lourdes ». Le prix pour les exportations de bovins et de porcs vivants risque de reculer et il pourrait être plus difficile d’exporter des produits transformés. Les pressions pour les éleveurs porcins risquent d’être plus fortes en raison d’une capacité moindre pour la transformation en sol canadien et de l’accès à de l’abattage aux États-Unis.
Les biodiésels
La seconde mesure entrera en vigueur dès le 1er janvier 2025 et touche la production de biocarburant. Le Inflation Reduction Act (loi sur la réduction de l’inflation) des États-Unis accorde un crédit d’impôt au biodiésel, mais effectue un changement pour qu’il ne soit accordé qu’au biodiésel ou diésel renouvelable produit aux États-Unis, donc à partir de grains américains. Les mélangeurs, qui utilisaient le biodiésel canadien, ne pourraient plus le faire, alors que la quasi-totalité de la production canadienne prend le chemin des États-Unis. La question se pose alors à savoir quels débouchés s’offriront à l’huile de canola et de soya raffinée. Pour le moment, les triturateurs canadiens continuent d’exporter de l’huile de canola vers les installations américaines, avec un record pour les huit premiers mois de 2024. Reste donc à voir comment le crédit d’impôt américain affectera les achats de biodiésel.
Les Farm Bills
L’adoption du prochain plan agricole, appelé les Farm Bills, est le troisième élément pointé par FAC. Les négociations visant son renouvellement auront lieu l’année prochaine et couvrent de nombreux sujets, comme les programmes d’assurance des produits agricoles, les programmes de soutien des prix et les programmes de conservation. Selon le nouveau plan adopté, les impacts pourraient se faire sentir au niveau des prix des grains sur les marchés en modifiant le choix des cultures semées par les producteurs américains, jusqu’au prix du bétail au Canada.
Les analystes de FAC terminent en indiquant que le choix du prochain président aura un impact sur d’autres aspects, comme les échanges internationaux si jamais des tarifs sont imposés. Le renouvellement de l’Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM) doit également avoir lieu en 2026. Les négociations sous l’administration Trump en 2016 avaient été houleuses avec des concessions concernant la gestion de l’offre. Le projet de loi C-282 visant à protéger la gestion de l’offre est toujours débattu au Sénat et pourrait ne pas être adopté si le gouvernement libéral devait tomber prochainement.
D’autres observateurs ont fait remarquer que les soubresauts géopolitiques ne sont pas à écarter, comme ce fut le cas avec l’invasion de la Russie en Ukraine, laquelle a eu des retombées sur le prix des grains, des engrais et des ressources comme le gaz naturel. Le conflit au Moyen-Orient demeurera aussi une préoccupation majeure pour la prochaine administration américaine.
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