Pour quand l’application de pesticides par drone?

Les essais comparent des applications de drones à une méthode conventionnelle dans le brocoli, la pomme, le pois et la vigne

Publié: 21 décembre 2023

Photo : Martin Trudeau, Centre de la lutte antiparasitaire - Agriculture et Agroalimentaire Canada

Comme le producteur Jean-Bernard Van Winden l’a mentionné dans une entrevue récente qu’il a accordée au Bulletin, l’utilisation de drones pour appliquer des pesticides dans les champs agricoles est interdite au Canada, sauf pour quelques exceptions. Plus précisément, en raison de l’absence de données probantes sur la sécurité de ce type d’application, l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire de Santé Canada (ARLA) n’autorise pas encore cette utilisation des pesticides en agriculture. Des équipes de chercheurs tentent de remédier à ce manque de données.

L’utilisation de drones pour l’épandage de pesticides serait bienvenue lorsque les champs sont impraticables avec des machines terrestres, comme ce fut le cas l’été dernier en raison de l’abondance d’eau de pluie. Dans de pareilles circonstances, les producteurs sont tout simplement à court d’options : l’utilisation de drones, si elle était permise, serait peut-être plus coûteuse, mais elle présenterait la seule solution possible au problème d’accès aux champs. L’option drone s’ajouterait à l’arsenal du producteur pour atténuer les aléas de la météo.

L’ARLA n’a pas encore pu trancher sur la sécurité de l’utilisation des drones pour l’application de pesticides parce que, jusqu’à maintenant, elle n’avait pas accès à des données expérimentales de suffisamment bonne qualité. Pour y remédier, des équipes de chercheurs ont mis en place des projets de recherche portant sur deux aspects de la sécurité de l’usage des pesticides : les résidus sur les produits cultivés et la dérive des produits lors de l’épandage.

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Le chercheur Martin Trudeau, du Centre de la lutte antiparasitaire d’Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC) à Saint-Jean-sur-Richelieu, a présenté aux Journées horticoles de Saint-Rémi son projet sur les résidus de pesticides. En 2023, lui et son équipe ont pu mener 12 essais à travers le Canada pour mesurer les résidus de produits antiparasitaires sur quatre cultures différentes après un épandage au moyen de drones. Le projet, toujours en cours, engage la participation d’AAC, de l’ARLA, de Transports Canada, de spécialistes en pulvérisation, de compagnies de pesticides et de fournisseurs de service de drone.

Les 12 essais comparent des applications par deux modèles de drones à une méthode conventionnelle dans le brocoli, la pomme, le pois et la vigne. Ces cultures sont représentatives d’un plus grand nombre de plantes comestibles et le but est d’inclure par extrapolation ces autres plantes dans l’applicabilité des résultats. Même chose pour les pesticides testés : ils ont aussi été sélectionnés dans l’objectif d’une extrapolation à un grand ensemble de produits.

Ailleurs, des études internationales sur la dérive des pesticides sont menées par l’OCDE parallèlement au projet sur les résidus de l’équipe de Martin Trudeau. Les résultats de tous ces projets devraient faire leur chemin à l’ARLA avant le début de 2025. Si tout va bien, l’agence devrait donc trancher sur l’utilisation des drones pour l’application de pesticides au plus tôt en 2025. Entretemps, les gros drones peuvent quand même servir pour les semis, l’application de fertilisants, et pour les lâchers d’insectes bénéfiques en lutte biologique.

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À PROPOS DE L'AUTEUR

Frédéric Jean

Frédéric Jean

Journaliste

Frédéric Jean est rédacteur agréé et consultant scientifique pour des projets de recherche et développement. Il développe à travers sa compagnie Canopée des systèmes d’épandage par drone pour la lutte biologique.