Le scénario d’une récolte de céréale qui classe et qui germe à plus de 85 % se répète depuis quatre ans dans un rang de la Montérégie, et ce, malgré des conditions climatiques défavorables. Un producteur minutieux a révélé au Bulletin des agriculteurs les particularités qui lui assurent la réussite de la culture de semence d’orge de brasserie.
La neige laisse place à un sol gorgé d’eau. Les journées s’allongent. La fébrilité de la saison des semis se fait sentir dans nos campagnes. Sur le rang des Trente à Saint-Jean-Baptiste, dans un garage, un semoir et une batteuse attendent, fins prêts pour la belle saison. À la Ferme Bonnefoi, la préparation pour la période de culture s’amorce dès l’hiver. Stéphane Alix, propriétaire de la Ferme Bonnefoi, cultive 550 acres en grandes cultures. Avec la charge de travail de la ferme et trois enfants sous le toit familial, son temps se gère avec stratégie. « L’hiver, je fais le ménage de la batteuse pour enlever les grains qui pourraient contaminer ma récolte d’orge. C’est important parce que l’été, une fois que c’est parti, je n’ai plus le temps », apporte le producteur.
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Une minutie qui rapporte
Stéphane Alix cultive l’ensemble de ses terres sur billons permanents. « Dans la culture sur billons, c’est le souci du détail qui compte », souligne ce producteur. Cette méticulosité que Stéphane Alix maîtrise parfaitement lui assure un semis, puis une récolte de qualité. Sur sa ferme, la rotation s’amorce par la culture du maïs sur un billon fraîchement constitué. Sans retravailler le billon, le maïs s’implante pour une deuxième année. À la sortie du maïs, le billon est rafraîchi. Au printemps suivant, du soya est semé. L’orge s’insère timidement dans la rotation, bien que son rôle y soit primordial. Cette graminée occupe d’une année à l’autre de 6 à 12 % des surfaces cultivées. « L’orge est cultivée dans l’optique de niveler mes terres en plus de me donner une plus value », précise Stéphane Alix.
À la Ferme Bonnefoi, le désherbage du champ d’orge s’effectue à l’aide d’un herbicide, appliqué aux deux tiers de la dose recommandée. L’orge est peu exigeante en azote et malgré une fertilisation azotée régie à une cinquantaine d’unités, certaines zones des terres de Stéphane Alix tendent à verser. Afin de contrer cette tendance, l’agriculteur pense appliquer un fongicide ou un raccourcisseur de paille. « Les parties de champ qui sont versées ne sont pas récoltées. Avec la batteuse, je les contourne et après, je reviens les récolter pour utiliser les grains en engrais vert », explique Stéphane Alix. À la fertilisation s’ajoute un apport de bore dans le but d’éviter le développement de l’ergot.
Signal récolte!
En bon producteur de semence, Stéphane Alix sillonne ses champs, l’œil vif, à la recherche de plants hors type. La saison avance, puis la tête des épis d’orge se courbe. À ce moment, la batteuse prélève un échantillon pour évaluer le taux d’humidité de la culture. Cette vérification de l’humidité vise à assurer la qualité de sa récolte. « À partir de 20 % d’humidité, le grain a atteint sa maturité. C’est aussi le signal qu’il est possible de récolter », indique Stéphane Alix. Il récolte à partir de 19 %, puis ventile. Ce producteur montérégien récolte hâtivement afin de conserver la couleur claire du grain et d’éviter le développement de maladies au champ. Il faut passer à l’action dès que la culture est prête. Les terres sont humides : la batteuse sera chaussée de pneus qui favorisent la flottaison. Seule la batteuse parcourt le champ. Les tracteurs et les camions demeurent sur les chemins avoisinants pour limiter les dommages. Le grain récolté est immédiatement ventilé. Un suivi du taux d’humidité de l’air et du grain est effectué. La ventilation souffle jusqu’à ce que le grain atteigne un taux d’humidité de 12,5 % à 13 %. Une sonde permet à Stéphane Alix de faire l’échantillonnage du grain à l’intérieur du silo. L’humidité de cet échantillon est mesurée à l’aide d’un humidimètre.
La culture de l’orge semble peu populaire dans la région où Stéphane Alix pratique l’agriculture. « La culture de semence d’orge de brasserie exige un investissement de temps pour bien la réussir, mais une prime y est associée », conclut Stéphane Alix.
*Article rédigé par Eve Cayer.
*À noter que cet article n’est pas complet. La version intégrale est publiée dans Le Bulletin des agriculteurs, édition juin 2011.